Une fête Cracki au Belvédère de Belleville en 2018 / ©Sylvain Di Cristo

Cracki Records : 10 ans de fêtes, d’électro et de pop racontés par ceux qui les ont fait

Il est l’un des plus impor­tants acteurs du renou­veau de la fête en France, le col­lec­tif Crac­ki fête aujour­d’hui les 10 ans de sa divi­sion label. Retour ensem­ble sur dix années de fêtes et de musique pop et élec­tron­ique qui ont réveil­lé la cap­i­tale et la France ; une his­toire orale qui débute à une époque où tout restait à con­stru­ire, où Con­crete n’ex­is­tait pas et où le Social Club s’ap­pelait encore le Tryptique.

Rassem­blée en 2009 sous la forme d’un col­lec­tif par Dona­tien Cras de Bell­e­val et François Kraft, l’entité Crac­ki a depuis essaimé à tra­vers un label (où s’ébattent Agar Agar, l’Impératrice, Isaac Delu­sion, Renart ou Saint DX), de mul­ti­ples évène­ments fes­tifs, sauvages comme offi­ciels, à l’exemple du fameux Mac­ki Music Fes­ti­val et aus­si la struc­ture Pedro Book­ing. Le tout en imposant avec déli­catesse et tal­ent leur son, pop, syn­thé­tique et mélan­col­ique, à une scène française qui tour­nait en rond. À l’occasion de la sor­tie de la com­pi­la­tion Mémoires d’Éléphant #3 qui fête les dix ans d’existence de Crac­ki Records, Dona­tien, François et Théo (ex du groupe Caan­dides et désor­mais lancé dans le pro­jet Yen Yen) ont égrené les sou­venirs de cette drôle d’aventure.

« Le label est lié à ce goût pour l’aventure, on l’a lancé comme nos autres pro­jets — en s’amusant, en voy­ageant, en apprenant — il aurait pu dur­er deux semaines et se planter, dix ans après il est tou­jours là. »

 

Les débuts

Dona­tien : On est tous les deux Parisiens, on s’est ren­con­tré au lycée au détour d’un iPod, François m’a prêté le sien, il y avait plein de groupes que j’écoutais à l’époque. On allait en con­cert tout le temps, on écrivait des chroniques de dis­ques dans le mag­a­zine, Kei­th, qu’avait mon­té un ami. C’était l’époque de Myspace, on pas­sait nos journées à décou­vrir des groupes et on s’est vite ren­du compte que cer­tains n’avaient pas de labels, n’étaient pas défendus, et ça nous a don­né cette envie de mon­ter Cracki.

François : Avant, on a beau­coup voy­agé, on a mon­té plein de pro­jets comme cette asso­ci­a­tion de mobylettes avec laque­lle on a fait 7 500 kilo­mètres en un mois. Le label est lié à ce goût pour l’aventure, on l’a lancé comme nos autres pro­jets — en s’amusant, en voy­ageant, en apprenant — il aurait pu dur­er deux semaines et se planter, dix ans après, il est tou­jours là.

Dona­tien : On était plus fêtards que clubbeurs, on allait énor­mé­ment en con­cert où on dépen­sait tout notre fric, mais le con­cept de cul­ture club n’a jamais été vrai­ment notre truc. On a com­mencé le label d’une cer­taine manière à l’encontre de ça, en faisant des soirées dans des ware­hous­es, des usines, des squats, on avait envie d’explorer des lieux, faire des choses moins cadrées et aus­si plus acces­si­bles financièrement.

François : On préférait les con­certs et les fêtes entre amis que les clubs car on trou­vait que c’était trop cher, qu’il n’y avait pas de folie, que les rap­ports soci­aux étaient cal­culés. On a un peu traîné au Rex, au Show­case et au Tryp­tique (avant que ça ne devi­enne le Social Club), mais c’était une autre scène dans laque­lle on ne se retrou­vait pas. Les fêtes qu’on a lancées étaient en réac­tion à ce qu’on trou­vait chi­ant dans les clubs, c’était moins fliqué par les videurs, les prix étaient plus attrac­t­ifs, il y avait plus de lib­erté de mou­ve­ment, les inter­ac­tions entre les gens étaient facil­itées. On s’est vite ren­du compte que plus on don­nait de lib­erté aux gens, plus ils s’amusaient et plus ils étaient sym­pas en retour et n’enfreignaient pas les règles.

Dona­tien : C’est aus­si lié à nos voy­ages à Berlin ou en Suède où il y avait cette cul­ture de l’open air qu’on a trans­posé lors de nos pre­mières gross­es fêtes sous le belvédère du parc Belleville. On rame­nait des canapés, ça durait toute la journée, on com­mençait avec du folk pour ter­min­er avec de l’acid. Tout le monde se mélangeait, les las­cars du coin, les bobos, les bourges, les habitués du quarti­er, des vieux, des club­bers, des par­ents, ce mélange improb­a­ble nous exci­tait beaucoup.

Mar­tin, François et Dona­tien de Crac­ki / ©Marine Billet

La fête

Les fêtes qu’on a lancées étaient en réac­tion à ce qu’on trou­vait chi­ant dans les clubs.”

François : Je pense qu’involontairement on a fait un truc qu’on ressen­tait et tous nos potes aus­si, il y avait une manière trop can­ton­née de se diver­tir et là ça deve­nait plus orig­i­nal, libre et dif­férent aus­si, et puis il y avait aus­si toute l’influence berlinoise.

Dona­tien : Tous les Parisiens qui, à l’époque, avaient peur de tra­vers­er le périph pour aller danser, com­mençaient à le faire et ça deve­nait exci­tant, c’était le début du Grand Paris.

Théo : Je n’étais pas trop fête en club et c’est vrai que c’est en allant à Berlin que j’ai décou­vert cette autre manière de club­ber qui n’avait pas d’équivalent à Paris.

Dona­tien : Il y avait un côté agres­sif dans le club­bing de l’époque avec les videurs et les physio genre “toi tu ren­tres, toi tu ne ren­tres pas”. Nous, on aimait les choses libres et ouvertes à tout le monde.

François : Nos fêtes, ce n’était pas juste une ques­tion de son, c’était une autre con­cep­tion de la fête. Notre par­ti pris n’a jamais été « No stand­ing, just danc­ing », mais le con­traire, il y avait tou­jours des salles avec des canapés pour les gens qui voulaient papot­er, se pos­er ou se met­tre un peu en retrait du son pour y retourn­er ensuite. Et aus­si des activ­ités, des coif­feurs, des tatoueurs, des jeux, l’idée c’était de prof­iter de l’espace et qu’on se sente libre.

Et tout le monde vient aux fêtes de Crac­ki, vrai­ment tout le monde… ©Syl­vain Di Cristo

Dona­tien : Une des pre­mières fêtes qu’on a organ­isées c’est quand on trainait tout le temps dans le 5ème arrondisse­ment. Ils étaient en train de rénover le Col­lège Sainte-Barbe, on a repéré un toit acces­si­ble via les échafaudages avec une vue superbe sur le Pan­théon et quelques semaines après on a rameuté plein de gens, on leur a expliqué com­ment grimper tout en haut, on a instal­lé une sono puis les flics ont débar­qué et nous ont pour­suivi, on a sen­ti la bouf­fée d’adrénaline de faire un truc interdit.

François : On a tou­jours un peu triché avec les règles. Par exem­ple, on avait repéré une usine, on a demandé au pro­prié­taire de nous la louer pour organ­is­er l’anniversaire d’un pote, qu’on ne serait pas plus d’une ving­taine, et finale­ment ça c’est fini en rave avec 2 000 per­son­nes. Ce sont des trucs de gamins, il faut ruser autrement tu n’arrives pas à organ­is­er une fête, parce qu’il faut une autori­sa­tion de la pré­fec­ture, une de la mairie, une du com­mis­sari­at local, une des pom­piers… Donc tu racon­tes un truc à l’un et pas à l’autre, tu mens sur les jauges, et t’arrives à chop­er dix milles papiers qui te per­me­t­tent juste de lancer ton évène­ment. Et si un agent munic­i­pal se pointe et demande ce qu’il se passe, le temps qu’il com­prenne avec toutes ces paperass­es si c’est autorisé ou pas, la fête est finie !

François : On fai­sait des tours en ban­lieue pour dénich­er des spots orig­in­aux, mais avec la réha­bil­i­ta­tion actuelle, les usines détru­ites pour faire des loge­ments, y a plus beau­coup de lieux inso­lites, il faut désor­mais s’enfoncer beau­coup plus loin en ban­lieue, bien après le périphérique. Nos évène­ments, curieuse­ment, ont rapi­de­ment bien marché, on a com­mencé par des petits trucs comme cette cave rue Lafayette où on fai­sait ren­tr­er 50 per­son­nes au max­i­mum, mais dès qu’on a investi une anci­enne usine, on a fait direct 800 entrées. On n’a jamais eu de mal à faire venir les gens, le bouche à oreille et les réseaux soci­aux – qui n’étaient pas aus­si omniprésents qu’aujourd’hui – nous aidaient beau­coup. Et puis ce n’était pas cher, 5 euros l’entrée, notre but n’était pas de gag­n­er de l’argent mais juste de ne pas en per­dre. Ce qui est cer­tain, c’est que ça nous a aidé à lancer le label Crac­ki car on avait avec nous un pub­lic qui nous fai­sait confiance.

 

Le label

« Notre objec­tif c’était de faire un label, de pro­duire des dis­ques, c’est ce qui nous fai­sait vrai­ment vibr­er, plus que d’organiser nos pre­mières soirées. »

Dona­tien : Déjà, quand on écrivait des chroniques pour le mag­a­zine Kei­th, on avait en tête l’idée de mon­ter un label, d’avoir notre pro­pre struc­ture et quand on a lancé Crac­ki, on était tous plus tournés vers l’international que vers la French Touch, on écoutait beau­coup de musique anglaise et améri­caine, on était plus Warp qu’Ed Banger, plus Aphex Twin que Mr Oizo.

François : Les fêtes c’était bien mais tem­po­raire, l’idée depuis le début c’était de mon­ter Crac­ki Records et les soirées nous ont per­mis de réfléchir, de com­pren­dre com­ment faire, de créer notre pro­pre scène. Mais notre objec­tif a tou­jours été de faire un label, de pro­duire des dis­ques, c’est ce qui nous fai­sait vrai­ment vibr­er, plus que d’organiser nos pre­mières soirées.

©Marine Bil­let

Dona­tien : On ne con­nais­sait rien, on n’avait pas fait un seul stage en mai­son de dis­ques, c’était de la pure décou­verte. Et en plus, on est arrivé au le pire moment pour lancer un label. Je me sou­viens que Tsu­gi avait écrit : « Qui est assez fou pour lancer un label en ce moment ? » C’était la crise du disque, l’industrie touchait le fond, les ventes physiques s’écroulaient, iTunes pointait le bout de son nez et tout se trans­for­mait avec le dig­i­tal et le streaming.

François : Le milieu de la musique était vieil­lis­sant et sclérosé, il n’y avait plus de jeunes, plus de propo­si­tions nou­velles. À l’époque, les majors avec leur lour­deur de fonc­tion­nement ne savaient pas com­ment réa­gir au télécharge­ment illé­gal, au stream­ing, aux réseaux soci­aux. Elles étaient frileuses, elles pen­saient con­tin­uer à ven­dre des CDs et du coup on a peut-être mon­tré une nou­velle voie.

Dona­tien : Je pense que les réseaux soci­aux comme Face­book nous ont beau­coup aidé à cette péri­ode, et nous ont propul­sé car on avait, du fait de nos soirées, un nom­bre d’abon­nés bien plus impor­tant que plein de labels installés.

François : Sans compter qu’à l’époque sur Face­book, il n’y avait pas de fil­tre comme aujourd’hui. Quand tu postais un truc et que tu avais 45 000 abon­nés, qua­si­ment tous le voy­aient. Aujourd’hui si tu as 5 likes, tu peux t’’estimer heureux !

François : On ne se con­sid­ère pas comme un label élec­tron­ique même si les évène­ments qu’on organ­ise le sont beau­coup plus, car c’est aus­si la fête qui veut ça. Si tu regardes sur qua­tre ou cinq sor­ties du label, il y en a qu’une pure­ment élec­tron­ique ; on cherche tou­jours des tex­tures orig­i­nales et com­plex­es, des univers dif­férents, pas juste des tools pour DJ’s. Notre but n’est pas de nour­rir le flux des musiques électroniques.

 

Les Cracki stars

« On a besoin d’écouter les démos, d’aller en stu­dio avec les artistes, d’échanger sur le visuel ou la com­mu­ni­ca­tion. En se con­nais­sant humaine­ment on se com­prend mieux artistiquement. »

Dona­tien : Notre pre­mière sig­na­ture a été Isaac Delu­sion, ils venaient à nos fêtes mais on ne les a pas ren­con­trés comme ça. On avait écouté leur Myspace et il y avait des super démos, donc on s’est débrouil­lé pour aller en stu­dio avec un ami ingé son et on a décou­vert leur pre­mier qua­tre titres avec eux. C’était magique.

François : C’était la débrouille totale. On avait un ami qui fai­sait des dou­blages de doc­u­men­taires et de jeux vidéo et il avait réus­si à emprunter la cab­ine un dimanche après-midi et c’est comme ça qu’on a enreg­istré le pre­mier EP.

Théo : Avec Caan­dides, notre rêve c’était de sign­er chez Warp et je ne savais pas que c’était un de vos labels de référence. Ce qu’on appré­ci­ait chez Warp, c’était la richesse et la ver­sa­til­ité des gen­res. On avait été approché par pas mal de pro­fes­sion­nels mais qui avaient du mal avec le fait de pren­dre l’intégralité de notre musique telle qu’elle était. Ils voulaient tou­jours chang­er quelque chose, les chan­sons pop c’était OK mais les morceaux plus expéri­men­taux avec une recherche sur le son, ça ne les intéres­sait pas et Crac­ki a été le pre­mier label à nous dire : « On prend tout. »

François : Pour qu’on signe un groupe ou un artiste, il faut trois con­di­tions : la pre­mière c’est le liant artis­tique, c’est-à-dire la musique parce que c’est le cœur de notre tra­vail, mais aus­si parce qu’on n’a jamais sor­ti un pro­jet avec un gros poten­tiel com­mer­cial mais qui ne nous plai­sait pas. Après c’est l’humain, il faut qu’on s’entende bien avec nos sig­na­tures, si la vibe n’est pas présente, c’est com­pliqué, car on est une petite struc­ture famil­iale et on se réu­nit pour des réu­nions de tra­vail mais aus­si pour boire des coups. La troisième con­di­tion, c’est l’aspect busi­ness, car même si la musique est bonne et qu’on s’entend bien avec les artistes, si on ne trou­ve pas la bonne stratégie pour ven­dre le pro­jet, alors ce n’est pas la peine de per­dre du temps.

Dona­tien : On n’aime pas trop les one-shot car le développe­ment et la car­rière d’un artiste pren­nent sou­vent du temps et il faut par­fois plusieurs dis­ques pour que le proces­sus se mette en route. Quand on sort un seul disque, on a un peu un sen­ti­ment d’inachevé, de ne pas être allé jusqu’au bout. En ce qui me con­cerne, ça m’excite plus de tra­vailler sur le long terme avec un artiste et de con­stru­ire quelque chose.

François : On joue sur la longueur, on est plus qual­i­tatif que quan­ti­tatif, on signe un ou deux artistes nou­veaux par an, pas plus, car avoir peu de pro­jets nous per­met aus­si d’apporter un accom­pa­g­ne­ment sur mesure. On a envie d’être disponible tout le temps pour toutes les sig­na­tures du label, les suiv­re et les com­pren­dre, et ça demande du temps. Sor­tir un tube, et puis “bye, bon vent”, ce n’est pas notre idée du méti­er. On a besoin d’écouter les démos, d’aller en stu­dio avec les artistes, d’échanger sur le visuel ou la com­mu­ni­ca­tion. En se con­nais­sant humaine­ment on se com­prend mieux artistiquement.

Théo : Je ne sais pas si c’est que j’attendais d’un label mais je suis con­tent de voir que les gars de Crac­ki étaient con­tents et avaient envie de con­tin­uer l’aventure avec moi après Caan­dides. Pour être franc, j’étais un peu dans une sorte de flou artis­tique et de remise en ques­tion, et j’ai ren­con­tré Saint DX qui était en train de sor­tir son pre­mier EP solo chez eux, et mes per­spec­tives se sont con­solidées et m’ont per­mis de renouer le lien avec Cracki.

François : Ce qui nous fait vibr­er c’est de suiv­re un pro­jet de A à Z, mais surtout d’avoir créé une famille avec nos artistes. On aime les faire se ren­con­tr­er et tra­vailler ensem­ble. Ça peut paraître un peu con, mais tous les ans, on organ­ise une raclette de Noël où on invite tout le monde et quand on signe un nou­v­el artiste ou un groupe, on le présente aux autres. C’est impor­tant pour nous qu’ils sachent que s’ils ont besoin d’un coup de main, par exem­ple de quelqu’un qui joue de la gui­tare, on a la per­son­ne qui peut leur con­venir. On n’est pas une secte, mais une famille ! On n’a pas l’ambition de devenir un énorme label comme Pias ou Beg­gars, encore moins de devenir une major. Je crois vrai­ment que plus tu deviens gros et moins tu peux gér­er un pro­jet comme on entend le faire, c’est-à-dire garder la main de A à Z tout en tra­vail­lant avec des gens qui sont des amis.

 

Des fêtes au Macki Festival

« On a un peu touché à tout, pour voir ce qui se passe et pour mieux com­pren­dre les rouages, en faisant le tour de tous les métiers autour de la musique. »

François : Quand on a lancé le fes­ti­val Mac­ki, en fait on n’y avait pas vrai­ment réfléchi, c’est plutôt le fait du hasard. On avait envie d’organiser un gros open air, et à cette époque on a ren­con­tré la Mamie’s qui fai­sait qua­si­ment la même chose que nous et on est devenu potes. On a trou­vé un spot qui était telle­ment cool qu’on s’est dit “pourquoi plutôt ne pas faire deux open air à la suite”, et de fil en aigu­ille ça s’est mis à ressem­bler à un fes­ti­val. C’était vrai­ment le hasard, un truc spon­tané, une fête grand for­mat qui s’est trans­for­mée, mais il n’y avait aucun cal­cul de notre part. Du coup, avec Dona­tien et deux autres asso­ciés, on a mon­té il y a qua­tre ans une struc­ture par­al­lèle, Pedro Book­ing, de pro­duc­tion de spec­ta­cles, ce qui nous per­met d’organiser des évène­ments, de faire du book­ing, de plac­er nos artistes et de pro­pos­er des con­tenus musi­caux. On a lancé plusieurs fes­ti­vals partout en France : le Cen­tral à Pan­tin, le Bye Bye à Toulouse, le Mirello à Mar­seille, le Loop­ing à Mon­treuil avec Jérémie de la Mar­brerie, mais c’est une autre struc­ture, quelque chose de dif­férent, ce n’est pas le cœur de notre activ­ité qui reste le label Crac­ki. Notre volon­té pre­mière, c’est de sor­tir des dis­ques, et en ce moment on se recen­tre beau­coup là-dessus. On a un peu touché à tout, pour voir ce qui se passe et pour mieux com­pren­dre les rouages, en faisant le tour de tous les métiers autour de la musique. On se rend compte que ce qu’on aime, c’est faire de la prod, aller en stu­dio, sor­tir des dis­ques, met­tre en lien les artistes ensem­ble. Et c’est pour ça qu’on a mon­té un sec­ond label, Goutte d’Or Records, inspiré par ce que fait Dek­man­tel, plus tourné vers le live et moins le dance­floor, où on mélangerait l’analogique, le rock, les gui­tares, les bass­es, la bat­terie, mais le tout baig­nant dans un envi­ron­nement électronique.

 

Cracki fête ses 10 ans

« Effec­tive­ment, il y a une colonne vertébrale électro-pop et mélan­col­ique chez Crac­ki. On est de grands romantiques. »

François : On ne se rend pas bien compte si on a instal­lé un son Crac­ki ou pas, car on tra­vaille en regar­dant vers l’avenir et pas dans le rétro­viseur. Quand on a sor­ti la pre­mière com­pi­la­tion pour fêter les cinq ans du label, ça nous a per­mis de faire le point et de se ren­dre compte qu’il y avait une cer­taine cohérence musi­cale alors qu’on a tout fait à la volée, en mode spon­tané et coup de cœur. Mais effec­tive­ment, il y a une colonne vertébrale électro-pop et mélan­col­ique chez Crac­ki. On est de grands romantiques.

Théo : Moi, mon plus beau sou­venir, c’est quand on a fait un con­cert avec Caan­dide aux Nuits Sonores mais dans le cir­cuit périphérique du fes­ti­val. On n’a pas pu entr­er aux Nuits Sonores offi­cielles qui étaient réservées aux gross­es têtes d’affiche, du coup on s’est rabat­tu sur l’appartement qu’on nous prê­tait et François a com­mencé à nous racon­ter des his­toires toute la nuit. Je me suis endor­mi et quand je me suis réveil­lé il était tou­jours à nar­rer l’histoire d’animaux de la jungle.

François : Pour moi, la plus belle réus­site ce serait Agar Agar, car quand on a ren­con­tré Armand et Clara, ils avaient juste fait un morceau ensem­ble et ils n’avaient aucune volon­té de mon­ter un groupe et dis­ons qu’on les a un peu mis face à face en leur dis­ant de le faire. On a tout con­stru­it avec eux de A à Z et le pro­jet a été très loin, en un an et demi on est passé d’un con­cert au Petit Bain à l’Olympia sold-out. Là, on tra­vaille avec eux sur leur deux­ième album et c’est vrai­ment un suc­cès autant artis­tique qu’humain. Par con­tre, notre plus grosse plan­tade, c’est la pre­mière édi­tion du fes­ti­val Mac­ki, on a fait un truc gigan­tesque avec des coûts exor­bi­tants en pen­sant que ça allait car­ton­ner. Ça a été la cat­a­stro­phe, il a plus à verse pen­dant les deux jours, on attendait 3 000 per­son­nes, 700 sont venues, on avait un parte­nar­i­at avec une boite de cham­pagne mais les serveurs ser­vaient des pintes de 50 cl à la place des 12cl régle­men­taires, les artistes n’avaient pas d’endroit où se pos­er, on a per­du un fric fou, c’était la loose totale, un peu notre Fyre Fes­ti­val à nous. Mais on a tout repris à zéro et c’est l’essentiel !

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