Octobre est bientôt là, et avec lui le froid : voilà de quoi vous réchauffer. Cette semaine on a le club international de Boukan Records, la techno electronica de Romane Santarelli, les rythmes industriels de Hedo Hydr8, l’ambient d’Aphex Twin réédité, la pop 80’s de Doja Cat, mais aussi Purity Ring, Born Idiot et Illa.
Boukan Records – 7 Y.O Compilation Vol.1
Cela fait maintenant sept ans que Boukan Records existe. Sept années durant lesquelles le label mené par Bamao Yendé s’est inscrit dans ce réseau qui relie l’underground de Paris, São Paulo, Lisbonne, Londres, entre UK funky, batida, baile funk, house, ghetto tech, latin core ou encore R&B.
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Pour fêter cet anniversaire, Boukan sort une série de compilations, la première aujourd’hui. On y retrouve toute une longue liste d’invités qui s’inscrivent dans l’identité du label : évidemment Bamao Yendé, mais aussi BJF, DJ Davida, Clara!, Brodinski… le tout avec des tracks qui mélangent les genres.
« Target », commence comme un titre Gqom — ce genre d’Afrique du Sud — avant d’y rajouter une couche bouyon. « NASTYY » est délicieusement breaké tandis que « Attraction » semble être du UK Garage avec une rythmique évoquant les clubs d’Amérique du Sud, style latincore ou speed dembow. Conclusion ? On attend déjà les prochaines compil’ !
Par Bastien Laurent
Born Idiot – Infinite Life Trauma
Après quatre ans de silence consacrés à leurs aventures personnelles, les Rennais de Born Idiot reviennent avec un nouvel album qui leur ressemble, enrichi d’un grain de maturité.
Écrit et composé dès 2021, le projet trouve aujourd’hui tout son sens. Pensé comme une ode à la fin du monde portée par des mélodies lumineuses et des refrains pop, il explore avec cynisme, nostalgie et mélancolie les affres d’un monde qui tombe en ruines.
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On retrouve ici l’effet chorus cher au groupe, accompagné de claviers kitschs et des riffs de guitare acérés qui font leur identité. Si certains titres sont plutôt orientés pop indépendante, d’autres assument plus franchement leur filiation indie-rock — une orientation encore plus marquée lorsque le groupe réarrange ses titres sur scène. On retient particulièrement l’authenticité douce-amère d’ « Infinite Life Trauma », les envolées épiques de guitares électriques et des claviers dans « Harvey Wind », en boucle dans nos oreilles depuis deux semaines.
Initialement pensé sous le nom de The Last Bisou, l’album s’est finalement vu baptiser Infinite Life Trauma. Choix qui, sans être plus optimiste, ouvre finalement la porte à une suite.
Par Gil Martel
Hedo Hydr8 – Werkshop
Après plusieurs mixes pour Rinse FM et une collaboration avec le label portugais XXIII, Hedo Hydr8 décide de livrer sa version de la musique du futur entre rythmes club style baile funk et sonorités abrasives en mode Iglooghost. La Copenhaguoise a soudé entre eux les grooves les plus industriels possibles pour en extraire l’essence dansante. C’est industriel, mais on danse !
Si le titre d’intro « Ultra Driver » est de la techno, « Aluma Bright » se dirige vers le UK Garage, tandis que « Baleigh Funk » donne une couleur brésilienne à ces bruits mécaniques. Une deuxième version du titre est également présente sur le disque, encore plus explosive et déconstruite. C’est extatique, nerveux — le club rencontre la musique expérimentale, et on aime ça.
Par Bastien Laurent
Romane Santarelli – OK:KO
Au XVIIe siècle, le philosophe néerlando-portugais Baruch Spinoza définissait la notion de joie par l’augmentation de la puissance d’agir comme un état permettant à l’humain de passer d’une moindre perfection à une plus grande. Il y a de la joie, au sens spinozien du terme, dans le deuxième album de Romane Santarelli, intitulé OK:KO.
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Un optimisme audible dès les premières notes de synthétiseurs, dès les premières nappes, annonciatrices d’un disque dans lequel la productrice française s’adonne à une petite célébration sonore. Foncièrement électronique, ce second effort tranche avec les belles errances de son prédécesseur, Cosmo Safari, qui avait placé son autrice sur la carte des musiques assistées par machines et l’avait vue tourner dans un paquet de salles et de festivals depuis 2022. […]
La suite de cet article à retrouver dans le Tsugi Magazine n°183
Par Brice Miclet
Purity Ring – Purity Ring
Pour leur quatrième album éponyme, Purity Ring puise son inspiration dans l’univers des jeux vidéo, de Zelda à Final Fantasy, pour bâtir un paysage sonore immersif et onirique. Les alter-ego de Megan James et Corin Roddick y partent dans une grande quête initiatique pour construire un monde utopique.
Les morceaux « many lives », « between you and shadows » ou encore « broken well » se déroulent sur des rythmes drum’n’bass effrénés tandis que « place of my own », premier single du disque, mise sur des envolées de synthés euphoriques qui irriguent ensuite l’ensemble des treize titres. Le tout est accompagné de la voix éthérée de Megan James, qui évoque souvent celle d’Oklou.
Loin d’être linéaire, l’album s’autorise des respirations comme l’interlude au piano « mj odyssey », qui semble suspendre le temps. Résultat, on en veut encore.
Gil Martel
Aphex Twin – Surfing on Sine Waves (Expended Edition)
Surfing on Sine Waves est une réédition d’un disque datant de 1993, publiée à l’époque sous le pseudonyme Polygon Window. Cette version étendue inclut l’EP Qoth, publié sous le même pseudo. Pour vous situer, on est encore au début de la carrière d’Aphex Twin, puisque Selected Ambient Works 85-92 sortait en 1992.
Comme l’indique la pochette, qui montre une plage du Cornwall natal de l’artiste, on se situe dans un registre méditatif, voire angoissant ; mais une plénitude se situant au milieu d’une rave party plutôt qu’au sommet d’une montagne. Et les inédits contribuent au caractère surréaliste du disque.
« Qoth » est là pour taper dur, avec ses percussions distordues, et « Untitled » peut évoquer « Da Funk » des Daft Punk, version trip. Coup de cœur pour « Bike Pump Meets Bucket », qui ressemble à « Take Five » de Dave Brubeck sur une instrumentale trap avant l’heure. Une belle réédition pour un disque un peu moins connu des (très) nombreux projets de l’Anglais.
Par Bastien Laurent
Illa – Rodéo
Avec son EP intitulé Rodéo, Illa confirme sa place dans l’univers de la bedroom pop. À la fois autrice, compositrice et interprète, elle a façonné ce troisième projet à son image et autour des thèmes qui lui sont chers. Elle explore les ruptures amoureuses dans « En silence » , les violences conjugales dans « Radio Lune » et clôt l’EP avec « Mes larmes », (notre favori) qui aborde la ségrégation raciale et l’esclavage. Le tout prend forme sur des mélodies oscillant parfois entre indie-pop et folk intime. Dans « Nadré », Illa convoque même son héritage en chantant un refrain en béthé, dialecte ivoirien, témoignage de la dimension très personnelle de son projet. Bref, on recommande chaudement.
Par Gil Martel
Doja Cat – Vie
Doja Cat est la dernière artiste en date à se tourner vers les années 1980 pour réinventer sa musique. La nostalgie inspire toujours. Sur Vie, on se promène en roller sur les plages de Miami avec du Giorgio Moroder dans le walkman, avant de faire un détour par Minneapolis et son funk synthétique.
Une direction artistique qui contraste fortement avec Scarlet, son album de 2023 d’où était tiré le single « Paint the Town Red« , aux teintes très rap. Mais ce disque tranchait déjà avec le précédent, Planet Her (2021), pop et glossy. Vie arrive à trouver le meilleur des deux mondes, avec des hooks accrocheurs et des parties rappées qui débordent de charisme – avec toujours le décalage qui lui est propre à la chanteuse. Comme elle le dit sur « Stranger » : « Je pense que c’est le plus bizarre qui survit à la fin« .
Par Bastien Laurent