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© Xavier Cyr/Juste du Feu
4 juin 2021

🔊 Ce nouvel album de Laurence-Anne est un labyrinthe musical bizarroïde

par Simon Brazeilles

Le nouvel album de la chanteuse québécoise Laurence-Anne sort aujourd’hui : Musivision est voyage onirique bizarroïde, mais ultimement charmant. Chronique.

Chronique issue du Tsugi 141 : 18 ans d’Ed Banger, maintenant disponible en kiosque et en ligne.

Artwork

Difficile de rester indifférent devant la pochette de Musivision. Ce tunnel enchevêtré sous un brouillard clair rappelle les visuels de 7, dernier album de Beach House et inévitablement la Red Room de Twin Peaks, les rideaux de velours rouge en moins. Mais ce n’est pas pour rien, la chanteuse québécoise évoque justement la série de David Lynch dans une interview : la conception de l’album a eu lieu dans le studio d’un petit village perdu au milieu de nulle part. Impossible de faire plus lynchien. Cette image labyrinthique, premier aperçu de l’album, elle le reflète à la perfection.

Avec ses bouts de quelques secondes presque aussi nombreux que les « vrais » morceaux, Musivision est un réel labyrinthe musical. Les interludes pas forcément raccords (alors que d’habitude, si, ils sont justement là pour faire le lien, la transition entre les différentes parties d’un album) renforcent cette idée, comme des brouillons abandonnés en chemin. En seulement quatorze secondes, le premier – du même nom que l’album – nous donne l’impression de nous perdre dans un couloir. Et le binaural, faisant vaciller le son de droite à gauche, accentue bien cet effet. De quoi perdre doucement la tête. Puis ça repart. Autre preuve : l’essai à l’anglais sur l’aérien « Strange Feeling » et à l’espagnol dans « Pajaros », au milieu d’un ensemble en français.

Loin de sauter du coq à l’âne sans raison, le disque se révèle vite addictif avec ses mauvaises pistes et ses culs-de-sac avant de retourner à la recherche du bon chemin. Ou, en d’autres mots, de se perdre encore au détour d’un nouveau titre, plus surprenant que le précédent. Au final, c’est une belle manière de représenter la création artistique : combien de pistes abandonnées pour créer un album ? Combien de mauvais chemins avant de trouver le bon ? Ce voyage onirique bizarroïde, mais ultimement charmant fait un bien fou à écouter, puisqu’on ne sait jamais de quoi la suite sera faite. Bricolage intempestif entre dream pop et art rock, c’est une potion magique qui nous prend par surprise à chaque tournant.

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Retrouvez plus de chroniques dans le Tsugi 141 : 18 ans d’Ed Banger, en kiosque et en ligne

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