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Crédit : Gabriel Quintão
9 février 2017

En direct du festival Dekmantel São Paulo

par Tsugi

« Saindo à francesa » est une expression brésilienne que l’on utilise contre vous si vous partez d’une fête sans prendre le soin de dire au revoir. Vous partez alors « comme un Français ». Pas très glorieuse pour nous ! Mais nous avons tenté ce week-end de redorer le blason bleu-blanc-rouge en partant presque en dernier du Dekmantel et en faisant de grandes accolades à tout le monde. Il faut dire que ce n’était pas difficile car cette première édition sous le soleil de São Paulo était des plus réussies.

La découverte du lieu nous donne déjà le sourire : le Jóquei Club est un immense hippodrome où le festival d’Amsterdam a remplacé les chevaux par de gros systèmes son répartis sur quatre scènes. On commence sur celle du collectif Gop Tun qui co-organise l’événement. Leurs soirées dans la ville sont réputées (à juste titre) pour leurs rythmes chauds et colorés. C’est donc tout naturellement que l’on retrouve sur leur stage la polyrythmie africaine d’Awesome Tapes From Africa. Son set mixé avec ses cassettes audios est la parfaite mise en jambes pour ce début d’après-midi. Puis petite roulade jusqu’à la magnifique scène Selectors où l’on retrouve Solar sous une arche en bois. Sa techno acide tape aussi fort que le soleil. Pour se désaltérer, s’attendre à une note aussi salée qu’en Europe. Tout comme le ticket du festival, ils sont relativement chers pour le Brésil.

Crédit : Eduardo Magalhães

Direction la petite scène cachée Ufo. Toutes machines à fumée allumées, Anthony Parasole y balance des rafales de basses à toute allure. Petite averse sur la scène Selectors ce qui donne au set de Young Marco une ambiance particulière ; les percussions c’est très agréable sous la pluie ! Grosse roulade à la découverte de la Main Stage, un mastodonte où Kornél Kovacs offre une distribution de kicks bien colériques. Nina Kravitz qui joue juste après ne fait pas non plus dans la dentelle et caresse le public à rebrousse-poil. Avec le coucher du soleil, les lumières des bâtiments au loin, la fumée rouge et la techno de stade, Nina transforme la scène en Gotham City. Un set noir et rapide comme la batmobile. Du côté de la scène Na Manteiga Radio qui s’est alliée pour l’occasion avec la Red light Radio d’Amsterdam, l’ambiance ressemble plus à Robin, l’acolyte sexuellement indécis de Batman. Une Italo-disco sensuelle qui fait du bien au corps et à l’esprit. Même sentiment chez Gop Tun avec le live génial de Bixiga 70. Hunee chez les Selectors propose une house très cinématographique lorsque DJ Nobu à Ufo préfère lui une house musclée à souhaits.

Mais les véritables biceps de la soirée sont ceux de Jeff Mills sur la grande scène. Sa TR-909 suit certainement le même régime aux protéines que Musclor. L’after a lieu au Fabriketa sur 3 scènes arrosées de lumières pour une scénographie dantesque. Dvs1 martèle les beats à la chaîne, Cashu du collectif Mamba Negra propose un set au BPM explosif, Vakula excelle dans les boucles mentales, Mike Servito joue une fabuleuse disco new yorkaise et Ben Klock ferme la nuit avec une prestation faste et furieuse.

La météo pique encore de plusieurs degrés pour ce dimanche de clôture à l’hippodrome, le rêve ! On devrait tous pouvoir se balader en chemise à fleurs l’air désinvolte en février. Selvagem sont aussi venus avec leurs vinyles fleuris pour une session de funk brésilien sur la scène Selectors. Shanti Celeste offre une bonne sélection sur la Main Stage malheureusement un peu vide. Carrot Green que l’on avait déjà vu une semaine auparavant à São Paulo lance de chauds morceaux de cumbia sur la scène Gop Tun. Legal ! Zopelar n’a prévu aucune blague pour son live sur la scène Ufo. House sérieuse de bonhomme en Levis 501. Grosse foule devant Moodymann sur la main stage qui joue sa fabuleuse house éclairée par les rayons du soleil et par sa voix suave au micro. Puis Fatima Yamaha débarque tous synthés ouverts pour un live dansant quoiqu’un peu redondant. Le set qui suit de John Talabot ne sera pas beaucoup plus accrocheur. Il faudra aller faire un tour du côté de Ben Ufo et Joy Orbison pour commencer à taper du pied. On bouge le bassin de gauche à droite chez Palm Trax et l’on lève les poings en l’air sur les nappes techno de Call Super. Nicolas Jaar déploie son nouveau live sur la grande scène pleine à craquer. Un rythme lent et prenant qui fait l’unanimité.

Crédit : Ariel Martini

Derrière les platines, San Proper est une pile électrique qui aurait une fantastique collection de vinyles. Les morceaux s’enchaînent rapidement, pas forcément avec une maîtrise parfaite mais cela ne semble pas déranger les filles qui dansent derrière lui. Elles seront d’ailleurs rejointes par le docteur lui-même pour quelques pas chaloupés sur du Jorge Ben Jor. San demandera à jouer un dernier vinyle ce qui lui sera refusé (il est certainement au quatrième dernier vinyle ceci dit). Qui s’est dit « cagando e andando » (traduisez : Faire la grosse commission tout en marchant. Re-traduisez : N’en avoir rien à foutre) en sortant du festival se désigne car ces deux jours ne sont certainement pas passés inaperçus ici…

Meilleur moment : Fais pas la tête Amsterdam, il te reste toujours les Coffee shop !

Pire moment : « Gringo festival » = Festival de touristes. C’est le surnom que donnent les Brésiliens à l’événement en raison du prix.

Malick Gueye 

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