Chronique : Rusko — Songs

Il existe deux Rusko. Et on dirait qu’ils ont un petit prob­lème de com­mu­ni­ca­tion ces derniers temps, le courant ne passe plus, et ça nous attriste. Une scis­sion restant fatale­ment com­pliquée, Songs, album au titre claire­ment trompeur, ressem­ble davan­tage à une engueu­lade de vieux cou­ple qu’à l’œuvre d’un artiste qui se com­prend lui-même. Après une intro par­lée (et un brin méga­lo), l’argumentaire com­mence assez fort : Rusko, sans peur ni scrupules, ouvre les vannes du mau­vais goût en offrant un dubstep-dance cal­i­bré pour can­dy ravers améri­cains, cas­quettes flu­os vis­sées sur le crâne. Aus­si effi­caces qu’effrayants, “Some­body To Love” et “Pres­sure” sont deux cer­bères baveux défen­dant l’opportunisme assumé du pro­duc­teur anglais.

Rusko, l’autre, celui avec un deux-feuilles dans le coin du bec, sem­ble répon­dre à sa Némé­sis en plaçant Alborosie, pape du nu-roots qui sent la skunk à cent mètres, sur un “Love No More” claire­ment plus dub que dub­step. On pour­rait vous faire tout le disque, mais vous avez com­pris l’idée. Pas sûr, cepen­dant, que beau­coup de monde réus­sisse à accrocher. Songs est l’album d’un type aux racines trop pro­fondes pour être coupées, mais à l’envie de pail­lettes trop brûlante pour rester sta­tique. Gare à l’élongation, vieux. (Math­ias Riquier)

Songs (Mad Decent/Cooperative Music/Pias)