đż Album du mois : Ross From Friends, sur les dancefloors anglais comme si on y Ă©tait
Ross From Friends sort, ce vendredi 22 octobre, Tread. Un second album cohĂ©rent et Ă©quilibrĂ© qui rend hommage aux fĂȘtes londoniennes de sa jeunesse.Â
Chronique issue du Tsugi 144 : Voyage sur la planÚte ambient, disponible en kiosque et à la commande en ligne.
![](https://www.tsugi.fr/2023/wp-content/uploads/2021/10/a0751377172-10.jpeg)
Artwork
Les musiques Ă©lectroniques Ă©tant souvent avares en paroles, un descriptif est parfois nĂ©cessaire pour comprendre la thĂ©matique dâun album qui nâa pas simplement trait Ă lâhĂ©donisme ou Ă lâobservation des friches industrielles. Sans avoir lu dâinterview de lâintĂ©ressĂ©, difficile par exemple de saisir que le premier album de Ross From Friends, sorti il y a trois ans, avait pour objectif de rendre hommage Ă ses parents, travellers qui avaient parcouru lâEurope en van durant leur jeunesse, transbahutant leur sound system dans des squats afin de jouer de la Hi-NRG. Si au moins on y avait entendu de la Hi-NRG, cela aurait aidĂ©, mais le fiston avait prĂ©fĂ©rĂ© verser dans la deep house et le downtempo vaporeux. La rĂ©flexion derriĂšre son second album sera en revanche plus facilement perceptible Ă lâoreille. Elle a Ă©mergĂ© en pĂ©riode de confinement, lorsque comme tant dâautres, Felix Weatherall (aucun lien de parentĂ© avec Andrew) sâest retrouvĂ© subitement coincĂ© chez lui, dans le sud de Londres. Ătant un garçon enclin Ă la nostalgie, lâabsence de soirĂ©es lui a alors rappelĂ© les fĂȘtes auxquelles il avait participĂ© dans le quartier durant sa jeunesse (pas si lointaine, il nâa que 28 ans) et lâa motivĂ© Ă se lancer dans la conception dâun album qui renouerait avec cet esprit, et tĂ©moignerait de celui de son environnement proche, et tant quâĂ faire de tout le sud de Londres.Â
Ă lire Ă©galement
Ross From Friends lance son propre label : un premier track en Ă©coute
âFamily Portraitâ, dans lâintimitĂ© de Ross From Friends
Ăa tombe bien, cette zone gĂ©ographique est Ă lâorigine de beaucoup de choses trĂšs intĂ©ressantes pour la musique depuis une vingtaine dâannĂ©es : le UK garage, le dubstep, Burial, Skream, Four Tet, Jamie xx ou Joy Orbison. Des rĂ©fĂ©rences auxquelles on pensera naturellement Ă lâĂ©coute de ce disque trĂšs anglais, teintĂ© dâune pointe de mĂ©lancolie, mais gardant un Ćil sur le dancefloor, entraĂźnĂ© par des nappes limpides, des boucles un peu trance, des vocaux cutĂ©s et des rythmiques saccadĂ©es, souvent 2-step. Un disque que Joy Orbison aurait sans doute pu produire sâil nâavait dĂ©cidĂ© de prendre une direction plus contemplative pour son premier album sorti en aoĂ»t dernier. Il faut reconnaĂźtre aussi quâon nâattendait pas forcĂ©ment Ross From Friends sur ce terrain. Non pas quâil ait eu un long chemin Ă parcourir pour le rejoindre, mais jusquâĂ prĂ©sent, il sâĂ©tait surtout illustrĂ© dans le domaine de la house, voire de la lo-fi house, Ă©phĂ©mĂšre courant musical dont il fut catapultĂ© tĂȘte de gondole dĂšs ses dĂ©buts, au mitan des annĂ©es 2010, sur la foi de productions rudimentaires et dâun pseudonyme absurde quâon pouvait facilement relier Ă ceux de DJ Boring et DJ Seinfeld, autres producteurs portĂ©s sur ce type de sonoritĂ©s. Sâil a tentĂ© de sâen dĂ©tacher et dâĂ©largir son spectre musical au moment de son premier album, les attaches lo-fi Ă©taient encore lĂ . Il faudra dĂ©sormais tendre lâoreille pour en trouver trace. Ce quâil nâa pas perdu par contre, câest son sens de la mĂ©lodie, qui fait ici des merveilles, mis en valeur par un disque cohĂ©rent et Ă©quilibrĂ©, impeccable dâun bout Ă lâautre.
â
- le 3/11 @ lâAĂ©ronef Ă Lille
- le 4/11 @ Trabendo Ă Paris
- le 5/11 @ Sucre Ă Lyon