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Philippe Katerine et Clara Luciani sur la scène des 35e Victoires de la musique. ©ALAIN JOCARD / AFP
15 février 2020

Faut-il vraiment détester les Victoires de la musique ?

par Tsugi

Ce vendredi 14 février avait lieu les Victoires de la musique, la cérémonie visant chaque année à récompenser des artistes du monde de la musique française.

Par Jennifer Mezi

Diffusée en direct sur la chaîne de télévision France 2, la cérémonie, ayant lieu à La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt, a duré plus de trois heures pour un palmarès réduit : les catégories récompensées sont passées de 13 à 8, faisant disparaître les étiquettes des genres – rock, électronique, musiques du monde, musiques urbaines et rap.

Sans surprise, les nominations avaient encore fait des déçus : peu de diversité, peu de nouveautés… Bien que les nommés aient été désignés en deux tours par un collège de votants élargi, avec désormais 200 non-professionnels pour un choix plus représentatif. Néanmoins, certaines nominations étaient attendues (Angèle, Clara Luciani, toutes les deux déjà nommées l’an passé), mais aussi appréciées (« Au DD » de PNL et leur clip impressionnant filmé en haut de la Tour Eiffel). Avec trois nominations à leur actif, Angèle, Alain Souchon et Philippe Katerine ont été les favoris de la 35e édition.

Découvrez le palmarès complet de la 35e cérémonie des Victoires de la Musique :

Artiste féminine de l’année : Clara Luciani

Clara Luciani, très émue, a déclaré sur scène : « J’ai été portée par le public depuis un an. Ce prix, c’est le nôtre. C’est un rêve éveillé. Je souhaite à tous les êtres humains de vivre une joie aussi folle. Je me disais que les Victoires ne pouvaient tomber deux fois comme la foudre. C’est une foudre heureuse, bien sûr ! »

Artiste masculin de l’année : Philippe Katerine

Philippe Katerine s’est montré reconnaissant, dans son propre style : « Il y a un mois, je me disais « t’es nul comme chanteur », ça arrive après trente concerts. Avec cet objet, ça va me redonner confiance. Merci pour ça. »

Album de l’année : Ames fifties – Alain Souchon

Chanson originale de l’année : « Ça va ça vient » – Vitaa & Slimane

Concert de l’année : « Brol Tour » – Angèle

Création audiovisuelle : « Au DD » – PNL

Révélation Scène : Suzane

Album révélation de l’année : Les failles – Pomme

Pomme, qui a été nommée « Album révélation » – catégorie où figuraient Maëlle et Malik Djoudi –, était aussi sous le coup de l’émotion : « Dans ce métier, il est difficile de savoir où placer ses attentes. Je suis un peu choquée. Merci beaucoup pour cette Victoire. J’ai vraiment fait cet album, qui n’est pas dans les cases, en pensant que personne n’allait l’écouter. »

Faut-il pour autant détester les Victoires de la musique ?

Cette année, la cérémonie voulait retrouver son caractère « prestigieux, solennel et populaire », selon la nouvelle directrice des divertissements et variétés de France Télévisions Alexandra Redde-Amiel. La décision de supprimer les catégories par genre musical n’est pas vide de sens tant les artistes et ceux qui consomment la musique se passent d’étiquettes, mais peut-être au détriment d’une juste représentation de la scène musicale dans son entièreté. On notera aussi, à regret, qu’aucune femme ne figurait dans la catégorie « Album ».

Toutefois, ces Victoires ont aussi un effet bénéfique pour la musique française. Elles offrent à un public large (2,2 millions de téléspectateurs en 2017) un panorama de la musique d’aujourd’hui, créent un tremplin pour de jeunes artistes (Malik Djoudi, Suzane) et confirment la légitimité d’artistes en rotation dans nos playlists (Philippe Katerine, Clara Luciani). Mais il reste encore du travail à faire pour enfin arriver à une réelle prise de risque, pour sortir d’un entre-soi et faire découvrir davantage de nouveaux talents au public – ce qui, en trois (longues) heures de cérémonie, devrait être faisable. Encore un effort.

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