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Crédit : Coley Brown
9 juin 2017

Dégustation à l’aveugle : on a fait jouer Mac DeMarco au blindtest

par Francois Blanc

Le loufoque Canadien Mac DeMarco sort un bel album de folk apaisé et s’est posé avec nous le temps d’un blindtest très chic. Vous connaissez le blue angel ?

 

  • Red Hot Chili Peppers – « True Men Don’t Kill Coyotes »
    Extrait de l’album The Red Hot Chili Peppers

(Il cherche)

Ce sont les Red Hot, un vrai groupe de Los Angeles, où tu as récemment déménagé.
L.A. me faisait un peu flipper, le côté étalé, je ne comprenais pas bien où les gens vivaient, il fait toujours chaud, j’avais l’impression que chaque journée était la même. Puis certains de mes musiciens y ont déménagé et j’ai compris l’attrait de la ville. Alors on y a emménagé avec ma copine. C’est une ville où tu peux trouver tout ce dont tu peux avoir envie, il suffit de rouler un peu plus loin… et aussi ce dont tu n’as pas envie. C’est un endroit bizarre. Voir le panneau Hollywood en haut de la colline m’a quand même bien fait marrer.

À quoi ressemble ton quartier ?
C’est assez petit et relax, vers Echo Park, les gens ont de l’espace, il y a beaucoup de jeunes et de musiciens. À New York, à cause des prix, on vivait très loin de tout et aucun copain ne squattait jamais à la maison, là c’est assez agréable, les gens arrivent jusqu’à nous. On a acheté une maison, qu’on retape lentement, c’est cher, mais c’est notre petit projet à deux.

 

  • Makeout Videotape – « Basketball Kids »
    Extrait de l’EP Heat Wave !

Mon premier EP, il y a huit ans, c’est assez marrant à réécouter, je n’en ai pas honte. C’est un peu comme un journal intime, l’époque où j’enregistrais dans un garage à Vancouver. Comme je déménage beaucoup, j’aime bien avoir ces souvenirs musicaux. À l’époque je bossais chez Starbucks dans un quartier bizarre, loin, dans la banlieue vietnamienne. Je vivais avec quelques étudiants et je me demandais ce que je foutais là. Mais c’était mon premier grand déménagement loin d’Edmonton, alors j’étais content. Je suis retourné brièvement à Edmonton, j’ai rencontré ma copine Kira et on a déménagé à Montréal.

Où tu as eu des boulots étranges, paraît-il.
Oui, notamment des tests médicaux, à une époque j’en calais cinq par semaine. Je n’ai jamais été jusqu’à tester des médicaments, quelques copains l’ont mal vécu, mais on étudiait mon corps, on me faisait passer des tests de mémoire, des tests psychologiques, etc. J’ai aussi nettoyé de vieux restaurants dégueulasses, bossé sur des chantiers, etc.

 

  • The Wet Secrets – « I Can Swing A Hammer »
    Extrait de l’album The Tyranny Of Objects

The Wet Secrets est un groupe de chez moi, Edmonton, un de mes meilleurs amis y jouait quand on était plus jeunes. C’est une ville froide et sèche, plus grande qu’on ne pourrait le penser, il doit y avoir un million d’habitants, même si personne ne sait la placer sur une carte : c’est au milieu, dans le Nord. Quand j’étais au lycée, j’étais chanceux, il y avait une bonne scène musicale, j’allais aux concerts des Wet Secrets par exemple. Mais si un groupe commence à percer, il bouge vite, à Vancouver ou Toronto. La ville vit par vagues, il y a une scène intéressante, puis plus aucun groupe.

Toi aussi tu avais ton groupe pour jouer à la fête du lycée ?
Non, je jouais dans des petites salles pourries. Avant au Canada, on avait le droit de jouer dans des bars en étant mineur, si on venait avec une lettre de dérogation, un truc que tu devais imprimer et faire signer par tes parents. (rires)

 

  • Roy Orbison – « Blue Angel »
    Extrait de l’album Lonely and Blue

Roy Orbison ! Oh, toi tu as vu que je pratiquais le “blue angel” sur Instagram… (rires) Un pet, en soi c’est déjà drôle, mais si en plus tu lui ajoutes un aspect visuel en l’allumant avec un briquet, c’est encore plus fun ! C’est ça, un blue angel. Il y a une grosse communauté de fans sur YouTube… J’adore YouTube, même si l’Internet est un sacré bordel maintenant… mais tu peux toujours y trouver des freaks en cherchant bien, des esthètes du pet. Un conseil quand tu pratiques le blue angel, fais-le avec un pantalon, sinon on voit à l’intérieur de ton cul.

 

  • Tops – « Way To Be Loved »
    Extrait de l’album Picture You Staring

Tops, ce sont de vieux copains de mon époque montréalaise. J’ai même joué de la basse avec eux il y a longtemps et Dave de Tops a joué dans mon groupe aussi. Je jouais à Montréal au moment où ils tournaient le clip de ce morceau, alors je me suis retrouvé dans le champ de la caméra.

On voyait déjà ton cul sur scène, dans ce clip tu nous offres encore plus.
Pour je ne sais quelle raison pendant le tournage l’une de mes couilles est sortie. On était bourrés.

Te foutre à poil, est-ce une source de plaisir ?
Au début c’était le plaisir de choquer : « Il a carré quoi dans son cul ? C’est fou ! » Maintenant c’est une habitude donc ça ne choque plus personne, même de mettre une robe et du rouge à lèvres. De toute façon cela ne devrait pas choquer, en quoi est-ce choquant ? Aujourd’hui c’est surtout quand je suis bourré… Il faut dire aussi que j’ai grandi au Canada, dans un pays où les mecs étaient baraqués, musclés, on me traitait de tapette avec mes jeans slims, les mecs se foutaient de moi genre : « Tu la veux, chérie. » De gros beaufs quoi ! Peut-être que mon comportement est né de ça.

On t’a vu sur les clips des autres, dans un film d’horreur, dans un court-métrage, dans un sketch comique. Tu as envie d’être acteur ?
Non, ce sont toujours des projets d’amis où je rends service ! L’histoire la plus étrange c’est celle du film d’horreur amateur. Un gamin avait trouvé mon adresse sur Internet, il est venu chez moi, m’a dit qu’il était un copain de cette fille que je connaissais de Philadelphie. Il m’a demandé de lire un truc devant sa caméra sur mon lit, j’ai dit oui et il a édité le trailer de manière à ce qu’on pense que je jouais dans le film (Dark Prism sur YouTube, ndr). C’était un coup tordu, mais ce n’est pas grave. Sauf que les sites de musique en ont beaucoup parlé.

Les Pitchfork et compagnie parlent tellement de toutes les bêtises que tu fais qu’on en oublierait presque que tu es musicien.
C’est un peu étrange, mais quand je sors mes chansons je me dis qu’elles ne m’appartiennent plus et que c’est pareil pour mon personnage public, l’Internet est un endroit bizarre où je ne m’appartiens plus vraiment. Ce qui me plaît, c’est que ça plonge les gens dans la confusion, il doit y avoir des gamins qui me trouvent cool, mais ne savent pas que je suis musicien. Peut-être que ça distrait de ma musique, que c’est la meilleure promo que je puisse avoir, je ne sais pas.

 

  • Tyler, The Creator – « Tamale »
    Extrait de l’album Wolf

C’est Tyler. Je l’ai rencontré après qu’il m’ait proposé de passer en studio sur Twitter. Je pensais qu’on allait jammer, mais il avait tout prévu, une chanson pour Adult Swim (émission comique américaine, ndr). Pour la vidéo, il m’a dit de danser et me frotter contre une grand-mère. (rires) Mais lui a osé plus que moi, elle disait : « Oh, mon petit-fils va adorer. » On a menti en disant qu’on préparait un album ensemble, on ne s’est vus que deux fois.

 

  • Walter TV – « Candles »
    Extrait de l’album Blessed

C’est le groupe de Joe, l’un de mes musiciens, et de Pierce, qui l’était aussi auparavant. Ce que tu ne sais pas, c’est que moi aussi j’ai joué pour Walter TV il y a longtemps, à Vancouver.

Tu encourages tes ouailles à voler de leurs propres ailes, quitte à quitter ton groupe ?
Tous mes musiciens sont toujours des vieux copains. Quand ils n’en peuvent plus, qu’ils veulent faire autre chose, tant mieux pour eux, ils doivent faire ce qu’ils veulent, ils ont déjà donné beaucoup de temps pour ma musique. Pas de pression. Le souci, c’est qu’à chaque tournée on fait la fête, puis on décide de se calmer, mais un nouveau pote rejoint l’équipe et veut faire la fête comme au premier jour, alors on doit le suivre ! C’est un cercle vicieux.

 

  • Mac DeMarco – « On The Level »
    Extrait de l’album This Old Dog

Mon nouvel album ! Il y a des choses un peu plus personnelles, alors sortir ces morceaux est plus angoissant. Mais je ne fais pas de la musique rigolote d’habitude, je n’ai aucun problème avec l’idée d’être sincère. C’est juste que mon écriture est plus directe… J’ai écrit beaucoup de ces chansons en pensant que je ne les ferais jamais écouter à personne.

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