Miki, avant et après son premier concert complet à Paris | INTERVIEW
En 3 titres sortis depuis cet été, Miki a piqué la curiosité du public. La faute à sa pop addictive qui se joue des frontières entre les genres. Après un passage aux Trans de Rennes, Miki vient d’assurer sa première « date solo » devant une salle complète, au Point Ephémère à Paris. L’occasion de lui poser quelques questions, avant et après ce moment symbolique.
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« jtm encore », « échec et mat », « cartoon sex ». Un trio de chansons révélées depuis cet été par Miki, Franco-Coréenne de 26 ans et qui a attisé la curiosité de nouveaux auditeurs ces derniers mois. Ajoutons à cela une excellente collab’ avec Metronomy sur le titre ‘Contact High’, qu’on a beaucoup écouté au printemps…
La pop de Miki est entêtante, carrément addictive et bourrée de bonnes idées, en tendant souvent vers l’hyperpop. Une date cruciale est vite arrivée : celle d’un concert au Point Ephémère. La billetterie s’est emballée, la salle s’est rapidement remplie. Avant et après ce concert symbolique pour le projet Miki, Tsugi a pu discuter avec la chanteuse.
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Salut Miki, ça a été ton passage aux Trans ?
« Les Trans c’était un objectif à atteindre avant le point Ephémère, un gros enjeu. Donc je ne le montrais peut-être pas, mais j’avais pas mal de pression. Je n’avais jamais joué dans une salle aussi grande (au Liberté, évidemment, ndr) avec un nouveau set-up… C’était un challenge mais j’ai adoré !
Comment se présente ton live au Point Ephémère, annoncé complet ?
C’est ma première date solo, alors je ne sais pas du tout de quoi a l’air mon public. Cela fait deux ans que je fais des concerts, où je testais des chansons, que je changeais à chaque concert… Et qui ne sont jamais sorties. Donc il y avait une énergie et une interaction différentes : je devais aller chercher le public qui découvrait les chansons. Au Point Ephémère, je m’attends à une autre dynamique. Je pense que ce sera juste du kiff.
En 3 chansons disséminées au fil des mois, tu as créé un premier engouement autour de ton travail. Quels retours tu as eus de la part du public ?
Franchement j’ai eu des réactions assez intenses, positives ou négatives. J’ai l’impression que pour beaucoup soit ils adorent, soit ils détestent, jusqu’au point de détester ceux qui aiment… Je préfère ça que de laisser indifférente, je suppose.
Je suis contente, parce que j’ai l’impression que les gens qui aiment ont pu capter l’émotion que j’ai essayé d’insuffler à travers mes chansons. C’est la ligne directrice inconsciente que je m’étais donnée lors de la création des morceaux. Alors ça me touche énormément.
C’est quoi d’ailleurs, cette ligne directrice ?
J’ai toujours voulu faire de la musique nostalgique d’un truc qu’on n’a jamais vécu. Et pouvoir voguer, surfer sur un côté dramatique, pour en même temps dédramatiser. Un sentiment hyper particulier. J’ai eu beaucoup de messages de gens qui m’ont parlé de ce sentiment-là, sans que j’aie eu à l’exprimer clairement.
Comment tu écris, comment tu composes ? Quel est le point de départ d’une de tes chansons ?
Depuis un an, je m’appuie surtout sur ce que j’écris dans mon carnet. J’écris le plus régulièrement possible et de la manière la plus simple, comme si je parlais à mes potes. J’essaie d’écrire une vérité par jour, de ce que j’observe, même si ça parait débile en l’écrivant. Au bout de quelques semaines-mois, je vois des patterns se dessiner. J’essaie de ne pas trop avoir de contrôle sur ce que je dis.
Un exemple pour l’illustrer ?
‘Échec et mat’, c’est vraiment ça : plein de petites phrases écrites au fil des mois, rassemblées par familles. « Je sors qu’avec des geeks ou des dealos, car je kiffe les mecs qui sont pas qu’addicts à moi » par exemple, je l’ai écrit comme ça, par assemblage ùais sans préméditation J’aime le fait que ces idées, qui ne sont pas nées au même moment, trouvent un sens une fois assemblées.
As-tu des role models, de grandes inspirations dans la musique ?
Vraiment, la plus grande c’est Caroline Polachek… Mais il y aussi Saya Gray, bassiste canado-japonaise : elle produit tout elle-même, elle compose, écrit et chante. Elle mélange les genres, elle sample du Bach et le rejoue à la basse. Son travail est instinctif, sa manière d’écrire donne l’impression que ce n’est pas sur-réfléchi. Et dans son interprétation c’est toujours très drama, j’adore.
Selon toi, qu’est-ce qui fait une bonne chanson ?
Pour moi, les bonnes chansons c’est comme les bons films. Ce n’est pas une somme de bons ingrédients, mais une œuvre qui a son écosystème, au-delà d’un aspect technique : il n’y a que dans cette chanson-là que tu retrouves une émotion précise. Quand une chanson crée une atmosphère qui lui appartient et impossible à reproduire.
Quel est ton rapport à la scène ?
Je fais des concerts depuis un peu plus de deux ans. Au début j’avais un univers très spatial, plein de transitions… Avec l’idée de performance technique. J’ai progressé dans ma manière de travailler, pour me rapprocher de la simplicité. Mes idées suffisent et je suis bien telle que je suis. Je n’ai plus besoin d’être une autre personne sur scène, donc ça dédramatise tout.
Vu que le Point Ephémère est annoncé complet, qu’est-ce qui prime : Hâte ou appréhension ?
Hyper hâte d’y être ! Bon j’avoue, il y a un son que je n’ai pas encore sur le bout des doigts, j’ai besoin de le répéter. Je vais essayer d’avoir conscience de la soirée, de profiter du moment.
Je ne me dis plus « je vais faire un show parfait et leur en mettre plein la gueule » mais plutôt « je vais être moi et on va s’éclater ». La plus fidèle à moi-même je serai, meilleur mon show sera. Pas grave si je rate un solo ou si je chante une fausse note. »
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Entre-temps, le fameux concert au Point Ephémère a eu lieu. Le premier live sold-out de Miki ‘en son nom’. En première partie, Chiara et NEMO en DJ-set préparent le terrain. En arrière-scène est écrit en énorme le mot ‘Graou’. Miki débarque sur scène et prend possessions des lieux : elle donne alors, pendant une bonne heure, un live qui laisse entrevoir un potentiel assez énorme. Malgré quelques couacs rapidement rattrapés, les chansons sont hyper efficaces, les textes sont spontantés les productions font souvent preuve d’audace : autant dans les boucles électroniques bien grasses que dans les pianos très clairs. Tout ça est intrigant et le public est conquis.
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Dans la fosse certains et certaines crient dès les premiers kicks. Des proches, famille et ami-es, parfois venus de loin. Mais le public est surtout composé de curieux, venus voir éclore un talent prometteur. La voix est droite, sans fausse note et Miki fait preuve d’une assurance étonnante : « ça s’appelle ‘Particule’ et ça parle d’un trou de balle qui est peut-être dans la salle ». Et en effet, suit une très bonne chanson (une parmi d’autres). Après une performance pleine de promesses qui ne demande qu’à pousser les murs, Miki quittera la scène sur un splendide « À plus dans le bus ».
Après le concert le lendemain, on a tenu à rapidement débriefer avec elle.
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Alors, comment as-tu vécu cette soirée ?
« C’est passé très vite, je n’ai pas eu le temps de prendre le temps ! Mais j’étais hyper contente de mes invités : en première partie Chiara et des DJ sets de Rosalie et NEMO, on a fait un tournoi de ping-pong pendant le DJ set… Ça a créé une ambiance assez unique, de bonnes ondes du début à la fin
Et le concert en lui-même ?
D’habitude, je suis assez à l’aise. Là je pense que j’étais prise par l’émotion. Pour moi c’était dingue. Y’avait des gens qui criaient mais comme des fou ça me faisait mourir de rire ! J’ai kiffé, j’ai tout donné. J’ai eu des petits problèmes techniques, je n’avais pas de clic pendant tout le concert mais écoute…
Justement sur les mini-couacs, tu as assez bien rebondi et le public était avec toi. Comment tu l’as ressenti ?
J’ai l’habitude d’avoir des couacs, mais ceux-là étaient inédits ! Je me suis dit « allez, on va faire avec ». L’important c’est que j’ai senti le soutien du public. J’ai vu des gens de la famille qui sont venus de partout, des amis aussi… Ça m’a fait chaud au cœur.
Tu as pu avoir des retours, tu es allée au merch ?
Oui je suis allée au merch, certains me connaissaient depuis longtemps d’autres me découvraient, et tous ont l’air d’avoir kiffé le fait que je sois détendue sur scène. Une impression qu’on était vraiment ensemble, le public et moi. C’était assez unique !
J’ai hâte pour la suite, de continuer à faire évoluer le projet, de proposer des activités insolites pendant mes concerts (comme le tournoi de ping-pong organisé sur le tas ce soir-là, après le live) et de rencontrer de nouveaux publics. »
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Alors, pourquoi ne pas aller vérifier ça directement à la Gaité Lyrique en mars ? Ah, c’est déjà complet.
Bonne nouvelle, Miki a annoncé une date à l’Olympia le 10 octobre prochain.
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