🔊 Ce nouvel album de Laurence-Anne est un labyrinthe musical bizarroïde
Le nouÂvÂel album de la chanteuse quĂ©bĂ©Âcoise Laurence-Anne sort aujourd’hui : MusiviÂsion est voyÂage onirique bizarroĂŻde, mais ultimeÂment charÂmant. Chronique.
Chronique issue du TsuÂgi 141 : 18 ans d’Ed Banger, mainÂtenant disponible en kiosque et en ligne.

ArtÂwork
DifÂfiÂcile de rester indifÂfĂ©rent devant la pochette de MusiviÂsion. Ce tunÂnel enchevĂŞtrĂ© sous un brouilÂlard clair rapÂpelle les visuels de 7, dernier album de Beach House et inĂ©vitableÂment la Red Room de Twin Peaks, les rideaux de velours rouge en moins. Mais ce n’est pas pour rien, la chanteuse quĂ©bĂ©Âcoise Ă©voque justeÂment la sĂ©rie de David Lynch dans une interÂview : la conÂcepÂtion de l’album a eu lieu dans le stuÂdio d’un petit vilÂlage perÂdu au milieu de nulle part. ImposÂsiÂble de faire plus lynchien. Cette image labyrinthique, preÂmier aperçu de l’album, elle le reflète Ă la perfection.
Avec ses bouts de quelques secÂonÂdes presque ausÂsi nomÂbreux que les « vrais » morceaux, MusiviÂsion est un rĂ©el labyrinthe musiÂcal. Les interÂludes pas forÂcĂ©Âment racÂcords (alors que d’habitude, si, ils sont justeÂment lĂ pour faire le lien, la tranÂsiÂtion entre les difÂfĂ©rentes parÂties d’un album) renÂforÂcent cette idĂ©e, comme des brouilÂlons abanÂdonÂnĂ©s en chemin. En seuleÂment quaÂtorze secÂonÂdes, le preÂmier – du mĂŞme nom que l’album – nous donne l’impression de nous perÂdre dans un couloir. Et le binÂauÂrÂal, faisant vacÂiller le son de droite Ă gauche, accentue bien cet effet. De quoi perÂdre douceÂment la tĂŞte. Puis ça repart. Autre preuve : l’essai Ă l’anglais sur l’aĂ©rien « Strange FeelÂing » et Ă l’espagnol dans « Pajaros », au milieu d’un ensemÂble en français.
Loin de sauter du coq Ă l’âne sans raiÂson, le disque se rĂ©vèle vite addicÂtif avec ses mauÂvaisÂes pistes et ses culs-de-sac avant de retournÂer Ă la recherche du bon chemin. Ou, en d’autres mots, de se perÂdre encore au dĂ©tour d’un nouÂveau titre, plus surÂprenant que le prĂ©cĂ©Âdent. Au final, c’est une belle manière de reprĂ©senÂter la crĂ©aÂtion artisÂtique : comÂbiÂen de pistes abanÂdonÂnĂ©es pour crĂ©er un album ? ComÂbiÂen de mauÂvais chemins avant de trouÂver le bon ? Ce voyÂage onirique bizarroĂŻde, mais ultimeÂment charÂmant fait un bien fou Ă Ă©couter, puisqu’on ne sait jamais de quoi la suite sera faite. BricoÂlage intemÂpesÂtif entre dream pop et art rock, c’est une potion magÂique qui nous prend par surÂprise Ă chaque tournant.
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