Chronique : Hanni El Khatib — Head In The Dirt

Un disque désuet”, “du déjà-vu”, diront les mau­vais­es langues. C’est vrai, le Cal­i­fornien reprend tous les codes du revival rock, réverb de rigueur sur la voix. Vrai aus­si, son album aurait aus­si bien pu sor­tir en 2001, que ça aurait été tout pareil. Et en plus, c’est la deux­ième fois en deux ans (après Will The Guns Come Out) qu’il nous fait le coup. Oui mais voilà, Han­ni nous rend ser­vice en le sor­tant en 2013. Puisqu’il s’est offert les ser­vices de Dan Auer­bach à la pro­duc­tion, on aurait pu s’attendre à écouter un ersatz de Black Keys (ex-groupe de car­ac­tère devenu rockeurs de bande FM). Heureuse­ment, Han­ni nous offre aujourd’hui un peu de Beck saupoudré de Wray­gunn. Un blues tan­tôt délavé, tan­tôt acidulé, allant du rock­steady (“Nobody Move”, “Low”) à la petite pop irré­sistible (“Skin­ny Litlle Girl”, “Pen­ny”). Le tatoué sait tout faire, et pos­sède la sci­ence de l’efficace. Des leaks de gui­tare bien clichés mais bien léchés (“Save Me”) à l’orgue Ham­mond vin­tage, en pas­sant par le gim­mick catchy. Que celui qui écoute ce disque à fond, toutes vit­res ouvertes en voiture, et ne prend pas son pied… jette la pre­mière pierre. Seul maître ès blues garage resté authen­tique, El Khat­ib n’a pour l’instant pas la car­rière des Black Keys ou des défunts White Stripes. Mais c’est une ques­tion de tim­ing, pas de tal­ent. (David de Araujo)

Head In The Dirt (Inno­v­a­tive Leisure/Because)