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Action Adventure (Mass Appeal)
22 novembre 2023

🥊 Fight Club : le nouveau DJ Shadow, pour ou contre ?

par Tsugi

 

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le nouvel album de DJ Shadow Action Adventure, Fight !

Chronique issue du Tsugi 165 : Culture Clubs : oĂą va le clubbing ?

 

 

 

pourQu’est-ce que bien vieillir pour un artiste? Cela fait bientôt trente ans que DJ Shadow a réalisé Endtroducing…, chef-d’œuvre à la fois immédiat et expérimental. Et si on pourrait vite l’y réduire, force est de constater que le Californien a su évoluer ensuite, tant en solo que dans ses nombreuses collaborations. Et arrivé à ce septième album, le voilà qui opère une sorte de régression, plus encore que sur les albums précédents : il faut ici définitivement faire le deuil de ce qu’était DJ Shadow. Tant mieux, au fond. Ici, c’est bien dans son enfance que vient piocher Joshua Davis. Et c’est évident: il a grandi dans les années 1980. Il affirme vouloir faire un disque plus personnel et moins formaté, et ce n’est pas faux. Mais un autre mot vient en tête: naïf. Car l’aspect « retour à l’enfance » ne se manifeste pas seulement dans l’esthétique, mais aussi cette manière très directe, voire ludique, d’aborder sa matière sonore. Ce sont ses propres souvenirs qu’il sample. Cela peut donner des titres grossiers (« All My ») ou très kitsch (le single « You Played Me », quasi caricature d’une BO de Stranger Things). Mais DJ Shadow ne repart pas de zéro pour autant. Son talent de production lui permet de dépasser le pur hommage, et des titres comme « A Narrow Escape » ou « Craig, Ingels&Wrightson » parviennent à mettre en avant une certaine nostalgie. Pas de quoi faire un grand disque, mais une recherche d’émotion dans le groove. DJ Shadow n’est plus révolutionnaire. Il n’empêche qu’il est touchant.

Antoine Gailhanou

 

 

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contreDisons-le d’emblée, ce ne sera pas un « contre » virulent, une charge contre le septième album de DJ Shadow. Pour la simple et bonne raison, déjà, que ce n’est pas un disque désagréable à écouter. On pourra même ajouter que quelques morceaux valent le détour. Le début du disque est d’ailleurs plutôt convaincant. « Ozone Scraper » lorgne du côté des années 1980, sans être tout à fait rétro, « You Played Me » l’est nettement plus dans un style électro-R&B, mais ça passe encore, « All My » déroule un instru hip-hop onirique un peu intemporelle. On se dit que Shadow tient son truc, cette idée de rendre hommage à sa collection de disques et de cassettes, de revenir à une forme de simplicité, à des morceaux instrumentaux, courts, sans invités. Idée pas très originale, certes, mais toujours séduisante. Celle de l’artiste qui retrouverait la spontanéité de ses débuts. Et quand, comme Shadow, on vit encore, quoi qu’on en dise, dans l’ombre de son premier album sorti il y a presque trente ans, ce n’est pas idiot. D’autant que l’Américain n’essaie pas non plus de nous refourguer un Endtroducing… bis. Mais arrivés aux cinquième et sixième pistes, ça commence à coincer, à sentir la drum’n’bass cheap et le big beat renfermé. Il y a encore quelques titres pas trop mal à suivre, mais l’impression plutôt bonne du début finit par céder place à une forme d’ennui. Les morceaux se répètent, tournent en rond. Le côté spontané s’est déjà envolé.

GĂ©rome Darmendrail
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