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Artwork de "Energy"
22 septembre 2020

Album du mois : Disclosure

par Gérôme Darmendrail

Chronique de l’album Energy de Disclosure par Gérôme Darmendrail, publiée dans le Tsugi 133 (sept 2020).

Artwork de « Energy »

En 2014, Simon Ratcliffe, moitié de Basement Jaxx, alors en pleine promotion du cinquième album de son groupe, avait estimé que Disclosure était le digne héritier du duo londonien. Une comparaison pas totalement infondée, mais qui pouvait sembler exagérée et s’apparenter surtout à une tentative de récupération de la part des Jaxx, alors en perte de vitesse. Le premier album de Disclosure, Settle, venait de faire un carton public et critique avec sa formule hybride entre house et UK garage, et Guy et Howard Lawrence, la fratrie à la tête de Disclosure, ne lui a jamais retourné le compliment, citant au gré des interviews un large panel d’influences allant de Stevie Wonder à Zed Bias, en passant par Michael Jackson, Kate Bush, J Dilla, Todd Edwards ou Joy Orbison.

Influence inconsciente ou non avouée, il sera en revanche difficile de ne pas penser aux Basement Jaxx à l’écoute du troisième album de Disclosure, Energy, dont la proximité saute aux oreilles dès le premier morceau, « Watch Your Step », titre house agité et légèrement débraillé, dont même le featuring, une Kelis ramenée d’entre les limbes, paraît avoir été emprunté à ses aînés. Si le reste du disque n’a pas forcément d’accents aussi « jaxxiens », cette ouverture donne le ton d’un disque dont l’intitulé n’est pas une vaine promesse. Le duo anglais affirme qu’il l’aurait trouvé au moment d’empaqueter son œuvre, comme une évidence par rapport à son contenu, remuant, tranchant avec son prédécesseur, l’oubliable et déjà oublié Caracal, sorti il y a cinq ans. Ce dernier n’avait pas échappé aux écueils du difficile second album qui vient après un premier album à succès : abondance d’invités bankables et tentative de se répéter, mais en plus pop. Les critiques furent mitigées, même si commercialement ce fut loin d’être un échec.

Disclosure s’est depuis réorienté vers un son plus dancefloor, à travers quelques maxis efficaces et donc Energy, qui s’inscrit dans cette même lignée. Une forme de retour aux fondamentaux, de l’aveu de leurs auteurs, qui auraient, pour le concevoir, produit plus de 200 morceaux en trois ans, n’en retenant au final que onze, dont deux interludes. Du prêt-à-danser de qualité, faisant étalage de tout leur savoir-faire en la matière. « Douha », tube afro-house en puissance, rappelle ainsi le single « Ultimatum », sorti il y a deux ans, sur lequel Fatouma Diawara posait déjà sa voix. Autre tube évident, « Energy » résonne comme « When A Fire Starts To Burn », présent sur le premier album, samplant une nouvelle fois un sermon du pasteur américain Eric Thomas pour l’apposer sur de frénétiques percussions. Quant à l’élégant « Who Knew ? », il ramène à l’héritage 2 step du duo. Dans la version deluxe de l’album, on retrouve d’ailleurs MJ Cole au remix d’un morceau (« Birthday »). Mais comme souvent chez Disclosure, ce n’est pas parce que les références au passé sont palpables qu’il n’en ressort pas une impressionnante impression de fraîcheur.

Artiste : Disclosure
Album : Energy
Label : PMR/Island/Universal
Date de sortie : 28/08/2020
Bandcamp

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