Chronique : Dave Aju — Heirlooms

Célébré pour son remix du “Space is Only Noise” de Nico­las Jaar, Dave Aju signe son deux­ième album sur le label parisien Cir­cus Com­pa­ny. Qua­tre ans après Open Wide, le Cal­i­fornien est passé maître dans l’art de sur­pren­dre, sig­nant dix titres aus­si frais qu’intelligents. S’il emprunte tou­jours ses beats au hip-hop, doré­na­vant, il les accom­pa­gne de sam­ples sor­tis des vinyles pous­siéreux de son père, trompet­tiste de jazz (l’album s’appelle Heir­looms, traduisez “Héritages”). C’est donc autant un album “dance” (les guillemets sont impor­tants) que “soul”, rap­pelant qu’avant d’être une musique cérébrale, le jazz s’adressait égale­ment aux corps.

Ici pointe l’ombre du A Love Supreme de Coltrane, là l’influence des jams de Joe Hen­der­son (sur “To Be Free”, en duo avec The Invis­i­ble Art Trio). Parsemé par endroits des enseigne­ments de l’école min­i­mal­iste, cet album est une véri­ta­ble ency­clopédie con­tem­po­raine, bras­sant la nos­tal­gie et l’avant-garde avec brio. “All Togeth­er Now” est tail­lé pour les clubs ; “Away Away” plus intérieur. Men­tions spé­ciales à l’espiègle “Caller 7” (avec Jaw de dOP), une ren­gaine qua­si­ment G‑funk, et à “Reveal­ing”. Influ­encé par les uns et inspiré par les autres, Dave Aju fait du Dave Aju, et c’est déjà très bien. (David De Araujo)

Heir­looms (Cir­cus Company/La Baleine)