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© Grant Spanier
2 décembre 2020

Fight Club : le nouvel album de The Avalanches, pour ou contre ?

par Léonie Ruellan

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le nouvel album de The Avalanches, We Will Always Love You. Fight !

Chronique issue du Tsugi 136 : Eno, l’avis de Bian, disponible en kiosque et à la commande en ligne

Vingt-cinq titres pour 71 minutes d’écoute : à l’heure où les albums ressemblent de plus en plus à des EPs, We Will Always Love You peut décourager bien avant d’appuyer sur play. Mais ce serait oublier toutes les graines semées par The Avalanches sur la planète streaming tout au long de l’année. Ça a même commencé dans le monde d’avant, en février dernier, avec le titre « We Will Always Love You » et un Blood Orange en pleine forme. Quasiment un an plus tard, ce troisième album des Australiens, toujours construit à partir de samples, met les voix au centre des morceaux, donnant vie aux fantômes des années passées. Car, malgré le succès du premier album, nous cuisiner la même recette qu’il y a vingt ans aurait paru barbant et surtout daté. En témoignent le nombre indécent de guest-stars, de Neneh Cherry à Denzel Curry, MGMT, Tricky, Karen O – chanteuse des Yeah Yeah Yeahs – et même Jamie XX à la production de « Wherever You Go ». Les voix se font écho entre elles à travers tous ces interludes, ces messages vocaux, ces craquements de disques, ces glitches et ces orages lointains. Jusqu’à créer un amour interstellaire dans un cosmos de bonnes ondes, à l’image du Voyager Golden Record, disque envoyé dans l’espace au cours des années 70, source d’inspiration primaire de We Will Always Love You – la femme sur la pochette est d’ailleurs l’une des créatrices du projet. En cette fin d’année maudite, on n’aurait pu rêver mieux pour réchauffer les cœurs. En attendant le vaccin.

Simon Brazeilles

 

« Quand The Avalanches fait un album, on ne veut pas que ce soit un fatras », déclarait l’un de ses deux membres Tony DiBlasi dans une récente interview au NME. Force est de constater à l’écoute des 25 titres de We Will Always Love You (un chiffre à relativiser, sachant qu’il compte tout de même deux intros et cinq interludes) que The Avalanches n’a en effet pas cherché l’effet méli- mélo… même si le duo australien n’a pas pu s’empêcher d’inviter le ban et l’arrière-ban des vocalistes en mal de featurings. On reprochait le mois dernier à Gorillaz d’en avoir trop fait, on pourra en dire autant pour ces bidouilleurs des antipodes, qui ont peut-être peur que leurs productions ne se suffisent pas à elles-mêmes ? Allez savoir. Malgré tout, We Will Always Love You est monotone à en bâiller. Certains parleront de fluidité, d’harmonie entre les morceaux, c’est surtout lisse et propre, comme si toute aspérité avait été javellisée avec frénésie. Revenons à l’entretien accordé au NME. L’autre Avalanche, Robbie Chater, ajoutait qu’ils ne voulaient pas que ça sonne « trop trippant ». Rassure-toi Robbie, l’objectif est atteint. Il manque bien une petite louche de folie à votre troisième album, qu’on sent pourtant poindre au douzième morceau, « Star Song ». Enfin une prise de risques et un peu de déstructuration ! La tendance se confirme avec les titres « Music Is The Light », « Overcome » ou « Until Daylight Comes ». Hélas. Trop loin, trop tard, le marchand de sable est déjà passé.

Léonie Ruellan

 

The Avalanches

Artwork

Retrouvez plus de chroniques dans le dernier Tsugi 136 : Eno, l’avis de Brian, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

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