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22 octobre 2021

💿 Album du mois : Ross From Friends, sur les dancefloors anglais comme si on y Ă©tait

par GĂ©rĂŽme Darmendrail

Ross From Friends sort, ce vendredi 22 octobre, Tread. Un second album cohĂ©rent et Ă©quilibrĂ© qui rend hommage aux fĂȘtes londoniennes de sa jeunesse. 

Chronique issue du Tsugi 144 : Voyage sur la planÚte ambient, disponible en kiosque et à la commande en ligne.

Artwork

Les musiques Ă©lectroniques Ă©tant souvent avares en paroles, un descriptif est parfois nĂ©cessaire pour comprendre la thĂ©matique d’un album qui n’a pas simplement trait Ă  l’hĂ©donisme ou Ă  l’observation des friches industrielles. Sans avoir lu d’interview de l’intĂ©ressĂ©, difficile par exemple de saisir que le premier album de Ross From Friends, sorti il y a trois ans, avait pour objectif de rendre hommage Ă  ses parents, travellers qui avaient parcouru l’Europe en van durant leur jeunesse, transbahutant leur sound system dans des squats afin de jouer de la Hi-NRG. Si au moins on y avait entendu de la Hi-NRG, cela aurait aidĂ©, mais le fiston avait prĂ©fĂ©rĂ© verser dans la deep house et le downtempo vaporeux. La rĂ©flexion derriĂšre son second album sera en revanche plus facilement perceptible Ă  l’oreille. Elle a Ă©mergĂ© en pĂ©riode de confinement, lorsque comme tant d’autres, Felix Weatherall (aucun lien de parentĂ© avec Andrew) s’est retrouvĂ© subitement coincĂ© chez lui, dans le sud de Londres. Étant un garçon enclin Ă  la nostalgie, l’absence de soirĂ©es lui a alors rappelĂ© les fĂȘtes auxquelles il avait participĂ© dans le quartier durant sa jeunesse (pas si lointaine, il n’a que 28 ans) et l’a motivĂ© Ă  se lancer dans la conception d’un album qui renouerait avec cet esprit, et tĂ©moignerait de celui de son environnement proche, et tant qu’à faire de tout le sud de Londres. 

 

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Ça tombe bien, cette zone gĂ©ographique est Ă  l’origine de beaucoup de choses trĂšs intĂ©ressantes pour la musique depuis une vingtaine d’annĂ©es : le UK garage, le dubstep, Burial, Skream, Four Tet, Jamie xx ou Joy Orbison. Des rĂ©fĂ©rences auxquelles on pensera naturellement Ă  l’écoute de ce disque trĂšs anglais, teintĂ© d’une pointe de mĂ©lancolie, mais gardant un Ɠil sur le dancefloor, entraĂźnĂ© par des nappes limpides, des boucles un peu trance, des vocaux cutĂ©s et des rythmiques saccadĂ©es, souvent 2-step. Un disque que Joy Orbison aurait sans doute pu produire s’il n’avait dĂ©cidĂ© de prendre une direction plus contemplative pour son premier album sorti en aoĂ»t dernier. Il faut reconnaĂźtre aussi qu’on n’attendait pas forcĂ©ment Ross From Friends sur ce terrain. Non pas qu’il ait eu un long chemin Ă  parcourir pour le rejoindre, mais jusqu’à prĂ©sent, il s’était surtout illustrĂ© dans le domaine de la house, voire de la lo-fi house, Ă©phĂ©mĂšre courant musical dont il fut catapultĂ© tĂȘte de gondole dĂšs ses dĂ©buts, au mitan des annĂ©es 2010, sur la foi de productions rudimentaires et d’un pseudonyme absurde qu’on pouvait facilement relier Ă  ceux de DJ Boring et DJ Seinfeld, autres producteurs portĂ©s sur ce type de sonoritĂ©s. S’il a tentĂ© de s’en dĂ©tacher et d’élargir son spectre musical au moment de son premier album, les attaches lo-fi Ă©taient encore lĂ . Il faudra dĂ©sormais tendre l’oreille pour en trouver trace. Ce qu’il n’a pas perdu par contre, c’est son sens de la mĂ©lodie, qui fait ici des merveilles, mis en valeur par un disque cohĂ©rent et Ă©quilibrĂ©, impeccable d’un bout Ă  l’autre.

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  • le 3/11 @ l’AĂ©ronef Ă  Lille
  • le 4/11 @ Trabendo Ă  Paris
  • le 5/11 @ Sucre Ă  Lyon
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