Rennes: « violences, intimidations, gazages » au 1988 club [UPDATE]
Des tensions ont débouché sur des violences à Rennes ce samedi 8 mars 2025. Alors que des centaines de ravers-raveuses étaient réunis pour un événement antifasciste dans l’ex-bâtiment désaffecté du Cinéville, lui même situé au-dessus du 1988 Live Club, des agents de sécurité du club ainsi que leur chef Yovan Delourme surnommé le Jarl ont commis des violences : c’est ce que décrit l’Union Pirate Rennes dans un communiqué, qui dénonce également une complicité de la police locale.
Dans la nuit de samedi à dimanche à Rennes, précisément sur la dalle de Colombier, des violences ont eu lieu autour de l’ex-Cinéville et du 1988 Live Club, entre des raveurs rassemblés pour une fête « antifasciste et gratuite » et les agents du 1988, menés par leur chef Yovan Delourme dit le Jarl. Le syndicat Union Pirates Rennes a notamment publié un communiqué.
Depuis, des vidéos des événements ont circulé ; Yovan Delourme a également donné sa version des faits, notamment au micro d’Europe 1.
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« Dans la nuit du samedi 8 mars, Rennes a été le théâtre d’une répression brutale et inacceptable. Etait organisée une fête autonome, populaire et antifasciste dans le bâtiment désaffecté du Cinéville sur la place du Colombier (…) Ce qui devait être une simple fête populaire antiraciste, ouverte et gratuite, s’est transformé en une scène de violences choquantes, orchestrée par les agents de sécurité de la boîte de nuit le 1988, sous les ordres de leur chef Jarl, et sous le regard complice des forces de l’ordre ».
Union Pirate profite du communiqué pour faire un rappel : « Yovan Delourme alias le Jarl est un influenceur d’extrême-droite, candidat suppléant pour Zemmour, soutien public au collectif Némésis largement relayé par les médias de Bolloré »
« Charges, plaquages au sol, coups, étranglements »
Le communiqué dénonce dans le même temps un laisser-faire, mais également une complicité de la part de la police locale présente sur les lieux : « elle a laissé faire. Pire encore, certains policiers ont eux-même gazé des passants à bout portant, sans raison apparente. De nombreux blessés étaient alors déplorés »
Dans son communiqué, UP affirme que « la police a aidé ces agents à maintenir enfermés les centaines de jeunes dans le bâtiment » avant d’enchaîner : « ces mêmes agents, remplacés par la police nationale devant le bâtiment, ont pénétré dans l’ancien cinéville désaffecté pour y répandre du gaz lacrymogène, transformant le bâtiment en piège asphyxiant ». Les personnes ayant réussi à sortir du bâtiment auraient, selon Union Pirate « été accueillies par une pluie de grenades lacrymogènes, tirées par la police à l’extérieur du bâtiment. » Puis dénonce des « charges, plaquages au sol, coups, étranglements, gazages à bout portant ».
Union Pirate y relate notamment qu’un homme a été violenté par « deux agents agenouillés sur son dos », et que plusieurs personnes ont été gazées « à bout portant » (vidéos ci-dessous). Les téléphones des personnes présentes ont selon eux été « arrachés, brisés ou subtilisés afin d’empêcher toute captation des événements. »
Différentes versions, déclarations et vidéos 1988
Les deux versions de la même histoire s’opposent, notamment sur les réseaux sociaux et dans les médias. Malgré l’apparente confiscation des téléphones portables décrite par Union Pirate, plusieurs vidéos (ci-dessous) des événements ont circulé, en particulier sur X.
🔴🎥 Alors qu’une soirée gratuite
s’était installée à côté de la boîte
1988. Les agents du 1988 menés par le Jarl ont commencé à tabasser et poursuivre des passant•es en gazant, frappant et exécutant des clées d’étranglements potentiellement mortelles en toute illégalité ! pic.twitter.com/0fqzYs0Zp6— Union Pirate, le syndicat étudiant de Rennes 2 (@UnionPirate) March 9, 2025
Salut Yovan !
Oui, j’étais devant le bâtiment pour filmer les violences que toi et tes agents étiez en train de commettre. Tu sais, juste avant que tu envoies tes agents attraper mon téléphone ?
Dommage pour toi, ils n’ont pas réussi. Et maintenant les vidéos tournent partout:) https://t.co/0qg8xlWpeA pic.twitter.com/cE6lwQZMYR
— Gautier Langlois 🔻 ⏚ (@GautierLangloi1) March 9, 2025
De son coté, le Jarl poste sa version des faits sur son compte Instagram et répond que la soirée était non-autorisée, que les raveurs « n’avaient pas le droit d’être là ». Yovan Delourme et ses équipes déclarent être intervenus pour empêcher un événement non autorisé dans le lieu privé, en invoquant des « préoccupations liées à la sécurité et l’ordre public. »
Interrogé au micro d’Europe 1, Yovan Delourme se félicite d’avoir « réussi tout seul ce que la police n’arrivait pas à faire » :
« On a réussi à faire tout seul sans blessés ce que la police n’arrivait pas à faire », réagit @le_jarl, influenceur, directeur sécurité d’un établissement de nuit à Rennes et auteur de « Ça va mal finir », à la polémique dans #Europe1SoirWE avec @PascaledeLaTour sur #Europe1 pic.twitter.com/Vm1djy4fwc
— Europe 1 (@Europe1) March 9, 2025
Union Pirate Rennes dénonce entre autres la violence des agents de sécurité du 1988, la « complicité et la passivité » de la police, l’absence de prise en charge des blessés et le silence de la mairie face aux « tentatives de contacter l’élu d’astreinte ». Le syndicat exige ‘des sanctions immédiates’ et la fermzeture administrative du 1988, et saisit également le CNAPS pour demander le retrait d’autorisation d’exercés à Yovan Delourme alias le Jarl, ainsi qu’aux agents concernés.
Enfin Union Pirate appelle la préfecture, la mairie de Rennes et le ministre de l’Intérieur à réagir. Depuis des mois, un appel au Boycott du 1988 est lancé et les nombreux collectifs rennais appellent à ne plus jouer dans cet établissement. Le club est toujours concerné par une procédure d’expropriation
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[MISE À JOUR]
Depuis les événements du week-end, il y a eu du nouveau. Yovan Delourme alias Le Jarl a été condamné en appel ce lundi 10 mars par la cour d’appel de Rennes. Il est reconnu coupable de ‘pratiques commerciales trompeuses’, lui qui se présentait comme professeur de MMA sans diplôme. La sanction est une amende de 5000 euros assortie à une double interdiction : celle d’exercer en tant que coach sportif pendant 3 ans, et interdiction de gérer une entreprise, comme l’a affirmé Le Télégramme.
Ensuite, le club 1988 ferme ses portes temporairement. C’est ce qu’a annoncé ce jeudi son dirigeant Sébastien Betin, via un communiqué : « Ma décision est motivée par le souhait de protéger mes clients, mon personnel, et de sécuriser les lieux ». Le club est dores et déjà fermé pour le week-end, et le reste jusqu’à nouvel ordre.