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C’est quoi cette appli de l’enfer, où il faut payer pour demander un track au DJ ?

On n’a pas fini d’être éton­nés par les inno­va­tions. One28 est une appli qui vient de voir le jour. Son but ? Faire pay­er le pub­lic pour faire des song requests à des DJs en club. Si cer­tains y voient une manière plus effi­cace de sug­gér­er son envie de danser sur un cer­tain morceau, on y voit une inven­tion sus­cep­ti­ble de déna­tur­er le méti­er de DJ

Reines et rois des clubs, les DJs sont des artistes. En mix­ant sur des platines dig­i­tales ou avec des vinyles, elles et ils parvi­en­nent à créer de nou­velles sonorités en mix­ant des morceaux déjà exis­tants. Dans la tech­nic­ité et la dex­térité, être DJ ne s’im­pro­vise pas. Il faut avoir une cer­taine fibre musi­cale afin de faire coïn­cider har­monies et ryth­miques endi­a­blées. Il faut aus­si avoir une solide cul­ture musi­cale et une empreinte mar­quée. Bref, n’est pas DJ qui veut. Cepen­dant, une part d’im­pro­vi­sa­tion réside. Une ou un DJ ne prévoit (qua­si) jamais son set à l’a­vance. Comme dirait Lau­rent Gar­nier : c’est une hérésie.” 

En mars 2023, on con­sacrait un numéro sur les DJs en se posant la ques­tion suiv­ante : leur fin est-elle bel et bien arrivée ? Entre les platines dev­enues plus intu­itives, l’avène­ment du live puis les DJ-sets en ‘all night long’ se faisant de plus en plus rares, cette ques­tion nous est apparue légitime. Et quelle ne fut pas notre sur­prise quand on est tombés sur la nou­velle appli One28. Un coup de mas­sue sup­plé­men­taire, qui réduirait les DJs à de sim­ples juke-boxes humains ?

En l’u­til­isant, les gens qui se ren­dent en club peu­vent donc pay­er pour faire des song requests aux DJ qu’ils vont voir. Et les clubs peu­vent même impos­er à leurs rési­dents de l’u­tilis­er. Alors, ce dis­posi­tif les place au ser­vice du pub­lic, leur reti­rant tout un pan de créa­tiv­ité. On avoue ne pas comprendre.

 

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Être DJ devient un business

En effet, avec l’ap­pari­tion de ce genre d’ap­pli­ca­tion, on nous véhicule sans ver­gogne l’idée que l’ar­gent l’emporte sur l’art. Et le plus affligeant dans tout ça : ce sont les DJs eux-mêmes qui en font la pro­mo­tion. Pour être tout à fait hon­nêtes, trou­ver ce sujet n’a pas été dif­fi­cile. Il a suf­fi de se balad­er cinq min­utes sur Insta­gram pour tomber sur un de leurs reels spon­sorisés, dans lesquels la team One28 nous fait croire à une inven­tion révo­lu­tion­naire. Mais oui, c’est génial : une per­son­ne peut enten­dre sa musique préférée pour dix balles min­i­mum ‑prof­i­tons une nou­velle fois de l’ébriété du public- tan­dis que les DJs ‑et l’ap­pli­ca­tion, puisqu’elle prend 20%- peu­vent s’en met­tre plein les poches. On assiste à une “main­streami­sa­tion” du DJ, qui se rap­proche plus de l’in­flu­enceur que du musi­cien. En bref, on est assez dépités devant l’ex­is­tence d’une appli telle que One28. Mais on a réus­si à trou­ver un point posi­tif : si le DJ ne joue pas votre demande musi­cale, vous êtes rem­boursés de la somme ren­trée dans l’ap­pli­ca­tion. Tout de même, il ne man­querait plus que ça.