Chronique : Ikonika — Aerotropolis

En plus d’être une des rares femmes de la scène dub­step, Ikoni­ka a grande­ment par­ticipé à l’ouverture du genre vers des hori­zons plus pop grâce à son pre­mier album en 2010.

Si sa bass music de poche rem­plit tou­jours sa mis­sion sur EP, elle s’essouffle un peu sur ce deux­ième album. Ponctuelle­ment, elle ani­me d’étonnantes con­struc­tions sur une palette sonore rétro : l’élancé “Cryo” embrasse toute l’innocence de l’électro warpi­enne des 90’s, le puis­sant “Back­hand Win­ners” rebon­dit sur des breaks sub­tile­ment retenus en sus­pens, tan­dis que “You Won’t Find It There” et “Ken Siz­zle” ébauchent une bass music mélan­col­ique. Mais le 8‑bit et la pro­duc­tion très dig­i­tale bas­cu­lent inévitable­ment dans le ridicule par moments, et on ne sait plus si on écoute une bande-son de jeu vidéo signée Salem (“Mega Church” avec Opti­mum), ou celle d’un pro­gramme de téléachat ou d’aérobic en 2078 (“Eter­nal Mode” et à peu près tout le reste de l’album).

Pire, lorsqu’une chanteuse d’indie R&B vient noy­er la ten­ta­tive house-pop “Beach Mode” dans la guimauve, on se rap­pelle que l’exercice fut bien plus heureux lorsqu’Azealia Banks avait recy­clé une prod d’Ikonika pour un de ses morceaux. Sou­vent malin et très ludique, Aero­trop­o­lis ne fait hélas pas le poids à côté du très créatif Quar­an­tine de Lau­rel Halo, l’autre héroïne d’Hyperdub. (Thomas Corlin)

 (Hyperdub/Differ-Ant)