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© Marie de Crécy
16 avril 2025

Étienne de Crécy, Pop Satori | INTERVIEW

par Tsugi

Pilier de la French Touch et maître des beats électroniques calibrés pour le dancefloor, Étienne de Crécy surprend avec Warm up, son nouvel album aux sonorités plus pop et mélodiques. Un virage audacieux que l’on décrypte avec lui.

 

Interview issue du Tsugi Magazine n°178 : DJ vs Producteurs, vers une juste rémunération ?

 

L’adresse est connue. On la fréquente depuis maintenant plus de vingt ans. Comme l’impression d’avoir vieilli ensemble. Paris IX°, rue du Faubourg-Poissonnière, à deux pas du Rex Club, ou justement la french touch a pris ses aises, au fond d’une cour en rez-de-chaussée se trouve l’antre d’Etienne de Crécy. Alors certes, les machines et la décoration se sont un peu sophistiquées, mais l’âme du lieu est restée intacte. C’est toujours dans ce studio-laboratoire, que le producteur et DJ de 55 ans conçoit ses disques, élabore ses sets et ses lives qui lui ont permis depuis trois décennies de ne jamais quitter (ou presque…) le sommet d’une scène électronique dont il reste avant tout un passionné.

Pourtant, pour son premier album sous son nom depuis Tempovision en 2000, l’homme derrière les trois volumes de Super Discount a choisi de laisser tomber les bangers à vocation peak time pour explorer son goût pour la pop ou le hip-hop, avec le 100% vocalisé Warm UP. Le patron serait-il vraiment devenu fou ? On va bientôt le savoir. 

 

Il y quelques années, tu nous avais déclaré : « J’ai souvent été à contretemps, soit trop devant, soit trop derrière ». Aujourd’hui, où te situes-tu ?

Je ne sais pas, mais je suis encore bien à contretemps. (rires) J’arrive avec un projet qui est plutôt chill, au moment où les BPM s’emballent de manière dingue dans la musique électronique. C’est enthousiasmant l’énergie qu’il y a en ce moment dans la techno. Tous les jeunes se remettent à en écouter, et ils vont maintenant dans des raves où ça joue à 140, 160 BPM.

Ça redevient même une musique subversive alors que le hip-hop incarne une musique de darons. Mais je ne me mêle pas de cette surenchère de BPM. Je n’arrive pas à trouver le groove. Même quand j’achète des tracks qui vont vite, je ne peux pas les jouer. J’aime bien, mais ce n’est pas mon truc.

 

On a le sentiment avec cet album que tu t’es accordé une liberté artistique que tu ne t’étais jamais vraiment autorisée…

J’ai commencé à composer ces titres pendant le Covid. Les clubs étaient fermés, je n’arrivais plus à produire des tracks d’électro ou de techno. Du coup, l’ai commencé à réaliser des morceaux plus lents. En quelque sorte un retour aux sources, puisqu’au début de la musique électronique, les styles étaient plus mélangés. Le premier Super Discount est assez downtempo. Il y avait plus de porosités entre trip-hop, house, techno.

Je gagne ma vie en étant DJ, donc je m’étais mis un peu dans une optique de sortir des tracks que je pouvais jouer en club. J’avais complètement occulté ma capacité à aller sur d’autres registres. Pourtant, ces titres downtempo, je les kiffe également. Je crois avoir des choses à dire dans cet univers. Et puis beaucoup de  gens sont attachés à des morceaux qui ne sont pas les plus « peak time » que j’ai produits, donc je me suis dit : « Allez, on y va  » 

En toute liberté et sans ambition vraiment commerciale. Par exemple, certain titres ont des intros très longues. Ce qui est complètement contraire au fonctionnement des plateformes de streaming qui privilégient les titres de deux minutes. Je trouve ça bien aussi, mais la musique que j’écoute chez moi, c’est souvent de l’indie avec des morceaux très longs.

 

Quand sont arrivés les featurings dans l’aventure Warm up ?

Je crois déjà que d’avoir enregistré en 2018 cet album avec Baxter Dury et Delilah Holliday m’a donné envie de travailler avec des chanteurs. Car ça donne une autre dimension à ma musique. Je ne la contrôle plus vraiment et j’apprécie plus longtemps mes morceaux par rapport à ceux que j’ai faits tout seul. Je n’écris pas les mélodies et, si cet apport extérieur est assez déstabilisant, il est aussi très bénéfique. Quand je produis tout seul, pour renouveler mon inspiration, j’achète de nouvelles machines ou de nouveaux synthés. Pour cet album, j’ai invité des chanteurs. Le brief que je leur donnais était assez simple.

Je suis obnubilé par les chansons qui ne possèdent qu’une seule ligne mélodique, comme « Born In The USA » de Bruce Springsteen ou « Comme un boomerang » de Serge Gainsbourg. Je voulais donc un gimmick assez fort pour me rapprocher de cela. Je leur ai envoyé les instrus et, en fonction des voix que je recevais, j’adaptais cet instru à la mélodie. Parfois, même, je le refaisais entièrement. Mais ce travail avec les featurings a rendu l’album très long et difficile à réaliser. Dès que j’ai commencé à produire des morceaux longs, je me suis dit qu’il fallait des voix. C’est ce qui m’a pris beaucoup de temps.

 

Qu’est-ce qui te rend le plus fier dans cet album?

Le fait qu’il possède une homogénéité cohérente malgré le grand nombre d’intervenants. Il fallait que ces featurings soient des vraies collaborations où chacun existe à 50/50 sans prendre le pas sur l’autre. Je n’avais pas envie de faire la course aux gros featurings. En fait, pour la plupart, je les ai choisis d’une manière très simple. l’ai regardé mon top 10 de ce que j’écoute sur Spotify et j’ai envoyé des demandes à ces artistes. Bon, le cas de Damon Albarn est un peu particulier.

C’est un morceau qu’on a enregistré il y a vingt ans pour un projet de comédie musicale dont j’avais écrit le scénario. Je demandais à des gens: « Si tu veux être tel personnage, écris la chanson qui le concerne ». En attendant qu’ils me renvoient leur travail, je me suis dit que j’allais faire vite fait un Super Discount 2 qui, dans la foulée, est parti en live et du coup, la comédie musicale s’est ensablée, j’ai laissé tomber. Mais cette chanson est restée dans mon disque dur. Quand Warm Up a commencé à se dessiner, j’ai trouvé que ce morceau marchait très bien avec le reste et j’ai légèrement réactualisé le son.

 

Je trouve la tonalité globale de Warm Up à la fois mélancolique, mais aussi apaisée. Cela correspondait à ton état d’esprit?

Je ne sais pas. Ce n’est pas méga réfléchi. Je crois que j’avais peut-être envie d’être doux sur ce projet, que le son soit confortable. Cette esthétique s’est mise en place pendant le Covid, une époque un peu cotonneuse. Mais je crois aussi que ce côté organique s’explique par le mode de fabrication: je n’ai utilisé qu’un seul synthé, le MS-10, et des samples. Mais pas pour réaliser des boucles, ce sont des micro-samples que j’ai créés pour avoir une couleur un peu plus chaude.

J’ai travaillé avec un plug-in de samples appelé XO, qui scanne tous les sons de ton disque dur en reconnaissant les kicks, les snares, les charleys. C’est très inspirant pour démarrer un morceau. Aujourd’hui, la pratique du sample dans la musique électronique a pratiquement disparu, sauf dans deux cas: les mecs qui reprennent les gros tubes disco, et ceux qui te font des tubes de chanson française avec un kick. Ça ne m’intéresse pas du tout. En revanche, j’ai pensé que les gens vont peut-être être sensibles à ce genre de son de samples plus organiques caractéristiques de ma génération de producteurs de musiques électroniques.

 

Quels sont les morceaux clés de cet album?

« Take It Back » a été important dans sa conception, car il m’a autorisé à sortir du format club. Je peux citer aussi «Brass Band», le morceau que j’ai fait avec Peter von Poehl. Il relie l’album à ma production plus classique. C’est un des morceaux que je peux jouer en club et qui marche bien. l’ai vraiment l’impression que ce track résume à la fois tout ce que je kiffe et tout ce que je sais faire.

 

Penses-tu tenir l’album qui va mettre tout le monde d’accord?

Je n’en sais rien. Je crois que, dans la musique en général et la musique électronique en particulier, j’aime beaucoup de styles différents et c’est un peu un handicap. Je crois que cet album va déconcerter le public qui vient pour me voir jouer des DJ-sets assez vénères. Ce qui compte avant tout c’est de me faire plaisir. Après j’espère que les gens vont suivre ma démarche. Je crois que ceux qui ont découvert ma musique avec le premier Super Discount et avec Tempovision seront très contents de tomber sur Warm Up.

Ceux qui m’ont connu avec Super Discount 2 ou avec le live du cube seront peut-être plus déstabilisés. Mais ce n’est plus une inquiétude, ça l’a été pendant un moment, mais j’ai le sentiment d’avoir réussi à ce que les gens me suivent malgré toutes ces propositions très différentes. J’ai le droit maintenant de ne pas me cantonner à un seul style. Ça a été long, mais je crois que ça y est, mon public sait que je peux aller dans des directions très différentes et qu’il y a quand même une cohérence.

 

Warm Up est le premier album depuis Tempovision en 2000 à sortir sous ton nom. Cela signifie quelque chose?

Peut-être que ça veut dire qu’aujourd’hui, en termes de musique ou de concert, je fais ce que je veux, car je suis indépendant. C’est une grande liberté. Je suis devenu artiste entrepreneur au début des années 2000. Depuis, je suis propriétaire de mon catalogue, de mes éditions, je coproduis mes concerts. En gros, je fais ce que je veux avec mon argent, mais c’est parce que mes DJ-sets marchent bien. Pourtant au départ, dans les années 1990, je n’étais pas DJ, mais, quand j’ai vu les tarifs qu’on me proposait, je m’y suis vite mis. (rires)

Même si, aujourd’hui, grâce au streaming, la musique redevient une source de revenus, pourtant, je suis un petit à ce niveau-là.
L’industrie de la musique n’a jamais gagné autant d’argent qu’aujourd’hui, mais les majors ne le redistribuent pas aux artistes.
Quand tu vois qu’elles avaient toutes pris des parts secrètement dans Spotify contre l’accès à leur catalogue… Cela a été une énorme arnaque, des majors ont encaissé des millions de dollars, sans bien sûr en reverser une partie à leurs artistes. En revanche, si on est artiste entrepreneur, un modèle qui est en train de s’imposer, on peut gagner de l’argent avec le streaming.

 

Tu es toujours jaloux des disques des autres?

(En riant) Jaloux, peut-être pas, mais c’est vrai que je suis très admiratif d’artistes que tu reconnais après avoir écouté une demi-seconde de leur musique comme Air ou Daft Punk jusqu’à leur dernier album. Ils ont réussi à créer une identité. Moi, dès qu’un nouveau style arrive dans la musique électronique, j’ai envie de l’essayer, je pars dans toutes les directions.

Difficile dans ces conditions d’être aisément reconnaissable, mais j’espère avoir un son qui se dessine. Grâce notamment à ce nouvel album dont je suis vraiment très content. Je peux même l’écouter alors que d’habitude, j’ai beaucoup de mal, car cela ne m’évoque qu’un aspect technique. Avec Warm Up, je me suis vraiment approché de ce que j’écoute chez moi.

 

Quelle est la première personne à qui tu as fait écouter ton album ?

Beaucoup d’oreilles extérieures l’ont écouté pendant que je le réalisais. Ma femme, Marie, qui est très importante, mes différents managers, puisque j’ai changé pendant sa conception… Je l’ai fait écouter au fur et à mesure. C’est très important pour moi depuis le début de faire écouter mes morceaux, ça me permet d’avancer. Pour cet album, ils ont été très polis, personne ne m’a dit que c’était nul. (rires) Plus sérieusement, j’ai toujours eu une adhésion à la direction générale, parfois j’ai eu des retours un peu techniques sur la production.

 

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Crécy, c’est synonyme de live. Quelle déclinaison de Warm Up as-tu imaginée?

Je ne vais pas jouer uniquement les morceaux de l’album. Quand ce sera le cas, le public ne sera pas choqué d’entendre des samples des voix, il a l’habitude. Mais à L’Olympia, il y aura des invités. Je ne vais pas jouer le titre avec Damon Albarn.
Quand on vient me voir en concert, c’est pour danser. Je suis en train de travailler sur ce live. C’est assez délicat. J’essaie d’être très minimal dans le son, pour que ce soit autoritaire, mais funky. Visuellement, je travaille avec Pierre Claude, qui a conçu les derniers live de Phoenix et Air. Ce ne sont que des faisceaux lumineux à base de LED, il n’y a pas d’écrans.

Ma proposition est plus minimaliste et on va dire « intello » que le dernier live de Justice, par exemple. Pour moi, l’émotion arrive quand on me dit: « Waouh tu as fait un truc super avec deux spots ». D’ailleurs, je suis plus impressionné par les lumières de spectacles de théâtre que de celles du live électronique. Par exemple, la manière dont la lumière est travaillée dans les mises en scène de Joël Pommerat est très élégante, très belle. Je suis davantage dans ce style de contemplation.

 

La marche du monde affecte-t-elle ta manière de produire de la musique?

Oui. Le nom de l’album vient d’ailleurs directement de là. Et encore, j’ai trouvé le nom avant l’élection de Trump. J’avais le sentiment effectivement que ce que l’on vivait n’était qu’un échauffement avant des catastrophes à tous les niveaux encore plus importantes.

 

« Avec la french touch, c’est très rapidement devenu VIP, clubs à bouteilles. » Étienne de Crécy

 

Tu es l’un des rares artistes électroniques de renom à t’engager à gauche sur les réseaux. Penses-tu que les artistes de la musique électronique sont de droite?

Déjà, je ne pense pas être le seul à m’engager et, quand je le fais, c’est pour les grosses élections. Ensuite, au-delà de la musique électronique, j’ai l’impression que tout le monde est de droite. On commence vraiment à être en grosse minorité à gauche. Dans mon public, il doit y avoir un tiers de gens qui votent RN. Donc, la techno, ce n’est plus un mouvement qui serait obligatoirement de gauche, comme c’était le cas au début avec Spiral Tribe, la free ou la scène de Detroit. Avec la french touch, c’est très rapidement devenu VIP, clubs à bouteilles. Ce n’était pas ancré à gauche.

Mais aujourd’hui, quand je fais la liste des commentaires négatifs, sur des posts où je m’engage, et ce n’est pas la majorité, c’est souvent : « Tu utilises ta notoriété pour influencer le vote des gens, c’est antidémocratique! » C’est quand même bizarre comme réflexion et comme vision de la politique, parce que si c’est le cas, tu peux effacer au hasard Bob Marley, The Clash et Bob Dylan… Pour moi, quel que soit le bord politique, c’est très important de s’intéresser et de participer à la politique de son pays. Et c’est donc normal de donner son avis.

 

Étienne

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Ça fait plus de trente ans que tu produis de la musique, cela t’arrive-t-il d’avoir envie d’autres choses parfois?

En raison de mes lives, je suis aussi très intéressé pour produire des images, avec tous les logiciels qui permettent de faire des images en temps réel. Pendant la période on va dire NFT, j’ai produit des œuvres d’art numériques qui étaient graphiques. Cela m’intéresse beaucoup. Avec ma femme, Marie, on a réalisé une vidéo pour chacun des morceaux de l’album. Je participe aussi toujours à l’élaboration de mes pochettes avec Ludo de H3. Souvent, l’idée de base, c’est moi qui la trouve.

Par contre, la musique à l’image, c’est très compliqué pour moi. Je ne peux pas travailler à la commande. Par exemple, si tu me demandes de composer un morceau triste, je n’y arrive pas. Je suis influencé par la musique au moment où je la fais. Je n’ai rien en tête avant de brancher mon programme avec des samples, où je vais trouver des manières accidentelles de créer du son et cela va m’orienter dans différentes directions. L’émotion naîtra de cela. Au final, je préfère être DJ que de faire de la musique à l’image.

 

Mais cela ne te pèse pas de partir seul tous les week-ends?

Cela fait peut-être dix ans que je suis accompagné par un tour manager. Au début, j’étais avec des copains, puis ils ont eu des gamins et je me suis mis à tourner tout seul. Et là, effectivement, c’était difficile. Quand tu joues dans un festival en Belgique devant dix mille personnes et que ça se passe hyper bien, tu es euphorique. Deux minutes après la fin de ton set, tu te retrouves dans ta loge, genre « bon ben, je vais rentrer à l’hôtel« . La redescente n’est pas facile.

Heureusement, aujourd’hui j’ai des cachets suffisants pour pouvoir partir avec un tour manager avec lequel je m’entends très bien. Je n’ai pas de lassitude, je suis toujours excité d’aller jouer. J’ai la chance d’avoir encore des gens qui viennent me voir. Ils me renvoient quelque chose de très gratifiant et d’hyper enthousiasmant.

 

Si tu fais le bilan de ces trois décennies, qu’est-ce qui te satisfait le plus?

D’être encore là. Je commence maintenant à avoir un peu confiance en moi. L’industrie c’est une lessiveuse et, depuis trente ans, j’ai vu des gens monter très haut et disparaître aussi rapidement. Je suis fier aussi d’avoir gardé cette curiosité pour la nouveauté. « C’était mieux avant » est une formule que je ne supporte pas. Le principe de la musique électronique c’est quand même de se projeter vers le futur alors qu’aujourd’hui elle se tourne tellement vers son passé…

 

Pourtant, tu as quand même effectué cette tournée labellisée french touch avec Boombass et Falcon

C’est assez marrant parce que, justement, moi qui suis tourné vers le futur, je ne fais pas des morceaux pour qu’ils durent dans le temps. Or, c’est le cas pour certains d’entre eux qui sont même devenus des classiques. Et puis, par la force des choses, j’ai été au début d’un mouvement et aujourd’hui, je m’aperçois que si tu ne le revendiques pas, les gens ne le savent pas. Donc c’est important de dire que les Daft Punk ont commencé à faire de la house après avoir écouté un maxi de Motorbass ou que j’ai produit le premier morceau de Air.

Ensuite, cette tournée s’est vraiment décidée spontanément. On avait joué tous les trois au Palace pour les 25 ans de Super Discount, où était présent Joachim Garraud qui a voulu nous programmer à son festival Elektric Park. Et après tout s’est enchaîné, quand on a vu le nombre de demandes, on a dit: « Allons-y, on fait une tournée ». On s’est bien marré. Hubert (Boombass) et Julien (Falcon) sont des supers tour mates. On a joué des morceaux d’époque, mais aussi des tracks plus actuels. Ça fait partie de l’histoire et c’est vrai que maintenant, je me sens à l’aise de le revendiquer alors qu’avant, je me disais: « On s’en branle, ce n’est pas ça l’important. »

 

Cela a-t-il changé quelque chose pour toi de jouer à la cérémonie des Jeux paralympiques ?

J’étais content d’être sélectionné. le crois que j’aurais été énervé si cela n’avait pas été le cas. (rires), Mais ce qui était super, c’est que ce n’était pas que patrimonial, les jeunes générations étaient présentes. La proposition musicale de cette cérémonie était quand même pointue! Ce que cela a changé? Pendant une semaine, les gens m’ont reconnu dans la rue et cela ne m’a pas donné spécialement envie que cela dure plus longtemps… (rires)

 

La perte au fil des années de Mehdi ou Philippe Zdar t’a-t-elle donné un sentiment d’urgence créative face à la fragilité de la vie ?

Je n’ai pas peur de mourir. C’est très peu présent dans mon esprit. Pour ce qui est de vieillir, je n’arrive pas à penser en termes d’âge, même si je commence à mal voir de près. (rires) J’ai la chance d’avoir un métabolisme assez résistant. Je peux enchaîner les soirées. Mon métier de DJ ne me fatigue pas trop. Ce n’est pas parce que je fais deux dates dans le week-end que je ne vais pas venir bosser en studio la semaine.

Mais c’est vrai que j’ai 55 ans et que je passe encore mes samedis soirs dans les clubs. Peut-être qu’à un moment, il faudrait que j’ouvre les yeux. (rires) En revanche, mon gros flip, celui de toute ma vie, c’est que cela ne marche plus. J’ai toujours besoin de convaincre. C’est un peu ce que dit cet album : « Regardez ce que je suis capable de faire ».

 

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Étienne de Crécy est en concert le 16 avril à Paris, L’Olympia.

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Étienne de Crécy en 9 dates

1996 : Avec son complice Philippe Zdar, sous pseudo Motosbass, il sort l’inestimable Pansoul, pierre de voûte de la french touch.

1997 : L’album Super Discount où il collabore avec Alex Gopher ou Air marque les esprits.

2000 : Sortie sous son nom du plus personnel Tempovision, avec le hit « Am I Wrong » et son clip réalisé par son frère Geoffroy.

2004 : Avec Super Discount 2, il augmente les BPM et vise les clubs.

2007 : Aux Trans Musicales, de Crecy lance son live Beats’NCubes, une proposition unique qui le replace au sommet du game électronique. La même année, création de son label Pixadelic. Naissance d’un artiste entrepreneur.

2009 : Il amène le « cube » dans le désert à Coachella.

2015 : Super Discount 3. Baxter Dury pose sa voix sur « Family« , les débuts d’une collaboration.

2018 : Sortie d’un album commun avec le chanteur Baxter Dury et la chanteuse Delilah Holliday,

2024 : Participation à la céremonie de clôture des Jeux paralympiques. 

 

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Étienne de Crécy – Warm up
Étienne

© EDC Warm Up Cover

Etienne de Crécy aime les concepts. Il a décliné sur trois volumes le projet collaboratif Super Discount, publié des séries de maxis (Commercial, Beats’N’Cubes, After), un coffret de raretés (My Contribution To The Global Warming) et un album live (Space Echo).

Son nouveau disque, Worm Up, est très « classique » dans sa forme, un album de onze morceaux de 3/4 minutes et plus surprenant dans son intention: le producteur a décidé de signer un long format de collaborations chantées. Il a ainsi convié des auteurs/chanteurs à écrire librement une chanson à partir des instrumentaux qu’il leur a envoyés. Avec Alexis Taylor (Hot Chip) en ouverture du disque et Damon Albarn (Blur, Gorillaz) en clôture, de Crécy s’offre deux grands noms de la pop britannique. « World Away« , avec Alexis Taylor, est une perle électro-pop résolument dansante et particulièrement réussie.

« Rising Soul« , avec Damon Albarn, est plus apaisée, introspective. L’esprit électro-pop, ainsi qu’une certaine légèreté, se retrouve dans les morceaux avec des chanteuses, la Franco-Finlandaise Olivia Merilahti (de feu The Dø), l’Américaine Caroline Rose et Sarah Midori Perry, du groupe britannique Kero Kero Bonito. Le casting masculin se complète avec plusieurs jeunes Américains, comme le groupe de dream pop Sports, les chanteurs pop et hip-hop Sugar Pit et Frank Leone pour les titres les plus rafraîchissants de l’album. Avec Warm Up, de Crécy, DJ et live performer, homme de la nuit, réussit parfaitement un album de jour, organique, pop et solaire. 

 

Olivier Pernot

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