Chronique : St. Vincent

Annie Clark est une équilib­riste. Après deux jolis albums artic­ulés autour de bal­lades aux inspi­ra­tions plutôt folk, elle avait prof­ité du troisième, Strange Mer­cy, pour se réin­ven­ter en gui­tare héroïne à l’humour acide. Une pos­ture dan­gereuse de tech­ni­ci­enne de l’instru­ment qu’elle réus­sis­sait à ren­dre attachante grâce à ses com­po­si­tions folles: led­it Strange Mer­cy était l’un des grands dis­ques de 2011. Mais pour son retour il sem­ble bien que celle qui fut autre­fois mem­bre du groupe de Suf­jan Stevens ait glis­sé du mau­vais côté.

Même codes (gui­tares élec­triques dis­tor­dues et rageuses qui clashent avec la douceur de sa voix), sanc­tion dif­férente: les riffs ont claire­ment gom­mé toute émo­tion. Quand Annie Clark con­fie avoir voulu priv­ilégi­er le groove sur ce nou­v­el album, on ne peut s’empêcher de pren­dre le mot pour ses dérives poseuses. Ce qua­trième album éponyme s’inspire hélas trop de sa récente col­lab­o­ra­tion un rien vaine avec David Byrne. Clark s’emmêle même dans un pre­mier degré sur­prenant (“Psy­co­path”), elle qui mani­ait sub­tile­ment un humour très noir. Si l’album recèle quand même quelques beaux moments (“Every Tear Dis­ap­pears” ou “Birth In Reverse”), il est une immense décep­tion, à la hau­teur de nos attentes. (François Blanc)

St. Vin­cent (Lor­na Vista/Caroline international/Universal)