Chronique : Great Lake Swimmers — New Wild Everywhere

Y’a pas de jus­tice ! Depuis dix ans, mal­gré qua­tre dis­ques inus­ables, Great Lake Swim­mers reste l’un des secrets les mieux gardés du folk con­tem­po­rain, con­damné à un semi-anonymat sur ce marché sat­uré où les chanteurs à belle gueule pren­nent toute la lumière à coup de titres souf­fre­teux et com­plaisants. Tony Dekker, l’âme et le seul mem­bre fixe de ce groupe cana­di­en, est d’une autre trempe. C’est l’un des rares jeunes song­writ­ers à réelle­ment rivalis­er avec les mon­stres sacrés Neil Young ou Hank Williams (qu’évidemment il révère), aus­si per­ti­nent dans la mélan­col­ie mélodique que dans l’americana à la REM (péri­ode Document/Green ou Auto­mat­ic For The People).

Après avoir enreg­istré dans un silo à grains désaf­fec­té, un château ou une église per­due au bord d’un lac (for­cé­ment), Dekker s’essaie pour la pre­mière fois à la ron­deur du son de stu­dio. Pour­tant, pas de révo­lu­tion : sur ces treize chan­sons ravis­santes, il prend tou­jours son temps pour chanter son amoureuse, les grands espaces, la vie qui avance tant bien que mal et les petits plaisirs du grand air. Tony Dekker priv­ilégie les arrange­ments lumineux à la claus­tro­pho­bie guitare-voix, le chant ample aux san­glots ravalés. On respire à pleins poumons et ça fait du bien ! (Matthieu Recarte)

New Wild Every­where (Nettwerk/Pias)