Chronique : Metronomy — Love Letters

Joseph Mount, le leader sans partage mais avec bou­clettes de Metron­o­my, avait promis qu’il ferait tout ce qui était en son pou­voir pour ne jamais se répéter sur deux albums dif­férents. Trois ans après The Eng­lish Riv­iera, som­met pop à la pro­duc­tion cha­toy­ante et aux tubes innom­brables (où bril­lait le sin­gle “She Wants”), son esprit de con­tra­dic­tion le con­duit vers une étrange forme de retour en arrière. Love Let­ters sort bien d’un vrai stu­dio, mais Joseph s’y est attaché à tout faire pour que le disque sonne cracra et lo-fi. Des boîtes à rythmes kitschouilles aux syn­thés qui rap­pel­lent l’ère pré-Riviera en pas­sant par la voix, frag­ile mais très en avant, tout sonne ici comme si le cap­i­taine du navire s’était offert un petit caprice, qu’il avait voulu tout bal­ancer par-dessus bord.

Pour­tant Metron­o­my n’a pas com­mis ici une immonde bouse, loin s’en faut. Et Joseph Mount est devenu bien plus qu’un sim­ple bidouilleur électro-pop far­felu, il a déjà prou­vé qu’il était un com­pos­i­teur fab­uleux. Love Let­ters a ses très beaux moments, les chœurs du morceau-titre, la boucle entê­tante de “Call Me” ou l’épi­logue majestueux “Nev­er Want­ed”. Mais sans ce petit pêché d’orgueil, ou peut-être bien de fainéan­tise, nul doute que ce qua­trième album aurait été un chef d’œuvre. Rendez-vous fixé dans trois ans pour le cin­quième ? (François Blanc)

Love Let­ters (Because)