đ Ce nouvel album de Laurence-Anne est un labyrinthe musical bizarroĂŻde
Le nouvel album de la chanteuse quĂ©bĂ©coise Laurence-Anne sort aujourdâhui : Musivision est voyage onirique bizarroĂŻde, mais ultimement charmant. Chronique.
Chronique issue du Tsugi 141 : 18 ans d’Ed Banger, maintenant disponible en kiosque et en ligne.
![](https://www.tsugi.fr/2023/wp-content/uploads/2021/06/musivision-pochette-finale-4k300dpi-1612300322-300x300.jpg)
Artwork
Difficile de rester indiffĂ©rent devant la pochette de Musivision. Ce tunnel enchevĂȘtrĂ© sous un brouillard clair rappelle les visuels de 7, dernier album de Beach House et inĂ©vitablement la Red Room de Twin Peaks, les rideaux de velours rouge en moins. Mais ce nâest pas pour rien, la chanteuse quĂ©bĂ©coise Ă©voque justement la sĂ©rie de David Lynch dans une interview : la conception de lâalbum a eu lieu dans le studio dâun petit village perdu au milieu de nulle part. Impossible de faire plus lynchien. Cette image labyrinthique, premier aperçu de lâalbum, elle le reflĂšte Ă la perfection.
Avec ses bouts de quelques secondes presque aussi nombreux que les « vrais » morceaux, Musivision est un rĂ©el labyrinthe musical. Les interludes pas forcĂ©ment raccords (alors que dâhabitude, si, ils sont justement lĂ pour faire le lien, la transition entre les diffĂ©rentes parties dâun album) renforcent cette idĂ©e, comme des brouillons abandonnĂ©s en chemin. En seulement quatorze secondes, le premier â du mĂȘme nom que lâalbum â nous donne lâimpression de nous perdre dans un couloir. Et le binaural, faisant vaciller le son de droite Ă gauche, accentue bien cet effet. De quoi perdre doucement la tĂȘte. Puis ça repart. Autre preuve : lâessai Ă lâanglais sur lâaĂ©rien « Strange Feeling » et Ă lâespagnol dans « Pajaros », au milieu dâun ensemble en français.
Loin de sauter du coq Ă lâĂąne sans raison, le disque se rĂ©vĂšle vite addictif avec ses mauvaises pistes et ses culs-de-sac avant de retourner Ă la recherche du bon chemin. Ou, en dâautres mots, de se perdre encore au dĂ©tour dâun nouveau titre, plus surprenant que le prĂ©cĂ©dent. Au final, câest une belle maniĂšre de reprĂ©senter la crĂ©ation artistique : combien de pistes abandonnĂ©es pour crĂ©er un album ? Combien de mauvais chemins avant de trouver le bon ? Ce voyage onirique bizarroĂŻde, mais ultimement charmant fait un bien fou Ă Ă©couter, puisquâon ne sait jamais de quoi la suite sera faite. Bricolage intempestif entre dream pop et art rock, câest une potion magique qui nous prend par surprise Ă chaque tournant.
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