D’Angelo : 5 morceaux pour (re)découvrir la légende de la soul 

par | 15 10 2025 | news

Le chanteur et multi-instrumentiste D’Angelo nous a quittés des suites d’un cancer du pancréas, ce 14 octobre. Afin de rendre hommage à l’un des plus grands noms de la musique afro-américaine, retour sur cinq morceaux ayant marqué la carrière du chanteur.  

Michael Eugene Carter a redéfini la musique soul de la fin des années 90. Il lègue Brown Sugar, Voodoo et Black Messiah, trois albums fantastiques montrant la diversité et la complexité d’un artiste constamment en quête d’innovation.

« Brown Sugar » dans Brown Sugar

En 1995, Brown Sugar sort et c’est un raz-de-marée. Le premier album solo de D’Angelo pose les bases de ce qu’on appellera la néo-soul, style musical hybride mêlant la soul des années 70 à des influences jazz, funk, hip-hop et R&B. Un néologisme peu apprécié par D’Angelo, qui déclarera au New York Times faire avant tout de la “musique noire”.

L’album s’ouvre par le morceau “Brown Sugar”, un storytelling autour d’une femme que D’Angelo a rencontrée à Philadelphie et qui l’obsède depuis. Il y met à profit ses qualités musicales, puisqu’il compose intégralement les accords du Fender Rhodes, clavier électronique typique des années 1970. La suite de l’album est à l’image de ce titre : romantique et sensuelle. Seule exception : “Shit, damn, motherfucker” racontant cette fois-ci l’histoire d’un homme qui découvre sa femme dans le lit de son meilleur ami. Spoiler alert : ça se termine mal. 

« Lady » dans Brown Sugar

“Lady” s’impose comme l’un des tubes de Brown Sugar. Cinq minutes de pure sensualité où D’Angelo clame son amour sur une basse envoûtante. Le morceau a originellement été écrit par Raphael Saadiq pour son groupe Tony! Toni! Toné! qui n’en veut pas. 

Quatre ans plus tard, D’Angelo s’en empare. “Je lui tournais le dos quand il a commencé à jouer du clavier. Je me suis retourné et j’ai pensé : « Waouh ! » J’étais bluffé. Plus tard, je me souviens que D’Angelo voulait chanter lui-même les choeurs. À l’époque, le studio était dans mon garage à Sacramento, alors je suis parti ; à mon retour, je n’en revenais pas de ce qu’il avait fait. C’était incroyable comme ça sonnait bien.” se souvient Raphael Saadiq pour Genius. La légende dit que D’Angelo détestait ce morceau, jugé trop “pop” à son goût avant que certains fans ne lui dévoilent qu’ils avaient conçu leur bébé, en grande partie, grâce à lui. 

“Devil’s Pie” dans Voodoo

Cinq ans après avoir sorti Brown Sugar, qui a fait de lui une star, D’Angelo est désenchanté. L’industrie de la musique veut qu’il poursuivre sur la lignée de son premier album, mais il veut produire un disque expérimental. Un son qui rendrait hommage aux plus grands… – de Stevie Wonder à Sly Stone en passant par James Brown – et qui aurait une approche moderne. Pour cela, il s’entoure de Questlove, batteur du groupe The Roots, J.Dilla, Erykah Badu ou encore Common qui formeront avec lui le collectif Soulquarians.

De ces expérimentations musicales, naît Voodoo un album au groove funk et aux sonorités hip-hop. On y trouve le morceau “Devil’s pie”. Produit par le légendaire DJ Premier, c’est une diatribe contre l’industrie de la musique et le culte de l’argent : “Watch us all stand in line/For a slice of the devil’s pie” (Regardez nous nous mettre en ligne/Pour obtenir une part de gâteau du diable).

« Untitled (How does it feel) » dans Voodoo

À sa sortie, “Untitled (How does it feel)” fait couler beaucoup d’encre. Pas pour sa musique – pourtant remarquable – : sept minutes de tension sexuelle n’ayant rien à envier à “Lady”, mais plutôt pour son clip. Sur un fond noir dépouillé, D’Angelo apparaît entièrement nu, chantant face caméra et recevant une fellation avant de finir en extase le front suant. Une vidéo iconique qui fera du chanteur un sex-symbol.

Conçu avec Raphael Saadiq, le morceau rend hommage aux ballades langoureuses que Prince concevait dans les années 1980. Il obtient le Grammy pour la meilleure performance vocale masculine R&B. On vous remet le clip, au cas où. 

« Another Life » dans Black Messiah

En 2014, D’Angelo fait son grand retour sur la scène musicale avec Black Messiah, un album qu’il a commencé à composer en 2005. Depuis Voodoo, le chanteur a vécu de nombreux problèmes personnels : les addictions à la drogue et l’alcool et la perte de certains proches. Des thèmes qu’il aborde sur cet album encore une fois expérimental.

Sorti pendant le mouvement “Black Lives Matter”, Black Messiah est aussi plus politique, apparaissant comme une ode à l’histoire de la musique afro-américaine. D’Angelo ne perd pas pour autant son romantisme, comme sur le morceau “Another Life”, composé avec Questlove et Kendra Foster