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©Edouard Nardon & Clement Pascal
7 janvier 2022

🔊 Inter[re]view : Avec ce nouvel album lumineux, Odezenne goûte à la liberté totale

par Emmanuel Haddek

Après quatre albums, dont le dernier Au Baccara, sorti en 2018, on aurait pu penser qu’Odezenne, groupe formĂ© par Alix Caillet, Jacques Cormary et Mattia Lucchini, nous avait dit toute sa poĂ©sie. C’était sans compter sur 1200 mètres en tout, sorti ce vendredi sur Universeul. Un album en clair-obscur qui dit l’espoir et la persĂ©vĂ©rance, malgrĂ© la vie et ses reliefs.

« J’ai traversĂ© l’une des pires pĂ©riodes de ma vie » Alix, d’Odezenne

Après ĂŞtre sortis d’une tournĂ©e triomphale qui s’était terminĂ©e Ă  New York, les trois potes s’Ă©taient prĂ©vu une pause. Mais le confinement en a dĂ©cidĂ© autrement : « Tous les soirs, on Ă©tait dans notre studio Ă  Bordeaux, on jouait de la musique, on faisait la fĂŞte… Finalement, cela a Ă©tĂ© un retour en studio beaucoup plus prĂ©coce que prĂ©vu mais complètement provoquĂ© par la situation dans laquelle on Ă©tait« . C’est dans cette bulle que naĂ®tra l’album.

« On s’est mis Ă  Ă©crire des textes sur un Google Doc en ligne, tous les deux l’un en face de l’autre et en direct. Tu peux modifier ce que l’autre Ă©crit, on rentre un peu dans le cerveau de l’autre. »

Un peu moins de deux ans plus tard, Odezenne offre pas moins de 16 titres oĂą s’entrechoquent mille Ă©motions, sans jamais entrer dans l’excès, rĂ©cit poĂ©tique des Ă©preuves traversĂ©es par le groupe durant cette pĂ©riode « atypique« , selon Alix. Il en ressort un album extrĂŞmement riche, aux instrus toujours plus travaillĂ©es (signĂ©es Mattia) et des textes Ă  la fois intelligents et Ă©piques. Après nous avoir bluffĂ© avec Au Baccara, Odezenne ne tombe pas dans la facilitĂ©, au contraire. Une Ă©nième rĂ©ussite que l’on doit sĂ»rement Ă  la complĂ©mentaritĂ© de ces potes de longue date (20 ans) et qui jouent ensemble depuis plus de dix : « On s’est mis Ă  Ă©crire des textes sur un Google Doc en ligne, tous les deux l’un en face de l’autre et en direct. Tu peux modifier ce que l’autre Ă©crit, on rentre un peu dans le cerveau de l’autre« , expliquent Jacques et Alix.

MalgrĂ© des Ă©preuves difficiles, notamment le dĂ©cès brutal d’une proche du groupe, ce cinquième album n’est pas celui du deuil, de la tristesse, et encore moins du regret : « La vie va, la vie vient, la vie surtout« , chante Jacques dans « Pablo ». Du premier titre au dernier, on navigue avec le groupe, Ă  travers ce qui fait, tantĂ´t le charme, tantĂ´t la duretĂ© de la vie. Le titre de l’album le rĂ©sume : « 1200 mètres en tout dĂ©signe tout le relief qu’il peut y avoir dans la vie : des hauts et des bas, des moments qui passent très vite, d’autres très lentement… Il y a forcĂ©ment des moments lumineux, d’autres plus sombres… » ; « J’ai traversĂ© l’une des pires pĂ©riodes de ma vie » confiera Alix. On ressort pourtant de l’album avec un sentiment un peu Ă©trange mais dĂ©licieusement optimiste. « Je pense que c’est dans l’adversitĂ© qu’on arrive le mieux Ă  trouver la drĂ´lerie et l’idiotie qui apaisent les choses« , tente Jacques.

« Les premiers concerts d’Odezenne, c’Ă©tait en free party. On y allait Ă  4h du mat. »

Si on a l’impression, dès le premier titre, d’entrer dans une bulle planante et rĂ©confortante avec le formidable « Mr FĂ©tis » – sans doute l’un des plus beaux textes d’Odezenne – on est très vite surpris par « Palavas-les-Flots », une ballade pop et joyeuse. Trois minutes et vingt quatre secondes plus tard, atterrissage en douceur sur nos (regrettĂ©s) dancefloors avec « Bitch ». Une note qui n’était pas nĂ©gociable et bien typique du groupe quand on connaĂ®t son rapport Ă  la musique Ă©lectronique : « Les premiers concerts d’Odezenne, c’Ă©tait en free party. On y allait Ă  4h du mat. C’est de la musique qu’on apprĂ©cie et c’est pour ça qu’on se laisse aller sur quelques morceaux« , raconte Alix. Dans le titre, Jacques balance : « Putain j’ai l’air libre« . Ă€ voir comme Odezenne s’affranchit encore une fois des barrières de styles, notamment sur le très remarquĂ© « Mamour » sur lequel le groupe a posĂ© un vocoder aux airs assumĂ©s de Daft Punk, c’est dĂ©sormais une certitude. Libre aussi de collaborer avec celles et ceux qu’il affectionne, le groupe s’est offert un featuring – le seul de l’album – avec le duo Mansfield.TYA. PoĂ©tique Ă  souhait. Libre encore, quand Odezenne nous balance deux titres rap bien acerbes et maitrisĂ©s, « Regarde si c’est loin » et « Deux traits », venant nous rappeler les premières sorties du groupe.

« Odezenne a toujours Ă©tĂ© un moyen d’ĂŞtre libre. Libre dans la vie, on ne bosse pour personne, on fait ce qu’on veut. »

« Odezenne a toujours Ă©tĂ© un moyen d’ĂŞtre libre. Libre dans la vie, on ne bosse pour personne, on fait ce qu’on veut. On est libre de rĂ©aliser nos envies« , confirme Alix. Jacques s’empresse d’ajouter : « On fait surtout ce qu’on peut avec nos armes, tout en restant libre, Ă©videmment« . Rassurez-vous les gars, c’est très bien comme ça.

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Odezenne sera en tournée dans toute la France à partir de février 2022 et au Zénith de Paris le 11 février.

©Edouard Nardon & Clement Pascal

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