Belaria x Madben : 6 questions sur leur track en collab pour Astro Records
Astropolis Records dévoile le premier track de sa compilation anniversaire : ce sont Belaria et Madben qui s’y collent, avec le titre « Into The Void ». Un track parfait pour les closings, entre trance, break et ambiance années 1990. On a posé quelques questions à ce duo inédit.
Madben et Astropolis, « une histoire de famille ». À l’époque (il y a bientôt 15 ans) Gildas, l’un des deux boss et fondateurs du festival brestois, avait découvert la musique de Madben dans l’émission It is what it is du Mouv’, où Laurent Garnier avait joué ses premiers tracks. Gildas écrit à Ben et lui propose de venir jouer en 2011 sur un off d’Astropolis, Beau Rivage. Suivent des connexions humaines entre d’un côté Madben, de l’autre Gildas et la team Astropolis : le producteur est accompagné par le festival, qui lui crée des opportunités. Mieux encore, Madben signera la première sortie du tout frais label Astropolis Records.
Aussi sur tsugi.fr : Astropolis L’Hiver 2025, Brest kept secret | LIVE REPORT
Belaria aussi a tissé des liens avec Astro. Ado, elle est fascinée par sa cousine bretonne, plus vieille de 4 ans, qui lui raconte ses expériences de festivals électroniques avec en tête, Astropolis et Panoramas (bons choix, n’est-il pas ?). Après la période Covid, Belaria rencontre l’équipe du festival, qui l’invite à jouer à Beau Rivage, le off d’Astro, en 2022 : « Je me souviens j’étais hyper stressée, Zouzou du Rosa Bonheur m’accompagnait. Elle me disait « mais Charlotte, t’avais l’air d’une tortue » : j’étais tellement stressée que je n’avais pas de salive. Je n’avais pas l’habitude de jouer sur des scènes aussi fat. » Spoiler : tout s’est bien passé, si bien que Belaria passera la nuit suivante à faire la teuf à Keroual. Et de fil en aiguille, le festival a invité la productrice sur de nouvelles dates.
Pas incohérent alors que, pour cette compilation anniversaire concoctée par Astropolis Records, le premier track soit fourni par Belaria et Madben.
———-
INTERVIEW
———
Dans la compil’ des 10 ans d’Astro Records, vous sortez le premier track, intitulé « Into the Void ». Ça emprunte à l’EDM, à la rave, à une ambiance années 1990. Qu’est-ce qui vous a emmené vers ce style-là ?
Belaria : C’était fluide, hyper naturel ! On est parti d’une base breakée que Ben m’avait envoyée, puis chacun a rajouté 3-4 éléments à chaque échange. Ça a été plié rapidement. On n’a pas eu de plan d’attaque, on a fait en fonction de nos envies. On se l’était dit en amont : « pas de pression, que des propositions ».
Madben : On ne s’est pas dit « il faut faire un banger, il nous faut un truc électro, breaké, qu’il y ait des touches de telle chose, de telle chose… « On a eu des partis pris artistiques et c’était important de se dire si on se trompait. Avec Charlotte on s’est déjà croisés, mais on se connaissait peu. Donc c’était important d’être dans la transparence. Vraiment se dire si ça ne nous plait pas.
Quel était le point de départ, la première piste ? Concrètement, comment avez-vous avancé ?
Madben : De mémoire, j’avais juste passé un pied dans une disto, dans une machine ou deux dans le studio. J’ai dû mettre une snare à contre-temps, et j’ai envoyé à Charlotte. J’ai peut-être fait une proposition de basse, mais que tu as modifiée en apportant toi-même une basse. On est parti de cette base rythmique avant d’écrire la moindre mélodie (qui arrive plus tard dans l’arrangement du track). Et puis que tu enregistres ta voix aussi, Charlotte.
Belaria : Je me souviens que tu avais envoyé kick-snare, et deux ou trois hats différents. Je crois que j’avais fait une basse, puis un peu un premier synthé, un autre, puis les nappes… On a réussi à construire le morceau hyper vite. Il n’y a pas eu tant d’échanges que ça.
Madben : J’ai déjà collaboré avec d’autres artistes où un track à deux ça peut prendre 15 jours, où tu charbonnes et où les directions évoluent en cours de projet… Là, pas du tout.
Travailler à distance n’a pas été un frein, un obstacle ?
Belaria : Non, pas du tout. Ça nous permettait de sortir la tête de nos autres projets, et comme on ajoutait de petits éléments à chaque fois, on n’a pas eu de contrainte de temps.
Parfois, quand tu bosses ensemble dans le même studio, les choix sont durs à faire. Là, il y avait le côté ping-pong et le fait d’aller à l’essentiel. Essayer de prendre tout de suite les bonnes décisions. Tu as un cadre qui se fixe de lui-même.
Le track s’appelle « Into the Void ». Quand est venu le titre, qui ressemble à Enter The Void par Gaspar Noé ? Quels sont les liens entre le film et votre track ?
Belaria : Le titre a été choisi à la fin, mais je pense qu’il vient des lyrics que j’avais écrits. J’ai posé ma voix, on a fait un seul test et ça a fonctionné. Ça nous a emmené vers un univers particulier, comme une dystopie. On s’est fait le parallèle avec le film de Gaspar Noé, même si on n’est pas allés jusqu’à reprendre le même titre (rires)
Madben : Le vocal de Charlotte nous a aussi orientés vers ça. L’atmosphère du morceau, sa couloir, l’artwork… Le lien n’est peut-etre pas volontaire, pas inconscient.
(ndlr : celleux qui ont vu Enter The Void de Gaspar Noé comprendront rapidement les liens)
Qu’est-ce qui rend ce track parfait pour les closings ?
Madben : Pour ma part, c’est ce côté trance. D’autant plus avec mes racines belges : dans les années 90, j’ai baigné là-dedans aussi en plus de la techno. Ça amène un côté « Age Of Love » de la mélodie, qui n’était absolument pas volontaire -je tiens quand même à le préciser (rires). Pourquoi choisir ce morceau en closing ? Pour ce côté nappesque, trancy, un peu féérique et qui laisse une note joyeuse. Et c’est aussi cool de terminer sur une rythmique breakée et pas forcément un 4/4.
Belaria : Je l’ai joué dernièrement, et je ne me voyais pas le caler à un autre moment qu’en track de closing. Parce que je trouve qu’il a une dynamique de fin assez parlante. Même s’il y a énormément d’euphorie dans le morceau, tu accompagnes les gens vers la fin, tu les aides à redescendre.
Madben : Pareil, je n’ai pas encore osé le jouer en milieu de set. Parce que l’autre possibilité, c’est genre tu veux casser un truc en milieu de set et t’envoies ça. Mais là, il faut y aller.
Belaria : Je pense que ça marche mieux pendant un long set. Quand tu as 5 heures de set, tu peux le permettre.
Vu que cette collab s’est bien passée, vous préparez un disque à deux ?
Belaria : On s’est dit qu’on voulait faire un EP ensemble, au moins. On va continuer.
Madben : La collab a été tellement fluide, sans contraintes et juste sur une notion de plaisir, qu’on n’a pas forcément envie d’arrêter.
Belaria : On ne s’est pas mis de deadline. Mais oui, on va bosser ensemble sur un projet.
Madben : Il y a des premières bases qui commencent à se poser, mais on ne se met pas de pression.
Voir cette publication sur Instagram