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Irène Drésel et Sizo Del Givry
30 avril 2020

Confiné.e.s avec… Irène Drésel

par Tsugi

Comme une partie du reste du monde, les artistes sont confinés chez eux depuis des semaines. Nous leur avons demandé comment ils occupent leurs journées, avec au passage quelques recommandations culturelles. Aujourd’hui, c’est Irène Drésel qui se prête au jeu.

Tu es où en ce moment ?

Je suis chez moi dans ma maison isolée en plein milieu de la campagne. J’habite là toute l’année, à 100km de Paris.

Le livre que tu lis en ce moment ?

J’ai commencé un livre qu’une copine m’a prêté juste avant le confinement, Strip-Tease de Georges Simenon. C’est un policier mais je n’en suis qu’au début. Pour le moment c’est surtout un magnifique descriptif du quotidien des strip-teaseuses. Voici un passage qui m’a appris comment il fallait se déshabiller correctement ! (rire) « Elle parvint à accrocher un sourire à ses lèvres et, lentement, en fixant M. Léon, elle enleva sa robe noire qu’elle passa par-dessus sa tête, comme elle l’aurait fait dans sa chambre. – Jamais par en haut, mais par en bas. Une femme les bras en l’air, avec la tête sous sa robe, c’est disgracieux. » J’adore les ambiances sulfureuses et avec ce livre on est en plein dedans.

Un album que tu viens de redécouvrir, et que tu aimes écouter tranquillement, et en entier, installé dans ton canapé ?

Attention je vous préviens j’ai des goûts très très variés… La seule façon que j’ai d’être affranchie de toute influence pour composer ma propre musique techno avec authenticité, c’est soit de ne pas écouter de musique du tout, soit d’écouter des choses à l’opposé de ce que je produis. Voilà pourquoi je me tourne souvent vers le rap, la musique classique ou les musiques du monde. On y va pour les révélations ? J’ai un petit penchant pour l’album Les Etoiles Vagabondes de Nekfeu (sorti l’an passé). On ressent à quel point il a souffert en amour, sa proximité avec ses amis proches, sa famille, sa fidélité dans le travail. C’est quelqu’un qui semble avoir de vraies valeurs. Ses morceaux sont bourrés d’émotion, de mélancolie et de douceur. Les textes sont tellement bien écrits. Un jour j’aimerais bien faire l’instru d’un de ses morceaux. Comme moi, il a une grande fascination pour le Japon. Avant qu’il ne sorte son album j’avais prévu moi aussi de faire un titre qui s’appellerait « Takotsubo » (syndrome du cœur brisé), mais il a été plus rapide ! D’ailleurs le refrain de ce morceau est magnifique… Autant la mélodie de la sirène derrière que le texte lui-même… Ça fait un an que j’écoute ses albums en boucle notamment quand je nage. Je suis incollable sur le sujet !

Un disque pour danser dans son salon ?

Sans hésiter de la pop psychédélique thaïlandaise des années 60 ! À cette époque, l’exode rural a permis au patrimoine musical des paysans arrivés en ville de se mélanger à la culture de Bangkok, nouvel Eldorado occidentalisé à cause de la guerre du Vietman. La musique des paysans s’est donc littéralement « électrisée » et le résultat est génial. Dans cette compil, il y a un morceau qui me touche vraiment c’est « Mae kha som tum » de la chanteuse Onuma Singsiri, originaire de l’Isaan, au Nord-Est du pays. Sa voix est unique, un peu cassée. Le morceau a l’air joyeux cependant il raconte la détresse et le chagrin d’une vendeuse de salades de papayes épicées (« Som Tam ») dans une station essence de Bangkok. Elle est triste car ses deux habitués, un beau chauffeur de taxi et un chauffeur de tuk-tuk ne viennent pas. Il est tard et elle attend toute la nuit en regardant la route et ne voit aucun d’entre eux. Elle se demande s’ils se seraient lassés de sa salade pour se rendre chez une autre vendeuse. Parfois un de ses clients la ramenait chez elle. Elle s’inquiète et se sent oubliée. Elle a le cœur brisé. J’adore la Thaïlande et en écoutant cette chanson j’imagine parfaitement l’ambiance chaude de cette station service en pleine nuit…

Un film à revoir, parmi les classiques qui t’ont marqué ?

Eyes Wide Shut. Mot de passe : Fidelio !

Un jeu à faire en famille ?

Vous pouvez essayer le jeu du dictionnaire ! Chaque joueur doit inventer une définition à partir d’un mot compliqué ou trompeur, et on doit voter pour la définition la plus crédible. C’est génial tu peux partir dans de grands délires tout en renforçant ton vocabulaire.

Un site Internet à fouiller ?

Euh… C’est glauque mais c’est la carte des cas de COVID dans le monde

Un plat que tu aimes cuisiner ?

Pour ma part je suis très « sucre » : cookies, moelleux au chocolat, petits sablés, tout y passe ! Les cocktails aussi : Spritz, Pina Colada, Mojito… Mais on n’a plus de citron vert c’est la catastrophe. Et Sizo Del Givry (percussionniste et réalisateur de clips d’Irène Drésel, ndr) a fait très fort : il vient de finir de construire de ses mains un four à pizza tout en terre et en paille du champ d’à côté. On dirait un four du temps des romains, c’est magnifique. On mange des pizzas maison de compétition. Ma préférée c’est la californienne, avec de l’ananas. On a aussi une voisine qui nous a donné deux coqs plumés de sa basse cour. Il y en a un qu’on a congelé tandis qu’on a mangé l’autre direct !

Une activité que tu aimes faire ces jours-ci ?

Composer les reworks de mes morceaux existants ! C’est quelque chose que je n’avais jamais eu le temps de faire avant, là je m’éclate. Je les poste sur Soundcloud avec téléchargement libre : c’est mon cadeau du confinement ! Et sinon du jardinage à fond, il faut s’occuper de la chienne et des poules aussi. Ici c’est 30 millions d’amis ! Avant-hier on a même servi d’accueil à une jeune buse blessée à l’aile. Elle s’est reposée 48h dans le tas de bois et est repartie… Aujourd’hui Sizo a commencé à confectionner une couveuse maison, on va essayer d’avoir des poussins de « Bente », une poule hollandaise que j’adooooore. Notre coq surnommé « Carl Coq » assure grave en matière de copulation.

Carl Coq

Tu as envie de faire quoi en premier à l’extérieur quand le confinement se terminera ?

Direction la piscine ! J’ai un abonnement illimité dans une piscine à 20 minutes d’ici. Le bassin extérieur est ouvert toute l’année et chauffé à 28 degrés avec vue sur les champ, sauna, hammam et bains à remous. Mon Dieu, que j’aime cet endroit, j’en ai des frissons rien que d’en parler ! À part ça je crois qu’on a pas mal de copains qui vont débarquer ici d’un seul coup dès que ce sera possible !

Tu prépares quoi pour cette année ?

Un EP qui sort le 15 mai, et un nouvel album qui sortira je ne sais pas vraiment encore quand mais je suis dessus !

Retrouvez le live d’Irène Drésel lors du Maison Tsugi Festival :

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