Chronique : Baths — Obsidian

Après l’excellente entrée en matière Cerulean, le chirurgien élec­tron­ique Will Wiesen­feld se (dé)livre en un deux­ième album som­bre, mais effi­cace. Baths est l’auteur de sa pro­pre psy­ch­analyse. Baths… pour “baig­noires”, celles-là même où les écorchés de la vie se coupent les veines. Quand la noirceur se mue en rouge sang, même la jaque­tte du disque va dans ce sens. À 24 ans et à l’écoute de cet Obsid­i­an, on con­state à quel point Wiesen­feld a la libido des grands anx­ieux. Et la traduit en une ary­th­mie syn­thé­tique et en glitch éro­tique. Aux sif­fle­ments du pre­mier album se sub­stituent les cloi­sons sonores et les paroles cyniques du sec­ond. L’amour, la vie, la mort… Au risque d’être dans le pathos, Obsid­i­an sert d’anxiolytique aux erre­ments anx­iogènes. Les orches­tra­tions para­doxales de “Earth Death” et “Iron­works” sont des clés de voute aus­si majestueuses que min­i­mal­istes, qui pénètrent le désar­roi jusque dans des murs d’arrangements de cordes et d’atmosphères tapis­sées de vocalis­es. Si la voix de “Love­ly Blood­flow” sous-entend que Will a séduit ses démons, le piano déli­cat de “Mias­ma Sky” indique qu’il leur a par­don­né. “Incom­pat­i­ble” lui, célèbre le sen­ti­ment amoureux retrou­vé. Mais pas trop. Parce qu’on n’a jamais autant aimé qu’un artiste soit si mal dans sa peau.

Par David de Araujo

Obsid­i­an (Anticon/Differ-Ant)