© Léonie Guyot @envatmos

Asinine : les plus jolies “ballades”, le coeur lourd sur fond de digicore

On peut compter ses pro­jets per­son­nels sur les doigts d’une main. Pour­tant Asi­nine n’a rien d’une débu­tante. Après un mini-EP sor­ti en début d’année, l’artiste mar­seil­laise a dévoilé fin juin un double-titre où elle déroule un flow mélan­col­ique, qui imprègne son tra­vail depuis ses débuts.

Qui c’est, cette garce dans le miroir ?”, se demande-t-elle dans “C’est les autres”. Ces paroles, en forme d’autocritique tein­tées d’un éter­nel pes­simisme, réson­nent bien avec l’identité d’Asinine. Influ­encée par des pro­duc­tions digi­core ( genre issu de l’hy­per­pop, auquel s’est ajouté une forte cul­ture inter­net, dans les sons et dans les clips, avec un soin par­ti­c­uli­er don­né aux voix). Sur des paroles mélan­col­iques, l’artiste mar­seil­laise a su se con­stru­ire un univers inédit dans la galax­ie rap. Depuis sa pre­mière sor­tie, le trois-titres C’est les autres en 2022, elle s’est rapi­de­ment instal­lée comme l’une des révéla­tions rap et trône par­mi les ‑encore trop peu nombreuses- icônes de la nou­velle généra­tion fémi­nine du genre. 

Sur des bass­es par­fois sat­urées (“Bal­lades”) ou sur des tem­pos fréné­tiques (“C’est pas la mort (mais ça y ressem­ble)”), Asi­nine exor­cise ses maux sur chaque titre. Blo­quée entre ses réus­sites et ses regrets, elle fait le réc­it de tout ça pour offrir des sons planants et addic­tifs. L’artiste com­bine astu­cieuse­ment son spleen avec des prods soignées, qu’elle con­fie au pro­duc­teur et réal­isa­teur bri­ac­se­vere depuis ses débuts, notam­ment dans l’EP XIII sor­ti en févri­er dernier. Elle col­la­bore même avec le beat­mak­er mar­seil­lais Kosei (con­nu pour son tra­vail avec la nou­velle généra­tion rap portée par La Fève, Khali ou Stony Stone) sur un morceau de son pro­jet Spooky Sea­son 2. On retrou­ve bien l’empreinte de la digi­core à la 100 gecs sur le track “On voit que moi dans la city” : un auto­tune poussé à fond, une prod’ chargée à l’extrême et des claviers stridents.

Asi­nine tri­t­ure les instrus comme un exu­toire, empor­tant l’au­di­toire dans sa noirceur via des refrains qui restent dans la tête. Après une accu­mu­la­tion de petits pro­jets, tous aus­si mar­quants les uns que les autres, on attend main­tenant avec impa­tience la suite de ce que nous réserve Asi­nine. Une chose est sûre, elle n’a pas le temps d’avoir le temps.