Irène Drésel et Sizo Del Givry

Confiné.e.s avec… Irène Drésel

par Tsugi

Comme une par­tie du reste du monde, les artistes sont con­finés chez eux depuis des semaines. Nous leur avons demandé com­ment ils occu­pent leurs journées, avec au pas­sage quelques recom­man­da­tions cul­turelles. Aujourd’hui, c’est Irène Drésel qui se prête au jeu.

Tu es où en ce moment ?

Je suis chez moi dans ma mai­son isolée en plein milieu de la cam­pagne. J’habite là toute l’année, à 100km de Paris.

Le livre que tu lis en ce moment ?

J’ai com­mencé un livre qu’une copine m’a prêté juste avant le con­fine­ment, Strip-Tease de Georges Simenon. C’est un polici­er mais je n’en suis qu’au début. Pour le moment c’est surtout un mag­nifique descrip­tif du quo­ti­di­en des strip-teaseuses. Voici un pas­sage qui m’a appris com­ment il fal­lait se désha­biller cor­recte­ment ! (rire) « Elle parvint à accrocher un sourire à ses lèvres et, lente­ment, en fix­ant M. Léon, elle enl­e­va sa robe noire qu’elle pas­sa par-dessus sa tête, comme elle l’aurait fait dans sa cham­bre. – Jamais par en haut, mais par en bas. Une femme les bras en l’air, avec la tête sous sa robe, c’est dis­gra­cieux. » J’adore les ambiances sul­fureuses et avec ce livre on est en plein dedans.

Un album que tu viens de redé­cou­vrir, et que tu aimes écouter tran­quille­ment, et en entier, instal­lé dans ton canapé ?

Atten­tion je vous préviens j’ai des goûts très très var­iés… La seule façon que j’ai d’être affranchie de toute influ­ence pour com­pos­er ma pro­pre musique tech­no avec authen­tic­ité, c’est soit de ne pas écouter de musique du tout, soit d’écouter des choses à l’opposé de ce que je pro­duis. Voilà pourquoi je me tourne sou­vent vers le rap, la musique clas­sique ou les musiques du monde. On y va pour les révéla­tions ? J’ai un petit pen­chant pour l’album Les Etoiles Vagabon­des de Nek­feu (sor­ti l’an passé). On ressent à quel point il a souf­fert en amour, sa prox­im­ité avec ses amis proches, sa famille, sa fidél­ité dans le tra­vail. C’est quelqu’un qui sem­ble avoir de vraies valeurs. Ses morceaux sont bour­rés d’émotion, de mélan­col­ie et de douceur. Les textes sont telle­ment bien écrits. Un jour j’aimerais bien faire l’instru d’un de ses morceaux. Comme moi, il a une grande fas­ci­na­tion pour le Japon. Avant qu’il ne sorte son album j’avais prévu moi aus­si de faire un titre qui s’appellerait « Takot­subo » (syn­drome du cœur brisé), mais il a été plus rapi­de ! D’ailleurs le refrain de ce morceau est mag­nifique… Autant la mélodie de la sirène der­rière que le texte lui-même… Ça fait un an que j’écoute ses albums en boucle notam­ment quand je nage. Je suis incol­lable sur le sujet !

Un disque pour danser dans son salon ?

Sans hésiter de la pop psy­chédélique thaï­landaise des années 60 ! À cette époque, l’exode rur­al a per­mis au pat­ri­moine musi­cal des paysans arrivés en ville de se mélanger à la cul­ture de Bangkok, nou­v­el Eldo­ra­do occi­den­tal­isé à cause de la guerre du Viet­man. La musique des paysans s’est donc lit­térale­ment « élec­trisée » et le résul­tat est génial. Dans cette com­pil, il y a un morceau qui me touche vrai­ment c’est « Mae kha som tum » de la chanteuse Onu­ma Singsiri, orig­i­naire de l’Isaan, au Nord-Est du pays. Sa voix est unique, un peu cassée. Le morceau a l’air joyeux cepen­dant il racon­te la détresse et le cha­grin d’une vendeuse de salades de papayes épicées (« Som Tam ») dans une sta­tion essence de Bangkok. Elle est triste car ses deux habitués, un beau chauf­feur de taxi et un chauf­feur de tuk-tuk ne vien­nent pas. Il est tard et elle attend toute la nuit en regar­dant la route et ne voit aucun d’entre eux. Elle se demande s’ils se seraient lassés de sa salade pour se ren­dre chez une autre vendeuse. Par­fois un de ses clients la rame­nait chez elle. Elle s’inquiète et se sent oubliée. Elle a le cœur brisé. J’adore la Thaï­lande et en écoutant cette chan­son j’imagine par­faite­ment l’ambiance chaude de cette sta­tion ser­vice en pleine nuit…

Un film à revoir, par­mi les clas­siques qui t’ont marqué ?

Eyes Wide Shut. Mot de passe : Fidelio !

Un jeu à faire en famille ?

Vous pou­vez essay­er le jeu du dic­tio­n­naire ! Chaque joueur doit inven­ter une déf­i­ni­tion à par­tir d’un mot com­pliqué ou trompeur, et on doit vot­er pour la déf­i­ni­tion la plus crédi­ble. C’est génial tu peux par­tir dans de grands délires tout en ren­forçant ton vocabulaire.

Un site Inter­net à fouiller ?

Euh… C’est glauque mais c’est la carte des cas de COVID dans le monde

Un plat que tu aimes cuisiner ?

Pour ma part je suis très « sucre » : cook­ies, moelleux au choco­lat, petits sablés, tout y passe ! Les cock­tails aus­si : Spritz, Pina Cola­da, Moji­to… Mais on n’a plus de cit­ron vert c’est la cat­a­stro­phe. Et Sizo Del Givry (per­cus­sion­niste et réal­isa­teur de clips d’Irène Drésel, ndr) a fait très fort : il vient de finir de con­stru­ire de ses mains un four à piz­za tout en terre et en paille du champ d’à côté. On dirait un four du temps des romains, c’est mag­nifique. On mange des piz­zas mai­son de com­péti­tion. Ma préférée c’est la cal­i­forni­enne, avec de l’ananas. On a aus­si une voi­sine qui nous a don­né deux coqs plumés de sa basse cour. Il y en a un qu’on a con­gelé tan­dis qu’on a mangé l’autre direct !

Une activ­ité que tu aimes faire ces jours-ci ?

Com­pos­er les reworks de mes morceaux exis­tants ! C’est quelque chose que je n’avais jamais eu le temps de faire avant, là je m’éclate. Je les poste sur Sound­cloud avec télécharge­ment libre : c’est mon cadeau du con­fine­ment ! Et sinon du jar­di­nage à fond, il faut s’occuper de la chi­enne et des poules aus­si. Ici c’est 30 mil­lions d’amis ! Avant-hier on a même servi d’accueil à une jeune buse blessée à l’aile. Elle s’est reposée 48h dans le tas de bois et est repar­tie… Aujourd’hui Sizo a com­mencé à con­fec­tion­ner une cou­veuse mai­son, on va essay­er d’avoir des poussins de « Bente », une poule hol­landaise que j’adooooore. Notre coq surnom­mé « Carl Coq » assure grave en matière de copulation.

Carl Coq

Tu as envie de faire quoi en pre­mier à l’ex­térieur quand le con­fine­ment se terminera ?

Direc­tion la piscine ! J’ai un abon­nement illim­ité dans une piscine à 20 min­utes d’ici. Le bassin extérieur est ouvert toute l’année et chauf­fé à 28 degrés avec vue sur les champ, sauna, ham­mam et bains à remous. Mon Dieu, que j’aime cet endroit, j’en ai des fris­sons rien que d’en par­ler ! À part ça je crois qu’on a pas mal de copains qui vont débar­quer ici d’un seul coup dès que ce sera possible !

Tu pré­pares quoi pour cette année ?

Un EP qui sort le 15 mai, et un nou­v­el album qui sor­ti­ra je ne sais pas vrai­ment encore quand mais je suis dessus !

Retrouvez le live d’Irène Drésel lors du Maison Tsugi Festival :