Chronique : Blondes — Swisher

Il y a ceux qui font juste de la tech-house, et ceux qui amè­nent le genre vers des sphères plus évoluées, créent des formes inédites et étab­lis­sent un nou­veau dia­logue corps/esprit. On trou­ve John Tal­abot ou John Roberts sur ce créneau, mais Blondes vient de s’imposer comme expert en la matière avec cet élancé et lumineux Swish­er. Leur pre­mier LP dévoilait déjà leur touche per­ti­nente mais décon­trac­tée, là où ce nou­veau volet affirme une vision nova­trice gorgée de beauté et de nuances. Imprégné de la dis­tance des avant-gardes tech­no du moment et de l’aura hédon­iste ou nos­tal­gique de la house, le duo améri­cain accède à un autre plateau, creuse une nou­velle pro­fondeur dans le paysage, et fait bas­culer dans une volup­té trouble.

Suaves et puis­sants, les tracks pos­sè­dent une dynamique pro­pre, dif­fi­cile à déchiffr­er à la pre­mière écoute. L’éventail d’émotions est lui aus­si sin­guli­er : pléni­tude (l’immense “Andrew”, l’âge d’or de Kom­pakt tran­scendé), songe (“Clasp”, “Poland”), intro­spec­tion (le très grand “Wire”) ou con­fronta­tion (“Rei”, “Bora Bora” ou le morceau-titre). Alors qu’ils peu­vent pouss­er loin dans l’abstraction et l’amélodique, Blondes sait aus­si couch­er une plage amoureuse (“Elise”) pour clore le bal et net­toy­er l’esprit après s’être égaré dans de si grands espaces. Une fin idyllique pour l’un des albums élec­tron­iques les plus intel­li­gents et sen­suels de ces dernières années. (Thomas Corlin)

Swish­er (Rvng Intl./Differ-Ant)