Chronique : Majical Cloudz — Impersonator

On était par­ti pour ricaner sur ce nom un poil neuneu et faire des allu­sions cryp­tiques à Twin Peaks, la série culte de David Lynch (le chanteur de ce duo cana­di­en est le fils de Ken­neth Welsh, alias Win­dom Ear­le, l’ennemi intime de l’agent Coop­er), mais dès le pre­mier titre, la voix de Devon Welsh nous a hap­pé, le min­i­mal­isme élec­tron­ique du son saisi. D’ordinaire, un chanteur sachant chanter se sent obligé d’en faire des tonnes, surtout dès qu’il sait un chouia tra­vailler ses textes — appelons ça le “syn­drome Fleet Fox­es”. Ici rien de tel. Frontale et habitée, la voix de Devon Welsh se déploie à l’avant-plan d’un halo aque­ux for­mé de boucles de piano, de coups de vents élec­tron­iques, de nappes de syn­thé comme on les aimait il y a trente ans (le garçon par­le joli­ment de “musique non inva­sive”). Se récla­mant d’Arthur Rus­sell et d’Elliott Smith, cousin des Mag­net­ic Fields et de Casiotone, Devon Welsh, qu’on avait con­nu psy­chédélique avec Pop Winds ou jouant les util­ités pour Grimes, impres­sionne par la matu­rité de son écri­t­ure. Servi par la pro­duc­tion de Matthew Otto, il égrène des paroles trou­bles sur la mort du père (bien vivant sur le mag­nifique clip de “Childhood’s End”), la soli­tude, les désirs con­trar­iés. Les louanges qui fleuris­sent un peu partout sont fondées : la mélan­col­ie s’est trou­vé un nou­v­el ami. (Matthieu Recarte)

Imper­son­ator (Matador/Beggars/Naïve)