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11 juin 2019

FESTIVAL YEAH ! : la fête au château

par David Kawika

Difficile de trouver plus dépaysant, chaleureux et familial que le Festival Yeah!, dont la déjà 7e édition a eu lieu le week-end dernier dans le Luberon. La coolitude garantie au sein d’un cadre exceptionnel : le château de Lourmarin, situé sur les hauteurs à la sortie du village. C’est dans cette bâtisse du 15e siècle édifiée sur les ruines d’une forteresse datant, elle, du 12e, que bat le poumon du festival, co-organisé par le régional de l’étape, Laurent Garnier. Les trois jours de concert ne se limitent pas au château, la fête est omniprésente dans tout le village. Au point que presque tous les habitants se sentent concernés par les festivités. Aux quatre coins de ce St Tropez des Alpilles sont organisés des chasses aux trésors pour les enfants, des concours de pétanques et de tartes, un grand loto, une expo, un brunch détox, la dégustation d’un cru local, une bourse aux vinyles… La musique résonne évidemment aussi partout grâce à d’innombrables live et dj sets. Personne n’est oublié ! La fête est partout.

Chaque soir, la petite cour du château affiche complet avec 1200 festival(yeah)s ravis d’en faire partie. La party du vendredi reste tranquille. En fin de soirée, la techno primitive de Nova Materia donne quand même de l’ampleur à cette première soirée jusqu’ici plutôt sage. On rentre véritablement dans le vif du sujet le samedi. Le public est accueilli par des travestis sortis tout droit – ou pas – d’Alice au pays des merveilles. Charmant et décalé. Au pied du château, l’espace merchandising est au bord d’une pinède. Stands de t-shirts, vinyles et restauration se confondent. Une R12 « Starsky et Hutch » avec une planche de surf accrochée sur le toit fait son effet. Vintage à mort.

Leonie Pernet ouvre le bal du samedi. Décollage réussi pour la parisienne venue présenter son premier album Crave. Accompagnée depuis deux mois par son amie Marie Million, elle bluffe par sa séduisante et percutante maîtrise de la batterie (« Nancy »), du chant et des claviers. Le klaus nomien « Crave » et le mini tube pop « Butterfly », deux sommets de son album, sont joués sous le regard béat du fidèle Moustik et celui bienveillant de Laurent Garnier, présents backstage. « On était hyper contentes de jouer ici, nous a confié le lendemain Léonie Pernet. Laurent (Garnier) a été très accueillant et on a eu de très bons retours du concert. Avec Marie, on a de quoi être ravies. Du coup, là, je me fais un jour off (le dimanche), un pur week-end pour kiffer le festival et ce cadre magnifique. »

On change d’ambiance avec Snapped Ankles, quatuor londonien au sacré look : blouses, et perruques-barbes dreadlocks. Enveloppé d’une lumière verte, leur dub tribal post-punk quelque peu expérimental emballe le public. Ça tape dans les mains, ça crie. On n’est parfois pas loin du pogo. Le final à rallonge est incandescent. Du feu, on passe aux glaçants The Psychotics Monks, qui indiffèrent davantage avec leur rock métallique psyché et bruitiste. « Ça ne rigole pas », entend-t-on dans le public. On en profite pour aller tester le Classic Burger et refaire le plein de rosé, avant Underground System, qui clôture cette deuxième soirée. Issu de Brooklyn, le groupe refait monter le mercure grâce au charisme de sa chanteuse – coupe afro peroxydée et pantalon moulant – et à des tubes déjantés comme « Just a place ». Elle passe d’un micro en forme de téléphone rouge à l’ancienne à un hygiaphone. Musicalement et scéniquement, un joyeux bordel métissé !

Dimanche, le rendez-vous (incontournable) pour tout clubber qui se respecte est fixé au tennis club. Le célèbre Camion Bazar y a pris ses quartiers pour un après-midi entier de fête et d’hédonisme. Sous le ciel un brin couvert de Lourmarin, les inséparables Romain Play et Benedetta enivrent la foule pieds nus, conquise au plus haut point. Leur house éclectique illumine les visages. Le temps s’est arrêté, et surtout, personne ne veut que ça s’arrête.

Retour au château pour la dernière ligne droite. Laake et sa violoncelliste animent avec classe et brio le before avant l’ouverture des portes, entre savoureux hot dog chorizo-avocat et planches ibériques. En contre-haut, dans la cour, Garnier apprécie le set. Ce dernier – sous le sobriquet de DJ Jean Bon et habillé d’un t-shirt « Etal+ » – lance à son tour les hostilités avec un mini dj set pour le moins éclectique avant le premier groupe, Yacht Club. Ça démarre fort avec Robert Miras et son « Jésus est né en Provence », avant d’enchaîner avec Michel Fugain « Fais comme l’oiseau » et un « Bohemian rhapsodie » d’anthologie. Moment solennel. La foule est en communion. Difficile de passer après ça. Yatch Club ne captive effectivement pas plus que ça. Phoebe Killdeer, accompagnée des Short Straws, est ensuite déchaînée avec son rock qui sent bon l’Amérique et les années 70. Ça fonctionne mais tout le monde attend le dernier passage de Laurent Garnier, et les 2manydjs. Garnier finit en trombe et met le feu notamment avec « Bella Ciao » de Goran Bregovic et le « Follow me, Follow me » de Tejo remixé par Fatboy Slim. Il n’y aura pas eu ambiance plus survoltée que lors des inter plateaux possédés du pape Lolo Garnier. C’est une évidence et un plaisir immodéré. Avant d’entrer en piste, David Dewaele, le cadet des deux frangins 2manydjs nous a avoué : « C’est un honneur énorme que Laurent nous ait invités. On vient d’ailleurs de lui dire que c’est unique de jouer ici, c’est pour nous un des tops shows de l’année. » Le charme opère direct. De Hercules Love Affair « Blind », à Vitalic « Le rock 01 » en passant par Blur « Girls and boys », Marie Davidson « Work it », Green Velvet « Lazer Beams », Jaydee « Plastic Dream » et Jacques Dutronc « Les cactus ». Un véritable feu d’artifice de tubes le plus souvent remixés. C’est parfait. Comme ce Festival Yeah !

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