bdrmm, Dylan Dylan, Miki, Kaba & Hyas… Les sorties de la semaine
Chaque semaine de nouveaux projets, albums et EPs inondent les plateformes, et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Heureusement, on a repéré quelques pépites qui valent le détour. Voici notre sélection des sorties à ne pas manquer !
Oumeyma Aouzal et Siam Catrain
bdrmm – Microtonic
Bravo. De loin l’œuvre la plus aboutie du quatuor britannique. Dès le premier titre intitulé ‘goit’ – qui, au passage, signifie ‘stupide’ en anglais argotique –, bdrmm nous déstabilise en faisant intervenir Sydney Minsky-Sargeant (chanteur de Working Men’s Club) à la place de Ryan Smith. Mais si ce n’était que cela : conçu comme un pont avec I Don’t Know (2023), un pas déjà effectué vers des horizons plus électroniques, grâce entre autres à la rencontre avec Daniel Avery lors d’une tournée commune, Microtonic s’offre la possibilité d’explorer, d’être plus ambitieux et de se démarquer un peu plus de la masse (…)
Une chronique de Léa Formentel à retrouver en intégralité dans le Tsugi Mag n°178, dispo partout
Oscar Emch – Ma Voix
Producteur touche-à-tout et architecte du rnb nouvelle vague, qu’on avait déjà entendu sur quelques collaborations aux côtés entre autres d’aupinard, de Enchantée Julia ou de EDGE, Oscar Emch dévoile son premier album Ma Voix. Un condensé de groove organique, où la chaleur du funk croise l’introspection d’une soul moderne.
Guitares feutrées, basses bondissantes, harmonies ciselées : chaque morceau est un dialogue sincère entre vulnérabilité et assurance. Placé quelque part entre les influences de Frank Ocean, Mk.Gee ou Childish Gambino, Oscar transforme ses doutes en refrains entêtants et livre un album intime, doux et viscéralement musical.
ECHT ! – Boilerism
On avait déjà croisé les quatre Belges avec leur premier EP Douf (2019) et sur les albums INWANE (2021) puis Sink-Along (2023), venus consolider leur identité. ECHT ! revient aujourd’hui avec Boilerism, sans doute projet le plus radical à ce jour. Si leur signature bass-heavy reste intacte, Boilerism accélère le tempo et plonge tête la première dans des esthétiques club : breakbeats empruntés à la drum’n’bass, patterns rythmiques étirés façon footwork, lignes acidulées typiques de la TR-303, et une approche percussive inspirée du UK garage. Le son d’ECHT ! se densifie et se durcit : les grooves sont plus marqués, flirtant parfois avec la rigueur robotique d’une boîte à rythmes. Un projet donc taillé pour le live, qu’il nous tarde de découvrir sur scène.
Brö – Musique POUR LA TÊTE
On la connaissait rappeuse, à l’approche de la trentaine, la jeune femme s’épanouit davantage en chanteuse sur ces cinq titres où l’on passe d’un downtempo sensible (« Grande » ou « Pour la vie ») à du franchement dancefloor. Dans ce registre, on a bien kiffé le funky « 10 H » et la folle cavalcade quasi drum « J’aurais pu être une autre ». Au final, très classe.
Patrice Bardot
Miki – graou
Miki c’est une voix douce et droite, une écriture tranchante et une pop hybride qui s’infiltre partout. Ses chansons sont entêtantes, définitivement malignes, addictives et pleines de bonnes idées, en tendant souvent vers l’hyperpop. On croit parfois entendre Angèle (le phrasé, la voix du haut de gorge) ou FAUVE (en mieux, on rassure).
Elle sort graou, un EP qui gronde et qui claque, où elle tord la pop avec des prods ciselées et un flow entre chant et parlé, le tout survolé par des punchlines à la fois crues et désinvoltes. On connaissait plusieurs titres égrainés au fil des mois, d’autres qu’on avait découverts en live : coups de cœur toujours pour ‘cartoon sex’, ‘miki cowboy‘ (sans doute notre préféré) ou encore ‘motherlode’. Chaque track est un terrain de jeu où l’émotion frappe en pleine face.
JB Dunckel et Jonathan Fitoussi – Mirages II
Les retrouvailles de ce duo feront forcément moins de bruit que celles, survenues il y a quelques mois, de l’autre tandem dont fait partie Jean-Benoît Dunckel. On ne s’en étonnera pas. Qui oserait dire que Mirages fut aussi important que Moon Safari ou 10 000 Hz Legends ? Reste que Air incarne aujourd’hui le passé, se contentant de rejouer sur scène ses vieux titres, tandis que Jean-Benoît Dunckel et Jonathan Fitoussi ont donné une suite à leur premier album (Mirages, 2019) et qu’elle mérite le détour. « Le meilleur album que Air ne sortira plus jamais » a osé le magazine Gonzaï avec un brin de provoc (…)
Une chronique de Gérome Darmendrail à retrouver en intégralité dans le mag 178 de Tsugi
Darkside – Nothing
Quelle riche idée d’avoir inventé le skank. Ce motif rythmique mis au point en Jamaïque, notamment par le grand Prince Buster, au mitan des années 1960, est souvent présenté comme le marquage des contretemps par le piano et la guitare dans le reggae, alors qu’il s’agit en réalité de l’appui des deuxième et quatrième temps de la mesure.
Il a conquis le monde grâce à Jimmy Cliff puis, surtout, Bob Marley, avant que le dub et un nombre affolant d’artistes ne s’en emparent pour doter leurs productions d’une forme d’exotisme souvent mal placé. Pourtant, comme le prouve le morceau ‘SLAU‘ qui ouvre Nothing, ce nouvel et troisième album de Darkside, son utilisation est régulièrement savoureuse, se mélangeant à une multitude d’esthétiques de tous bords, et d’une efficacité absolument redoutable (…)
Une chronique de Brice Miclet à retrouver en intégralité dans le mag 178 de Tsugi
PAMELA – LIVE.SHIFT.DREAM
Énergie brute, liberté punk, sourire contagieux : ce n’est pas la devise de Pamela, mais bien son âme. Nourrie de large tranche de sons UK, Pamela est la passerelle entre Sam Sprent et Simon Quénéa, tous deux grands amateurs de ces saveurs brutes et électriques. Pour la célébrer comme il se doit, l’un prend le mic, l’autre se pose derrière batterie et synthés pour confectionner de parfaits hymnes britpop. De cette symbiose spontanée est né un EP : LIVE.SHIFT.DREAM.
Kaba & Hyas – Wooferz Only
Avec Wooferz Only, Kaba & Hyas prouvent qu’ils ont tout compris. Avec eux, le rap s’invite dans les raves UK et les soirées underground du Midwest. On disait que la réconciliation du rap et de la scène club était un fantasme ? C’était certainement avant d’entendre Wooferz Only.
En sept tracks, Kaba & Hyas passent d’un flow 2-step et de l’énergie électrique du UK Garage, à la frénésie de la ghetto techno et aux beats syncopés du juke et du footwork. Breakbeat et samples du Baltimore club s’invitent aussi à la fête. Et avec ce nouvel EP, la teuf rap reprend le contrôle du club.
———
Destiino – ii
Marre des journalistes musicaux qui disent encore qu’un single électronique sonne « un peu comme la BO d’un film de science-fiction » ? Mais pour ii de Destiino, promis, c’est exactement ça. « Yokohama » est le générique des aventures spatiales de cet intrigant alias de Yuksek. S’ensuit une myriade de péripéties, de l’exo-planète « Somlake » et sa végétation luxuriante à l’usine de programmation d’êtres androïdes « Pulsar« . Dans cette production, pas d’accroc. Le voyage de planète en planète se fait au rythme d’une house enjouée et de beats qui rayonnent. Joyeuse épopée, à ne pas retrouver sur vos écrans, mais peut-être dans la playlist de vos prochaines vacances.
Dylan Dylan – What More Do You Want ?!
Une surprise que cette arrivée de l’hyperactive productrice et DJ de Montpellier, fan des sons UK, sur un label spécialisé en deep house‐jazz. La preuve d’une ouverture d’esprit. Une mélancolie futuriste habite ces cinq tracks, comme un clin d’œil aux fameuses 90s, quand (presque) tout a commencé. C’est brillant, inspiré, et bien sûr dansant. Mention spéciale au Josh Winkesque ‘Natural High‘.
Patrice Bardot
Zombie Zombie – Funk Kraut
Le son, et rien d’autre. Fini les chants en latin et les univers space opera imaginés avec le grand Philippe Druillet. Le trio Zombie Zombie revient avec une formule plus terre à terre. À moins qu’elle ne soit plus cosmique encore. Tout est dans le titre, semble-t-il : un mélange de funk et de krautrock (lui-même déjà empreint de funk). Et le premier titre semble confirmer cette impression, avec même une tendance plus kraut que funk.
Mais le reste du disque laisse entendre d’autres couleurs : la synthwave, déjà constitutive du son du groupe, dans ‘Dodorian‘, ou le dub dans ‘Snare Attack’, et plus globalement une teinte électronique très marquée. En réalité, plus qu’un programme, il faut voir dans le titre une note d’intention : il n’y a dans ce disque que de la musique, sans références à quoi que ce soit d’autre.
Une chronique d’Antoine Gailhanou à retrouver en intégralité dans le mag 178 de Tsugi
Forest Swords – Bolted (Deconstructed)
Si certains se disent ‘déconstruits’, c’est qu’ils n’ont pas encore découvert Bolted (Deconstructed) de Forest Swords. Sur un semblant de simplicité, qui pourrait faire croire que le projet ne contient que cinq couches de pistes, Forest Sword -alias Matthew Barnes- livre une pépite ambient. Ici, pas de structure rythmique nette pour guider l’écoute, mais une dérive sensorielle où chaque texture semble suspendue dans le temps.
Héritier de la tradition ambient expérimentale, son travail évoque les explorations de William Basinski ou de Tim Hecker. Nappes d’orgue aux harmoniques brumeuses, synthétiseurs superposés : Bolted (Deconstructed) se présente comme une réinterprétation fragmentée de son dernier album. Ces 11 tracks sortent en soutien d’une collecte de fonds au profit des banques alimentaires de Liverpool, sa ville natale. Les beaux sons résonnent avec les belles actions.