đ„ Fight Club : le nouveau DJ Shadow, pour ou contre ?
Un album, deux avis. Aujourdâhui sur le ring, le nouvel album de DJ Shadow Action Adventure, Fight !
Chronique issue du Tsugi 165 : Culture Clubs : oĂč va le clubbing ?
Quâest-ce que bien vieillir pour un artiste? Cela fait bientĂŽt trente ans que DJ Shadow a rĂ©alisĂ© EndtroducingâŠ, chef-dâĆuvre Ă la fois immĂ©diat et expĂ©rimental. Et si on pourrait vite lây rĂ©duire, force est de constater que le Californien a su Ă©voluer ensuite, tant en solo que dans ses nombreuses collaborations. Et arrivĂ© Ă ce septiĂšme album, le voilĂ qui opĂšre une sorte de rĂ©gression, plus encore que sur les albums prĂ©cĂ©dentsâ: il faut ici dĂ©finitivement faire le deuil de ce quâĂ©tait DJ Shadow. Tant mieux, au fond. Ici, câest bien dans son enfance que vient piocher Joshua Davis. Et câest Ă©vident: il a grandi dans les annĂ©es 1980. Il affirme vouloir faire un disque plus personnel et moins formatĂ©, et ce nâest pas faux. Mais un autre mot vient en tĂȘte: naĂŻf. Car lâaspect « retour Ă lâenfance » ne se manifeste pas seulement dans lâesthĂ©tique, mais aussi cette maniĂšre trĂšs directe, voire ludique, dâaborder sa matiĂšre sonore. Ce sont ses propres souvenirs quâil sample. Cela peut donner des titres grossiers (« All My ») ou trĂšs kitsch (le single « You Played Me », quasi caricature dâune BO de Stranger Things). Mais DJ Shadow ne repart pas de zĂ©ro pour autant. Son talent de production lui permet de dĂ©passer le pur hommage, et des titres comme « A Narrow Escape » ou « Craig, Ingels&Wrightson » parviennent Ă mettre en avant une certaine nostalgie. Pas de quoi faire un grand disque, mais une recherche dâĂ©motion dans le groove. DJ Shadow nâest plus rĂ©volutionnaire. Il nâempĂȘche quâil est touchant.
Antoine Gailhanou
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Disons-le dâemblĂ©e, ce ne sera pas un « contre » virulent, une charge contre le septiĂšme album de DJ Shadow. Pour la simple et bonne raison, dĂ©jĂ , que ce nâest pas un disque dĂ©sagrĂ©able Ă Ă©couter. On pourra mĂȘme ajouter que quelques morceaux valent le dĂ©tour. Le dĂ©but du disque est dâailleurs plutĂŽt convaincant. « Ozone Scraper » lorgne du cĂŽtĂ© des annĂ©es 1980, sans ĂȘtre tout Ă fait rĂ©tro, « You Played Me » lâest nettement plus dans un style Ă©lectro-R&B, mais ça passe encore, « All My » dĂ©roule un instru hip-hop onirique un peu intemporelle. On se dit que Shadow tient son truc, cette idĂ©e de rendre hommage Ă sa collection de disques et de cassettes, de revenir Ă une forme de simplicitĂ©, Ă des morceaux instrumentaux, courts, sans invitĂ©s. IdĂ©e pas trĂšs originale, certes, mais toujours sĂ©duisante. Celle de lâartiste qui retrouverait la spontanĂ©itĂ© de ses dĂ©buts. Et quand, comme Shadow, on vit encore, quoi quâon en dise, dans lâombre de son premier album sorti il y a presque trente ans, ce nâest pas idiot. Dâautant que lâAmĂ©ricain nâessaie pas non plus de nous refourguer un Endtroducing⊠bis. Mais arrivĂ©s aux cinquiĂšme et sixiĂšme pistes, ça commence Ă coincer, Ă sentir la drumânâbass cheap et le big beat renfermĂ©. Il y a encore quelques titres pas trop mal Ă suivre, mais lâimpression plutĂŽt bonne du dĂ©but finit par cĂ©der place Ă une forme dâennui. Les morceaux se rĂ©pĂštent, tournent en rond. Le cĂŽtĂ© spontanĂ© sâest dĂ©jĂ envolĂ©.