Kyle Hall // Crédit Photo : Louis Derigon

Electro Alternativ #14: From Detroit to Toulouse

Un mois ! Fes­ti­val de cul­ture élec­tron­ique le plus long de France, Elec­tro Alter­na­tiv a fait ses adieux dans un week-end de clô­ture comme une invi­ta­tion à un voy­age mou­ve­men­té. D’une nuit house au cœur de Detroit pilotée par Carl Craig et Kevin Saun­der­son et le label Can­dy House, à un dimanche entre tropiques et Maghreb… Le tout sans quit­ter Toulouse. 

Enfin presque, puisqu’on se lance un peu plus au Sud à Ramonville, fief du Biki­ni. Sur le park­ing devant l’entrée, des cer­cles d’aficionados du fes­ti­val s’échauffent avant d’entrer mais les voix et les vis­ages sont fatigués… Rød­håd, Bjar­ki, Irène Drésel, Boris Bre­jcha, La Fleur, ou encore Hilight Tribe sont passés par là et sem­blent avoir épuisé toutes les troupes. Toutes ? Non ! Car un groupe d’irréductibles résiste. “Eh beh y’a pas foule ce soir”, s’étonne un impa­tient en péné­trant le Biki­ni. L’endroit est aux deux tiers vide et der­rière sa pla­tine, le toulou­sain Brakak se charge d’attirer la foule. Un quart d’heure plus tard, le temps d’une cig­a­rette près de la piscine et d’une dose de hou­blon, on retrou­ve une salle quasi-comble : embar­que­ment immé­di­at pour le Michi­gan avec le pro­jet Detroit Love qui s’exporte dans les clubs autour du globe. Avant de faire place au pape Carl Craig, Kyle Hall com­mence tout en retenue. Devant un mur de briques rouges, il nous balade dans une house sen­suelle nour­rie de nappes de syn­thés et de bass­es ron­flantes, avec un groove phénoménal. 

Kevin Saun­der­son // Crédit Pho­to : Louis Derigon

La pres­sion monte dans la cab­ine quand ren­tre Kevin Saun­der­son sous d’affolants jeux de lumières. Escale techno-house grinçante immen­sé­ment col­orée, ponc­tuée de kicks lourds, de soul, d’orgues, de clins d’oeil à Inner City (“Hal­lelu­jah”, “Future”) et de sam­ples nerveux -“Vit­a­min C” de CAN ou “Who’s Afraid Of Detroit” de Claude Von Stroke. Un set grandiose et la place est chauf­fée à blanc pour la défer­lante Carl Craig. Lignes acides, bass­es sour­des et mar­cel blanc, il joue de son expéri­ence pour libér­er les corps et les trans­porter en pre­mière classe dans une ambiance moite : d’une jeune femme dansant pieds nus sur le sol col­lant, au quin­qua tout en jean coif­fé d’un ban­dana rouge, en pas­sant par un sosie d’Hodor en plein head­bang­ing… La soirée de tous les pos­si­bles qui brise les frontières. 

Carl Craig // Crédit Pho­to : Louis Derigon

Après une courte nuit, un magret de canard aux Carmes et une demi-sieste au bord de la Garonne devant les Abat­toirs, le périple se pour­suit aux Jardins de l’Olympe pour les ultimes heures d’Electro Alter­na­tiv. Sous les lianes et les fleurs col­orées, on se rafrai­chit au vin blanc à l’heure du goûter en glis­sant les orteils dans le sable fin. Détours par les caraïbes avec les rythmes trop­i­caux de Bar­bois, Cold et Kar­maa, cor­re­spon­dance vers la Tunisie de Deena Abdel­wa­hed et sa tech­no envoû­tante : tech­no habitée à l’én­ergie sur­voltée, rythmes urbains et sam­ples de voix ori­en­tales pour la pro­tégée du label Infiné. Sous les dernières lueurs du jour, l’atterrissage se fait en douceur, on retrou­ve Toulouse comme on quitte Elec­tro Alter­na­tiv, avec le goût amer d’un mois de fes­ti­val qui s’achève.

Meilleur moment : Carl Craig, évidemment.

Pire moment : la galère des trans­ports pour quit­ter le Biki­ni et les Jardins de l’Olympe, situés hors de Toulouse.

Deena Abdel­wa­hed // Crédit Pho­to : Louis Derigon

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