Crédit : Coley Brown

Dégustation à l’aveugle : on a fait jouer Mac DeMarco au blindtest

Le loufoque Cana­di­en Mac DeMar­co sort un bel album de folk apaisé et s’est posé avec nous le temps d’un blind­test très chic. Vous con­nais­sez le blue angel ?

 

  • Red Hot Chili Pep­pers — “True Men Don’t Kill Coyotes”
    Extrait de l’album The Red Hot Chili Peppers

(Il cherche)

Ce sont les Red Hot, un vrai groupe de Los Ange­les, où tu as récem­ment déménagé.
L.A. me fai­sait un peu flip­per, le côté étalé, je ne com­pre­nais pas bien où les gens vivaient, il fait tou­jours chaud, j’avais l’impression que chaque journée était la même. Puis cer­tains de mes musi­ciens y ont démé­nagé et j’ai com­pris l’attrait de la ville. Alors on y a emmé­nagé avec ma copine. C’est une ville où tu peux trou­ver tout ce dont tu peux avoir envie, il suf­fit de rouler un peu plus loin… et aus­si ce dont tu n’as pas envie. C’est un endroit bizarre. Voir le pan­neau Hol­ly­wood en haut de la colline m’a quand même bien fait marrer.

À quoi ressem­ble ton quartier ?
C’est assez petit et relax, vers Echo Park, les gens ont de l’espace, il y a beau­coup de jeunes et de musi­ciens. À New York, à cause des prix, on vivait très loin de tout et aucun copain ne squat­tait jamais à la mai­son, là c’est assez agréable, les gens arrivent jusqu’à nous. On a acheté une mai­son, qu’on retape lente­ment, c’est cher, mais c’est notre petit pro­jet à deux.

 

  • Make­out Video­tape — “Bas­ket­ball Kids”
    Extrait de l’EP Heat Wave !

Mon pre­mier EP, il y a huit ans, c’est assez mar­rant à réé­couter, je n’en ai pas honte. C’est un peu comme un jour­nal intime, l’époque où j’enregistrais dans un garage à Van­cou­ver. Comme je démé­nage beau­coup, j’aime bien avoir ces sou­venirs musi­caux. À l’époque je bos­sais chez Star­bucks dans un quarti­er bizarre, loin, dans la ban­lieue viet­nami­enne. Je vivais avec quelques étu­di­ants et je me demandais ce que je foutais là. Mais c’était mon pre­mier grand démé­nage­ment loin d’Edmonton, alors j’étais con­tent. Je suis retourné briève­ment à Edmon­ton, j’ai ren­con­tré ma copine Kira et on a démé­nagé à Montréal.

Où tu as eu des boulots étranges, paraît-il.
Oui, notam­ment des tests médi­caux, à une époque j’en calais cinq par semaine. Je n’ai jamais été jusqu’à tester des médica­ments, quelques copains l’ont mal vécu, mais on étu­di­ait mon corps, on me fai­sait pass­er des tests de mémoire, des tests psy­chologiques, etc. J’ai aus­si net­toyé de vieux restau­rants dégueu­lass­es, bossé sur des chantiers, etc.

 

  • The Wet Secrets — “I Can Swing A Hammer”
    Extrait de l’album The Tyran­ny Of Objects

The Wet Secrets est un groupe de chez moi, Edmon­ton, un de mes meilleurs amis y jouait quand on était plus jeunes. C’est une ville froide et sèche, plus grande qu’on ne pour­rait le penser, il doit y avoir un mil­lion d’habitants, même si per­son­ne ne sait la plac­er sur une carte : c’est au milieu, dans le Nord. Quand j’étais au lycée, j’étais chanceux, il y avait une bonne scène musi­cale, j’allais aux con­certs des Wet Secrets par exem­ple. Mais si un groupe com­mence à percer, il bouge vite, à Van­cou­ver ou Toron­to. La ville vit par vagues, il y a une scène intéres­sante, puis plus aucun groupe.

Toi aus­si tu avais ton groupe pour jouer à la fête du lycée ?
Non, je jouais dans des petites salles pour­ries. Avant au Cana­da, on avait le droit de jouer dans des bars en étant mineur, si on venait avec une let­tre de déro­ga­tion, un truc que tu devais imprimer et faire sign­er par tes par­ents. (rires)

 

  • Roy Orbi­son — “Blue Angel”
    Extrait de l’album Lone­ly and Blue

Roy Orbi­son ! Oh, toi tu as vu que je pra­ti­quais le “blue angel” sur Insta­gram… (rires) Un pet, en soi c’est déjà drôle, mais si en plus tu lui ajoutes un aspect visuel en l’allumant avec un bri­quet, c’est encore plus fun ! C’est ça, un blue angel. Il y a une grosse com­mu­nauté de fans sur YouTube… J’adore YouTube, même si l’Internet est un sacré bor­del main­tenant… mais tu peux tou­jours y trou­ver des freaks en cher­chant bien, des esthètes du pet. Un con­seil quand tu pra­tiques le blue angel, fais-le avec un pan­talon, sinon on voit à l’intérieur de ton cul.

 

  • Tops — “Way To Be Loved”
    Extrait de l’album Pic­ture You Staring

Tops, ce sont de vieux copains de mon époque mon­tréalaise. J’ai même joué de la basse avec eux il y a longtemps et Dave de Tops a joué dans mon groupe aus­si. Je jouais à Mon­tréal au moment où ils tour­naient le clip de ce morceau, alors je me suis retrou­vé dans le champ de la caméra.

On voy­ait déjà ton cul sur scène, dans ce clip tu nous offres encore plus.
Pour je ne sais quelle rai­son pen­dant le tour­nage l’une de mes couilles est sor­tie. On était bourrés.

Te foutre à poil, est-ce une source de plaisir ?
Au début c’était le plaisir de cho­quer : “Il a car­ré quoi dans son cul ? C’est fou !” Main­tenant c’est une habi­tude donc ça ne choque plus per­son­ne, même de met­tre une robe et du rouge à lèvres. De toute façon cela ne devrait pas cho­quer, en quoi est-ce choquant ? Aujourd’hui c’est surtout quand je suis bour­ré… Il faut dire aus­si que j’ai gran­di au Cana­da, dans un pays où les mecs étaient baraqués, mus­clés, on me traitait de tapette avec mes jeans slims, les mecs se foutaient de moi genre : “Tu la veux, chérie.” De gros beaufs quoi ! Peut-être que mon com­porte­ment est né de ça.

On t’a vu sur les clips des autres, dans un film d’horreur, dans un court-métrage, dans un sketch comique. Tu as envie d’être acteur ?
Non, ce sont tou­jours des pro­jets d’amis où je rends ser­vice ! L’histoire la plus étrange c’est celle du film d’horreur ama­teur. Un gamin avait trou­vé mon adresse sur Inter­net, il est venu chez moi, m’a dit qu’il était un copain de cette fille que je con­nais­sais de Philadel­phie. Il m’a demandé de lire un truc devant sa caméra sur mon lit, j’ai dit oui et il a édité le trail­er de manière à ce qu’on pense que je jouais dans le film (Dark Prism sur YouTube, ndr). C’était un coup tor­du, mais ce n’est pas grave. Sauf que les sites de musique en ont beau­coup parlé.

Les Pitch­fork et com­pag­nie par­lent telle­ment de toutes les bêtis­es que tu fais qu’on en oublierait presque que tu es musicien.
C’est un peu étrange, mais quand je sors mes chan­sons je me dis qu’elles ne m’appartiennent plus et que c’est pareil pour mon per­son­nage pub­lic, l’Internet est un endroit bizarre où je ne m’appartiens plus vrai­ment. Ce qui me plaît, c’est que ça plonge les gens dans la con­fu­sion, il doit y avoir des gamins qui me trou­vent cool, mais ne savent pas que je suis musi­cien. Peut-être que ça dis­trait de ma musique, que c’est la meilleure pro­mo que je puisse avoir, je ne sais pas.

 

  • Tyler, The Cre­ator — “Tamale”
    Extrait de l’album Wolf

C’est Tyler. Je l’ai ren­con­tré après qu’il m’ait pro­posé de pass­er en stu­dio sur Twit­ter. Je pen­sais qu’on allait jam­mer, mais il avait tout prévu, une chan­son pour Adult Swim (émis­sion comique améri­caine, ndr). Pour la vidéo, il m’a dit de danser et me frot­ter con­tre une grand-mère. (rires) Mais lui a osé plus que moi, elle dis­ait : “Oh, mon petit-fils va ador­er.” On a men­ti en dis­ant qu’on pré­parait un album ensem­ble, on ne s’est vus que deux fois.

 

  • Wal­ter TV — “Can­dles”
    Extrait de l’album Blessed

C’est le groupe de Joe, l’un de mes musi­ciens, et de Pierce, qui l’était aus­si aupar­a­vant. Ce que tu ne sais pas, c’est que moi aus­si j’ai joué pour Wal­ter TV il y a longtemps, à Vancouver.

Tu encour­ages tes ouailles à vol­er de leurs pro­pres ailes, quitte à quit­ter ton groupe ?
Tous mes musi­ciens sont tou­jours des vieux copains. Quand ils n’en peu­vent plus, qu’ils veu­lent faire autre chose, tant mieux pour eux, ils doivent faire ce qu’ils veu­lent, ils ont déjà don­né beau­coup de temps pour ma musique. Pas de pres­sion. Le souci, c’est qu’à chaque tournée on fait la fête, puis on décide de se calmer, mais un nou­veau pote rejoint l’équipe et veut faire la fête comme au pre­mier jour, alors on doit le suiv­re ! C’est un cer­cle vicieux.

 

  • Mac DeMar­co — “On The Level”
    Extrait de l’album This Old Dog

Mon nou­v­el album ! Il y a des choses un peu plus per­son­nelles, alors sor­tir ces morceaux est plus angois­sant. Mais je ne fais pas de la musique rigolote d’habitude, je n’ai aucun prob­lème avec l’idée d’être sincère. C’est juste que mon écri­t­ure est plus directe… J’ai écrit beau­coup de ces chan­sons en pen­sant que je ne les ferais jamais écouter à personne.