đ„ Fight Club : le nouveau Orbital, pour ou contre ?
Un album, deux avis. AujourÂdâhui sur le ring, le nouÂvÂel album dâOrÂbital, OptiÂcal DeluÂsion, Fight !
Chronique issue du TsuÂgi 157 : Flavien BergÂer et Agar Agar : Bande Ă part, disponible en kiosque et Ă la comÂmande en ligne.
Il va falÂloir faire conÂtre mauÂvaise forÂtune bon coeur : les dinosaures Ă©lecÂtronÂiques briÂtanÂniques refusent de mourir. Ces quinÂquagĂ©Ânaires (sexÂagĂ©Ânaires parÂfois) du 4/4, derniers vesÂtiges de lâĂąge dâor des annĂ©es 1990, sont bien dĂ©terÂminĂ©s Ă sâincruster durableÂment. AprĂšs LeftÂfield le mois dernier, avant UnderÂworld et sĂ»reÂment The ChemÂiÂcal BrothÂers en 2023, câest au tour des frĂšres Paul et Phil HartÂnoll, alias Orbital, dâeffectuer un nouÂveau (ultime ?) tour de piste. RevigÂorĂ© par le petit sucÂcĂšs (au moins criÂtique) de sa rĂ©cente comÂpiÂlaÂtion anniverÂsaire 30 SomeÂthing, qui brasÂsait misÂes Ă jour de clasÂsiques et nouÂveaux remixÂes, Orbital cĂ©lĂšbre son retour sur son label hisÂtorique, LonÂdon Records, avec un dixÂiĂšme album tout neuf, avant une sĂ©rie de réédiÂtions de son catÂaÂlogue. Tout neuf, câest vite dit. Orbital fait du Orbital, ni plus ni moins. Mais il le fait bien, sâautorisant mĂȘme une virÂuÂlente digresÂsion Ă laqueÂlle nous nâĂ©tions pas habituĂ©s, lâĂ©pique âDirty Ratâ en comÂpagÂnie des frapÂpadingues Sleaford Mods, portĂ© par une ligne de basse danÂtesque et une rage sourde. Les frĂšres HartÂnoll parviÂenÂnent Ă mainÂtenir un Ă©quiliÂbre, fragÂile, entre les emprunts Ă leur passĂ© et un son plus modÂerne. âRinga Ringa (The Old PanÂdemÂic Folk Song)â ou âThe New AbnorÂmalâ auraient pu ainÂsi figÂurÂer sur le Brown Album (1993), âYou Are The FreÂquenÂcyâ ou âWhat A SurÂpriseâ sur SnivilÂiÂsaÂtion (1994), âRequiem For The Pre ApocÂaÂlypseâ sur lâEP Times Fly (1995) et le trancey âDay Oneâ sur Ă peu prĂšs tous leurs albums. Quant Ă âAre You Aliveâ, âHomeâ ou âMoon Princessâ, chanÂsons Ă©lecÂtronÂiques uptemÂpo au forÂmat couplet/refrain/machines, elles monÂtrent un nouÂveau chemin, presque pop, aux HartÂnoll, qui se renouÂvelÂlent suffÂisamÂment pour sĂ©duire avec OptiÂcal DeluÂsion nouÂveaux venus et conÂverÂtis de longue date. Câest bien conÂnu, câest dans les vieux pots, etc., etc.
BenoĂźt CarÂretiÂer
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Câest beau les souÂvenirs. ParÂfois, un peu douloureux ausÂsi quand on se prend dans la tronche lâĂ©preuve du temps. Surtout si on se rapÂpelle ce 6 juin 1996, et le conÂcert dâOrbital Ă lâĂlysĂ©e MontÂmartre Ă Paris. CâĂ©tait il y a vingt-six ans mais notre mĂ©moire est encore fraĂźche. Le disÂposiÂtif Ă©tait, pour lâĂ©poque, futurÂiste. Une pyraÂmide dâĂ©chafaudages posĂ©e au milieu de la salle, oĂč les frĂšres HartÂnoll, chaussĂ©s de drĂŽles de lampes-lunettes trĂŽÂnaient au somÂmet face Ă leurs machines. âBelfastâ, âChimeâ, âHalÂcyÂon And On And Onâ⊠Nous Ă©tions sous le charme de leurs hits techÂno mĂ©lodiques qui mixÂaient ambiÂent et breakÂbeat. Heureux de voir enfin ceux qui Ă©taient alors de vraies stars. Le duo vient de fĂȘter ses trente ans de carÂriĂšre, et pubÂlie aujourdâhui son dixÂiĂšme album. Que reste-t-il de nos amours ? Ă la fois beauÂcoup, comme un savoir-faire inconÂtestable dans la crĂ©aÂtion Ă©lecÂtronÂique, mais ausÂsi pas grand-chose, tant cette qualÂitĂ© semÂble ĂȘtre figĂ©e dans le passĂ©. Le futur de la techÂno ne passera pas par Orbital, mĂȘme si sur OptiÂcal DeluÂsion, la fratrie conÂvoque toute une sĂ©rie dâinvitĂ©s vocaux avec la volonÂtĂ©, on lâimagine, dâamener de lâinĂ©dit Ă ses comÂpoÂsiÂtions. Le cliÂmax du proÂjet Ă©tant âDirty Ratâ avec les excitĂ©s Sleaford Mods. La nerveuse ligne de basse fait illuÂsion Ă conÂdiÂtion dâoublier le reste : câest-Ă -dire un brouÂet trance-punk indiÂgeste. On nâest par conÂtre pas obligĂ© dâadhĂ©rer Ă la voix façon Jeanne DâArc sur le bĂ»chÂer de Dina Ipavic sur âDay Oneâ ou aux incanÂtaÂtions grand guigÂnol de Coppe sur la conÂcluÂsion âMoon Princessâ. Mais on se dit que les brozeurs ont peut-ĂȘtre glisÂsĂ© une piste pour mieux comÂprenÂdre ce disque. Le titre dâouverture, pĂ©taradant Ă souhait, se nomme de maniĂšre assez fun âRinga Ringa (The Old PanÂdemÂic Folk Song) (feat. The MediÂaeÂval Baebes)â. Et si tout ceci nâĂ©tait quâun vaste gag ? Vu sous cet angle, on a (presque) envie dâapplaudir.
Patrice BarÂdot