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10 juillet 2020

Fight Club : le nouveau Arca, pour ou contre ?

par Tsugi

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le dernier album de la Vénézuélienne Arca, KiCk i. Fight !

Fatigante Arca ? Assurément, sauf qu’elle nous fatigue mieux désormais. Elle est de ces figures qui s’emparent des saillances esthétiques et identitaires de l’époque et font le grand écart entre pop et galerie d’art. Cet aller-retour, désormais courant dans les arts, constitue presque un plan de carrière, dont KiCk i serait le second acte. Fini les numéros de Castafiore néo-indus en cuissardes de latex sur fond d’accouchements d’animaux, fini l’étalage de pyrotechnie le long d’albums vainement alambiqués façon Otto Von Schirach chez Cronenberg. La Vénézuélienne rabote ses tracks, tape dans l’EDM ou le R&B, et joue la carte de l’album “plus accessible”, limite surfait, avec featurings de luxe pour racoler du public. Et c’est plutôt réussi. Elle y trimballe Rosalía, caution mainstream, sur des terres électroniques plus accidentées qu’elle n’en fréquente, rend Björk moins insupportable que sur ses derniers disques, et croise le fer avec sa copine Sophie sur un track qui ne lâche pas sa proie. Sur “Riquiquí”, on entend l’enfant d’Autechre se défouler le temps d’un rap de radasse latino. Sur “Nonbinary”, un spoken word gluant déclare la guerre du genre. La culture queer se serait galvaudée dans les bons sentiments ? Arca enfonce alors le clou et bascule dans le mutant en incarnant un androïde mi-François Chaignaud mi-Gwen Stefani, avec juste ce qu’il faut de mauvais goût pour que ça reste drôle. KiCk i est donc ce disque qui veut nous faire vivre l’époque dans toutes ses dimensions – physiques, culturelles, technologiques – avec une intelligence et une arrogance qui l’emportent sur ses faux pas.

Thomas Corlin

 

Que peut-on bien attendre de quelqu’une qui a composé et produit la majorité de l’album le plus chiant de Björk (dans une discographie qui en compte pourtant beaucoup), Vulnicura ? Rien ou tout du moins pas grand-chose. Et bien justement ce “pas grand-chose”, c’est ce que l’on éprouve à l’écoute du quatrième album de la Vénézuélienne. Qui démarre plutôt bien, soyons justes, avec le minimalisme de “Nonbinary” (le genre étant au centre de l’œuvre de celle qui avait été définie comme “masculin” dans sa jeunesse) ou la pop pour grands espaces de “Time”. L’enchaînement avec le pétaradant “Mequetrefe” sera moins brillant. Essentiellement parce qu’on a l’impression d’avoir entre les oreilles une collection de tracks, mi-R&B futuriste mi-dubstep de l’au-delà, posée en dépit du bon sens, dépourvue de toute cohésion, qu’elle interprète (?) dans une orgie vocale criarde. Comble de malheur, la Vénézuélienne a invité sa BFF, la Castafiore islandaise, à vocaliser avec elle à qui mieux mieux sur l’ultra-pénible “Afterwards”, sorte de psaume épique, qui aurait eu sa place à Guantánamo pour changer de Metallica. Plus loin, la jeune femme a convoqué sa copine latino, la phénoménale Rosalía, pour une sorte de twerk alien, “KLK” pas loin d’être le meilleur titre avec son refrain (?) au parfum Bollywood. Productrice sans conteste originale et talentueuse, Arca est d’évidence moins à l’aise lorsqu’il s’agit de transformer les sons en compositions, d’où le sentiment de grande confusion ressenti pendant ce pensum d’à peine plus de 30 minutes, mais qui semble durer dix fois plus. Une certitude, cet album ne va pas nous faire frétiller le KiCk i.

Patrice Bardot

Retrouvez plus de chroniques dans le dernier Tsugi 132 : et si le disco nous sauvait la vie, disponible partout

Artwork

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