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Le clip de Drake, tourné dans son manoir à Toronto
16 avril 2020

Ce nouveau phénomène : les clips tournés en confinement

par Arthus Vaillant

Les artistes, reclus chez eux à cause de la pandémie, n’ont d’autres choix que de faire avec les moyens du bord et leur ingéniosité pour réaliser leurs clips. Un phénomène international donnant des formats inédits, dont voici une sélection.

Le confinement n’est pas un frein à la créativité. Cette situation forcée peut même être un formidable générateurs d’idées et un révélateur de phénomène. Isolés du reste du monde, les artistes doivent faire preuve d’une grande créativité pour continuer de créer. Si certains sortent des disques spécialement pour cette période atypique, d’autres vont encore plus loin en réalisant leurs clips malgré le confinement. Des musiciens de tous horizons, mainstream ou underground, se sont ainsi amusés à tourner chez eux, mais aussi à recourir au dessin animé ou à la participation des fans. Tous les moyens sont bons pour rester visible, à l’heure d’Internet.

Si certains artistes ont pu sortir des clips réalisés avant le confinement, les tournages extérieurs sont désormais repoussés car impossibles à tourner. Chez Because Music, il a fallu trouver des solutions alternatives. Le groupe MAGENTA (nouveau projet des anciens de Fauve) devait être en tournée des clubs actuellement. Le groupe a ainsi proposé l’idée d’imiter une de ces soirées pour le clip de « Chance ». Pour les autres artistes, le label français nous explique : « Les artistes sont les premiers à avoir leur mot à dire, certains préfèrent ne rien faire en ce moment parce qu’ils veulent miser sur le qualitatif ». Ce qui n’empêcha pas Major Lazer de sortir son titre « Lay Your Head On Me » à la date prévue du 26 mars, en plein confinement. Mais le clip prévu dans la foulée viendra plus tard, nous dit-on, dans une version spéciale confinement, impliquant les fans du monde entier.

S’adapter demande bien sûr de nombreux efforts. Le groupe MAGENTA nous raconte ainsi les difficultés rencontrées pour tourner leur clip. « Ce n’était pas tant une idée qu’une solution par défaut : on est dispersé(e)s aux quatre coins de la France, sachant qu’on n’a presque rien pour filmer à part nos téléphones… Du coup, le clip à distance était une des seules options envisageables ». Grâce la conversation WhatsApp que le groupe a créé pour communiquer directement avec ses fans, il reçoit de nombreuses vidéos : « Ça a permis de mélanger des images de nous et de Charline (Vendredi sur Mer, invitée sur le titre ndlr) à celles de plein d’autres gens. On avait une super matière à exploiter. »

Éclairages, décors, tout est fait avec les moyens du bord, pour les artistes comme pour le public. « Du contre-jour naturel, des rideaux devant des fenêtres, des interrupteurs, des lampes de chevets, des écrans de télévision comme machine à strobe, un carrelage noir de salle de bain pour un faux effet nuit… », ou comment rester créatif avec de nouvelles contraintes. Après un long travail de tri et de montage, ils obtiennent un clip hypnotique par ses défilements d’images et flashs synchronisés avec le BPM élevé du track, qu’on ne recommande pas aux personnes sensibles. Malgré les conditions, le groupe en retient une belle expérience : « C’est génial de l’avoir fait. Ça a été assez laborieux mais hyper drôle… Et touchant même : on s’est sentis moins seul(e)s avec toutes ces vidéos et ces messages ! »

 

Et ils ne sont pas les seuls à avoir dû trouver de nouvelles solutions pour réaliser leur clip. On assiste bien là à un phénomène international donnant lieu à une toute nouvelle forme de clips. On vous en propose une sélection.
  • « Toosie Slide » de Drake

Même lorsque tout le monde est confiné, Drake arrive toujours à montrer ses talents d’entertainer. Dans le clip de « Toosie Slide« , où le Canadien est presque entièrement camouflé, il dévoile une chorégraphie minimaliste et efficace, invitant ses fans à la reproduire chez eux. Néanmoins, il est peu probable que ces derniers bénéficient d’autant d’espace que l’artiste pour danser. Filmer depuis chez soi ne se révèle pas être une grande contrainte pour Drake, qui profite du clip pour faire visiter son immense manoir à Toronto.

  • « Better Days » de OneRepublic

Isolés de tous durant le confinement, certains artistes cherchent des moyens de garder le contact avec leur public. C’est le cas du groupe pop rock OneRepublic, qui a réalisé un clip mettant à l’honneur leurs fans en quarantaine dans le monde entier. Pour accompagner leur titre « Better Days », composé pour l’occasion, le groupe les a invités à leur envoyer de courtes vidéos depuis chez eux, témoignant de leur quotidien. Ces images sont entrecoupées d’extraits télévisés de la NBC et CNN et de plans filmés au drone sur des paysages déserts. Cette initiative est pour la bonne cause. Sur le lien Youtube du clip, une collecte de dons, reversés à la Fondation des Nations Unies, atteint pour le moment plus d’un million de dollars.

  • « Pas Beaux » de Vitaa et Slimane

Vitaa et Slimane, lauréats aux dernières Victoires de la Musique pour le titre « Ça va, ça vient », ont opéré sur le même mode que OneRepublic. Le duo a ainsi puisé dans son album commun de 2019, VersuS, pour clipper « Pas beaux », un titre qui souhaite redonner confiance à ceux qui l’ont perdue. Les fans du duo se mettent ainsi en scène, parfois en playback, durant toute la vidéo.

  • « Du bist mein » de Loredana x Zuna

Comme pour OneRepublic, Loredana (rappeuse albanaise vivant en Suisse germanophone) et son collègue allemand Zuna ont fait participer leurs fans au clip de « Du bist mein », mais avec une touche supplémentaire de créativité dans le concept. La vidéo est tournée essentiellement dans un appartement où les deux artistes vivent l’expérience du confinement et en profitent pour composer le titre « Du bist mein ». Mais il est également rempli d’extraits vidéos de leur public dansant sur le track via l’application TikTok. Une nouvelle mise à contribution de son public, qui pourrait être bénéfique quant à la popularisation des deux artistes sur la plateforme et qui pourrait également servir de précurseur dans ce nouveau modèle de clip.

  • « Chocolate » de Kiana Ledé (feat. Ari Lennox)

La distanciation sociale n’est pas un frein à la création, même lorsque deux artistes doivent collaborer à distance. La jeune artiste américaine Kiana Ledé a invité des très grands noms de la scène RnB dont Lucky Daye, 6LACK, Arin Ray ou encore Ari Lennox pour son premier album KIKI, sorti le 3 avril dernier. Avec la dernière nommée, la chanteuse a réalisé une vidéo avec les moyens du bord. En effet, le clip se base simplement sur une discussion vidéo sur FaceTime entre les deux musiciennes. Ingénieux et efficace.

  • « Good Times » de Ghali

Prenez l’interactivité et la joie de vivre qui émanent du clip de « Chocolate », ajoutez-y la modernité de « Du Bist Mein » et vous obtenez « Good Times ». Pour le clip de son nouveau tube, le rappeur italien Ghali a imaginé un moyen d’être au plus près de ses fans. L’interprète de « Habibi » a réalisé plusieurs lives sur Instagram en invitant ses fans à chanter le morceau en direct. Puis, il a récupéré et mixé certains extraits pour créer un clip, qui à l’instar du titre, est un hymne au « Feel Good ».

  • « Dans Ma Chambre » de Salakid

Pour le Français Salakid, les moyens sont moindres mais l’imagination est bien présente. À l’origine, le rappeur ne devait partager qu’une série de freestyles sur son compte Instagram, mais il lui est venue l’idée de les assembler pour en faire un clip. « Avec ce confinement j’ai l’impression que vous êtes tous dans vos chambres à l’heure qu’il est, j’ai donc décidé de vous offrir le clip avec les 6 épisodes » déclare le rappeur. Chaque épisode est tourné dans la même chambre, avec des décors, lumières et effets différents pour chaque freestyle.

  • « Qui-Gon Jinn » de Zuukou Mayzie (feat. Freeze Corleone)

Lorsque l’on ne peut pas se filmer dehors, autant imaginer qu’on y est. Pour son titre « Qui-Gon Jinn », en collaboration avec Freeze Corleone, Zuukou Mayzie, a laissé deux animateurs, You’re so cool et Zebla, s’occuper de son clip. On retrouve les deux rappeurs, membres du collectif 667, en personnages animés voyageant dans différents univers, parfois apocalyptique ou futuriste, parodiant largement Star Wars (dont un des personnages donne son titre au morceau), mais aussi Le Seigneur des Anneaux et la marque de soda Fanta. Entre batailles spatiales, dictature militaire et fabrication de drogue, on n’a pas le temps de s’ennuyer.

  • « Ça m’énerve 2020 » de Helmut Fritz

S’il y avait bien un retour inattendu en 2020, c’était bien le sien. Helmut Fritz avait provoqué un raz de marée après la sortie de « Ça m’énerve » en 2009. 11 ans plus tard, le producteur français revient avec un remix de son tube. La pandémie a inspiré à l’artiste de nouvelles paroles, comme « T’enfileras ton jogging, tu éternueras dans ton coude », comme s’il parodiait son propre titre (déjà lui-même proche de la parodie). Le clip débute par une vidéo gouvernementale de prévention contre le virus, avant de mettre en scène le musicien sur sa terrasse, dans sa cave et même dans la rue. Mais l’artiste l’assure : « Les plans extérieurs de rue ont été réalisés en 40mn, sur un créneau de sortie quotidienne autorisée. » La sécurité avant tout.

  • « Butterfly Finesse (Boogie Mane) » de Lala &ce

Lala &ce est une rappeuse qui a rencontré un fort succès d’estime après sa mixtape Le son d’après. Le 9 avril dernier, l’artiste revenait pour la première fois depuis ce projet avec le clip du titre inédit « Butterfly Finesse ». La vidéo croise des images de télévision, dont des extraits vidéos de feu DJ Arafat, ou des passages de l’émission musicale soul/RnB iconique Soul Train. On y retrouve également certains des fans de Lala &ce, ainsi que l’artiste elle-même, qui se sont filmés de chez eux.

  • « The Only Reason » de Yuksek

Le producteur disco-house française fait la synthèse des différentes méthodes. Comme d’autres artistes, Yuksek a mis à contribution son public, en leur demandant de se filmer en train de danser chez eux sur son titre « The Only Reason », issu de son album Nosso Ritmo paru le 28 février. Mais plutôt que de conserver ces images telles quelles, le musicien en a fait un clip d’animation, se servant des images filmées comme d’une matière première à croiser et modifier pour coller au mieux à l’ambiance de ce titre disco co-écrit avec les inséparables Breakbot et Irfane. En résulte un clip réunissant une centaine de fans en kaléidoscope, réunis. Aussi hypnotique que réjouissant.

  • « Si bien du mal » de Hervé

Avec Salakid, il suffisait d’une chambre pour tourner un clip. Pour le chanteur Hervé, c’est la cuisine. Dans le clip de « Si bien du mal », titre electro pop enjoué, l’ancien membre du duo Postaal offre une leçon de cuisine bien plus animée que celles de Laurent Mariotte. Le chanteur et compositeur est très actif durant le confinement puisqu’il a également réalisé une vidéo live session du titre « Trésor » le 9 avril dernier. Ces deux clips confirment que le jeune artiste est un personnage déjanté, débordant de créativité et plein d’avenir.

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