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© Marion Flanda-Brown
11 juillet 2023

Live report : Lana Del Rey en sweet rockstar à L’Olympia

par Mel Mougas

Lorsque Lana Del Rey fait une escale en Europe, elle ne fait pas les choses à moitié. Revenue en France, la prétendue « gangsta-Nancy Sinatra » était, exactement 10 ans après, de retour à l’Olympia. Une salle et un concert à l’image de son dernier album qui explore le passé, le présent et le futur de sa vie et de sa musique.

En visite à Londres le 9 juillet dernier pour le légendaire Hyde Park Festival, où elle était en tête d’affiche, Lana Del Rey avait réservé une surprise de taille à ses fans européens : en annonçant des concerts supplémentaires en Irlande, en Italie, aux Pays-Bas et donc en France, suscitant une véritable effervescence parmi ses fidèles. La date parisienne, annoncée à peine deux semaines auparavant (le 29 juin dernier pour un live le 10 juillet, pour être précis) est enfin venue combler l’attente insoutenable des fans français, après l’annulation d’un concert complet à l’Accor Arena en 2020 pour des raisons de santé.

lana del rey

© Mel Mougas

Revêtue de son velours rouge vif, l’enceinte mythique d’une capacité de seulement 2900 personnes – une fraction dérisoire de l’Accor Arena – a été le théâtre d’un concert à la fois explosif et vaporeux, offert aux chanceux qui ont obtenu le précieux sésame.

 

À l’Olympia comme à Bercy

Chanceux est bien le mot, téméraire également. Pour avoir une place, « c’était la guerre, je n’ai jamais vécu ça pour un concert. J’ai pris mon téléphone et deux ordinateurs en jonglant sur différents sites » confie une fan quelques heures avant l’événement. Un autre atteste : « c’est vraiment dommage pour les personnes qui n’ont pas eu de place mais je suis tellement heureux que le concert se passe ici, l’acoustique est exceptionnelle et l’ambiance bien plus intime ».

Si le show s’annonçait donc intimiste, il n’avait rien à envier aux plus grands concerts. Aux abords de la salle, une queue s’étend sur des kilomètres, avec les premiers de la file présents -pour certains- depuis la vieille. Une brochette de girls and gays à l’esthétique « coquette » (romantisme victorien) crament sous le soleil parisien. On ne compte plus le nombre de fans en robes légères et avec des nœuds dans les cheveux, portant -bien sûr- des lunettes de soleil rouges en forme de cœur. Clin d’oeil au classique de Vladimir Nabokov : Lolita (1955), dont Lana Del Rey s’est largement inspirée dans la création de son univers, lui dédiant même une chanson dans son album Paradise (2012).

18h30 les portes s’ouvrent, des silhouettent courent, se bousculent et crient dans l’espoir d’atteindre le graal : la barrière. Les coquets devenus requins se tassent dans la fosse, alors que la mezzanine se remplit au compte-goutte. La première partie, annoncée la veille, est assurée par Sofie Royer, artiste indie pop autrichienne-iranienne. Une cool girl à l’esthétique 70s chantant une pop nostalgique et réconfortante, accompagnée de son violon.

 

lana del rey

© Mel Mougas

21h06 : les requins ont faim, après avoir détourné leur regard vers la chanteuse belge Angèle, présente dans le public, la foule se concentre à nouveau sur sa proie principale, qui monte sur scène à 21h30 après sa demi-heure de retard devenue habituelle.

 

Sweet rockstar

Sur scène, les ombres de trois choristes, une petite dizaine de musiciens et six danseuses se discernent. Dans la pénombre, une musique épique accompagne un message sur l’écran de la scène : « Que dieu vous bénisse Paris », alors que les hurlements des fans rendent presque inaudibles les notes glitch pop de son dernier tube en date : l’excellent « A&W ». Lana décide de passer le début de la chanson, une balade au piano, pour s’attaquer au vif du sujet, la trap entrainante et tapageuse de l’outro du morceau. La salle crie -comme elle le fera souvent le reste du concert- avec elle : « Jimmy, Jimmy, cocoa puff, Jimmy, get me high ».

La superstar apparait enfin, habillée à l’image de son public, vêtue d’une longue robe victorienne orangée, d’un imposant collier de perles, en référence au troisième single de son dernier album « Candy Necklace » et de quelques diamants parfaitement disposés dans ses cheveux. Le décor est minimaliste, quelques miroirs dorés en fond de scène et une petite table sur laquelle figure une bougie rappellent un cabaret. Lana s’assoit, sa coiffeuse lui rajoute un noeud satiné dans les cheveux, pendant qu’elle joue certaines de ses plus belles ballades : « Bartender », « The Grants » et « Chemtrails Over The Country Club »

 

 

Comble d’émotion lors de l’enchaînement des titres embryonnaires -devenus sainte trinité- de sa carrière : les fameux « Ride », « Born to Die » et « Blue Jeans » que les spectateurs chantent en choeur (forcément), les yeux rivés sur l’écran diffusant un montage retraçant les esthétiques de ses différents albums.

Elle enchaine sur 90 minutes de concert, interprétant les plus gros succès de sa discographie. Et il y en beaucoup. Ses influences trap, folk, gospel et rock se marient naturellement offrant un live cinq-étoiles, avec la chanson éponyme de son dernier album, « Did You Know That There A Tunnel Under Ocean Blvd » arrivant en tête. En proposant un moment rétrospectif aussi intense que cru, Lana nous parle et se parle, à travers ses paroles : « Don’t forget me / When’s it gonna be my turn ? »

Concert de rockstar oblige : deux malaises en fosse, forçant l’artiste à suspendre le concert quelques minutes, s’assurant telle une mother -comme l’appellent ses fans- que tout se passe bien. Elle clôture le live avec l’éternellement mythique « Video Games » qu’elle interprète sur une balançoire fleurie, volant presque au-dessus de la fosse éblouie. L’écran annonce un dernier message : « Fin », clôturant le film rétrospectif auquel nous venions d’assister. Prouesse vocale, riffs de guitare et émotion brute se sont intelligemment alignés, devant une foule nostalgique quittant la salle les yeux humides et la voix inévitablement éraillée.

 

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