💿 Album du mois : Irène Drésel, gourou de la techno
C’est l’album du mois du TsuÂgi 142 : Kinky DogÂma d’Irène DrĂ©sel, sorÂti chez Room Records.
Chronique issue du TsuÂgi 142 : MUSIQUE & DROGUE, hisÂtoires stupĂ©ÂfiÂantes, disponible en kiosque et en ligne.
“Soyez les bienÂvenus” : ces trois mots, rĂ©sonÂnant en Ă©cho dès les preÂmières secÂonÂdes de l’album, paraisÂsent si simÂples mais rĂ©suÂment Ă eux seuls tout le voyÂage qui est sur le point de dĂ©buter. Ils ne vous rapÂpelÂlent rien, vous ĂŞtes sĂ»rs ? Non, ce n’est pas FIP. Non, ce n’est pas de l’ASMR. Non, ce n’est pas la voix d’une hĂ´tesse de l’air vous accueilÂlant sur un vol Paris-Los AngeÂles. Ă€ l’image de MidÂsomÂmar, ce film dans lequel une cĂ©rĂ©Âmonie suĂ©Âdoise pour le solÂstice d’étĂ© tourne (très) mal, Irène DrĂ©sel vous accueille Ă bord d’un voyÂage envoĂ»Âtant. En rĂ©flĂ©chissant deux secÂonÂdes Ă l’univers de la proÂducÂtrice, qualÂiÂfiĂ© de “techÂno floÂrale” Ă de (trop) nomÂbreuses reprisÂes, il n’y avait pas plus logique comme suite Ă Hyper Cristal. Rien qu’en regarÂdant la pochette, grandeÂment inspirĂ©e par le long-mĂ©trage d’Ari Aster, on voit Ă quel point cela se marie avec ce qu’on conÂnaĂ®t de ses lives en peignoir satinĂ©.
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ArtÂwork
Comme une gourou de la techÂno, pieds nus dans un champ de fleurs, elle vous crĂ©e un chemin vers son antre de lumière. PrĂ©parez-vous, le voyÂage dure près d’une heure et sept minÂutes. Ça peut parÂfois rebuter, ça peut faire peur, mais, honÂnĂŞteÂment, tout est telleÂment maĂ®trisĂ© qu’on ne voit pas le temps passÂer. Il faut remerciÂer les boucles proÂgresÂsives, de plus en plus envoĂ»Âtantes et les perÂcusÂsions, de plus en plus retenÂtisÂsantes. Grâce Ă ce savant mĂ©lange, les titres deviÂenÂnent rĂ©elleÂment entĂŞÂtants, au point qu’il arrive de conÂtinÂuer Ă les entenÂdre après coup. On va se couchÂer, on fait sa vaisÂselle, on prend le bus, mais ça rĂ©sonne encore, ancrĂ© en nous. “Vestale” en est l’exemple le plus frapÂpant : avec ses rires Ă peine perÂcepÂtiÂbles, les murÂmures sont en fait le titre du morceau prononÂcĂ© Ă l’envers, comme la musique au cours de la cĂ©rĂ©Âmonie masquĂ©e dans Eyes Wide Shut, dernier film de StanÂley Kubrick. Oui, encore un film bizarroĂŻde aux ritÂuels dĂ©rangeants !

©Sacha Vatkovic
Ă€ notÂer : si nous en savons autant sur les inspiÂraÂtions derÂrière Kinky DogÂma, c’est grâce Ă un dossier de 63 pages (!) incluÂant influÂences artisÂtiques, expliÂcaÂtions titre par titre et narÂraÂtions des prochains clips. Les Beaux-Arts, ça ne s’oublie pas ! Mais pas besoin de grands mots pour se laissÂer hapÂper par cet univers Ă la croisĂ©e du sacrĂ© et du paĂŻen. Il n’y a qu’à ferÂmer les yeux, lâchÂer prise et se laissÂer emporter. Les bases ont Ă©tĂ© posĂ©es dès le dĂ©part : vous ĂŞtes les bienÂvenus et vous serez vraiÂment bien accomÂpaÂgÂnĂ©s tout au long du voyÂage. Mais ça veut dire quoi tout ça ? Adieu la techÂno floÂrale, place Ă la techÂno enchanterÂesse ? Et si on arrĂŞÂtait les qualÂiÂfiÂcatÂifs et qu’on se laisÂsait plutĂ´t envoĂ»ter, tout simÂpleÂment ? Chaque voyÂage est unique, le vĂ´tre sera difÂfĂ©rent de celui de votre voisin de bord et c’est ça qui en fait toute sa force. Patience, vous serez bienÂtĂ´t aux cĂ´tĂ©s des autres fidèles pour pouÂvoir cĂ©lĂ©brÂer tout ça en live au grĂ© des lumières nocÂturnes. AttenÂtion, lĂ , pas quesÂtion de cadavre brĂ»lĂ© vif dans un cosÂtume d’ours, seuleÂment du tapage de pied intempestif.
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