🔊 Inter[re]view : Avec ce nouvel album lumineux, Odezenne goûte à la liberté totale
Après quaÂtre albums, dont le dernier Au BacÂcara, sorÂti en 2018, on aurait pu penser qu’Odezenne, groupe forÂmĂ© par Alix CailÂlet, Jacques CorÂmary et MatÂtia LucÂchiÂni, nous avait dit toute sa poĂ©sie. C’était sans compter sur 1200 mètres en tout, sorÂti ce venÂdreÂdi sur UniÂverseul. Un album en clair-obscur qui dit l’eÂspoir et la perÂsĂ©vĂ©rance, malÂgrĂ© la vie et ses reliefs.
“J’ai traÂverÂsĂ© l’une des pires pĂ©riÂodes de ma vie” Alix, d’Odezenne
Après ĂŞtre sorÂtis d’une tournĂ©e triÂomÂphale qui s’était terÂminĂ©e Ă New York, les trois potes s’éÂtaient prĂ©vu une pause. Mais le conÂfineÂment en a dĂ©cidĂ© autrement : “Tous les soirs, on Ă©tait dans notre stuÂdio Ă BorÂdeaux, on jouait de la musique, on faiÂsait la fĂŞte… FinaleÂment, cela a Ă©tĂ© un retour en stuÂdio beauÂcoup plus prĂ©Âcoce que prĂ©vu mais comÂplèteÂment provoÂquĂ© par la sitÂuÂaÂtion dans laqueÂlle on Ă©tait”. C’est dans cette bulle que naĂ®Âtra l’album.
“On s’est mis Ă Ă©crire des textes sur un Google Doc en ligne, tous les deux l’un en face de l’autre et en direct. Tu peux modÂiÂfiÂer ce que l’autre Ă©crit, on renÂtre un peu dans le cerveau de l’autre.”
Un peu moins de deux ans plus tard, Odezenne offre pas moins de 16 titres oĂą s’entrechoquent mille Ă©moÂtions, sans jamais entrÂer dans l’excès, rĂ©cÂit poĂ©Âtique des Ă©preuves traÂverÂsĂ©es par le groupe durant cette pĂ©riÂode “atypÂique”, selon Alix. Il en ressort un album extrĂŞmeÂment riche, aux instrus touÂjours plus traÂvailÂlĂ©es (signĂ©es MatÂtia) et des textes Ă la fois intelÂliÂgents et Ă©piques. Après nous avoir bluffĂ© avec Au BacÂcara, Odezenne ne tombe pas dans la facilÂitĂ©, au conÂtraire. Une Ă©nième rĂ©usÂsite que l’on doit sĂ»reÂment Ă la comÂplĂ©ÂmenÂtarÂitĂ© de ces potes de longue date (20 ans) et qui jouent ensemÂble depuis plus de dix : “On s’est mis Ă Ă©crire des textes sur un Google Doc en ligne, tous les deux l’un en face de l’autre et en direct. Tu peux modÂiÂfiÂer ce que l’autre Ă©crit, on renÂtre un peu dans le cerveau de l’autre”, expliquent Jacques et Alix.
MalÂgrĂ© des Ă©preuves difÂfiÂciles, notamÂment le dĂ©cès bruÂtal d’une proche du groupe, ce cinquième album n’est pas celui du deuil, de la tristesse, et encore moins du regret : “La vie va, la vie vient, la vie surtout”, chante Jacques dans “Pablo”. Du preÂmier titre au dernier, on navÂigue avec le groupe, Ă traÂvers ce qui fait, tanÂtĂ´t le charme, tanÂtĂ´t la duretĂ© de la vie. Le titre de l’album le rĂ©sume : “1200 mètres en tout dĂ©signe tout le relief qu’il peut y avoir dans la vie : des hauts et des bas, des moments qui passent très vite, d’autres très lenteÂment… Il y a forÂcĂ©Âment des moments lumineux, d’autres plus somÂbres…” ; “J’ai traÂverÂsĂ© l’une des pires pĂ©riÂodes de ma vie” conÂfiera Alix. On ressort pourÂtant de l’album avec un senÂtiÂment un peu Ă©trange mais dĂ©liÂcieuseÂment optiÂmiste. “Je pense que c’est dans l’adÂverÂsitĂ© qu’on arrive le mieux Ă trouÂver la drĂ´Âlerie et l’idÂiÂotie qui apaisent les choses”, tente Jacques.
“Les preÂmiers conÂcerts d’Odezenne, c’éÂtait en free parÂty. On y allait Ă 4h du mat.”
Si on a l’imÂpresÂsion, dès le preÂmier titre, d’enÂtrÂer dans une bulle planante et rĂ©conÂforÂtÂante avec le forÂmiÂdaÂble “Mr FĂ©tis” – sans doute l’un des plus beaux textes d’Odezenne – on est très vite surÂpris par “Palavas-les-Flots”, une balÂlade pop et joyeuse. Trois minÂutes et vingt quaÂtre secÂonÂdes plus tard, atterÂrisÂsage en douceur sur nos (regretÂtĂ©s) danceÂfloors avec “Bitch”. Une note qui n’était pas nĂ©goÂciaÂble et bien typÂique du groupe quand on conÂnaĂ®t son rapÂport Ă la musique Ă©lecÂtronÂique : “Les preÂmiers conÂcerts d’Odezenne, c’éÂtait en free parÂty. On y allait Ă 4h du mat. C’est de la musique qu’on apprĂ©Âcie et c’est pour ça qu’on se laisse aller sur quelques morceaux”, raconÂte Alix. Dans le titre, Jacques balÂance : “Putain j’ai l’air libre”. Ă€ voir comme Odezenne s’affranchit encore une fois des barÂrières de styles, notamÂment sur le très remarÂquĂ© “Mamour” sur lequel le groupe a posĂ© un vocoder aux airs assumĂ©s de Daft Punk, c’est dĂ©sorÂmais une cerÂtiÂtude. Libre ausÂsi de colÂlaÂborÂer avec celles et ceux qu’il affecÂtionne, le groupe s’est offert un feaÂturÂing – le seul de l’alÂbum – avec le duo Mansfield.TYA. PoĂ©Âtique Ă souhait. Libre encore, quand Odezenne nous balÂance deux titres rap bien acerbes et maitrisĂ©s, “Regarde si c’est loin” et “Deux traits”, venant nous rapÂpelÂer les preÂmières sorÂties du groupe.
“Odezenne a touÂjours Ă©tĂ© un moyen d’être libre. Libre dans la vie, on ne bosse pour perÂsonÂne, on fait ce qu’on veut.”
“Odezenne a touÂjours Ă©tĂ© un moyen d’être libre. Libre dans la vie, on ne bosse pour perÂsonÂne, on fait ce qu’on veut. On est libre de rĂ©alisÂer nos envies”, conÂfirme Alix. Jacques s’empresse d’ajouter : “On fait surtout ce qu’on peut avec nos armes, tout en restant libre, Ă©videmÂment”. Rassurez-vous les gars, c’est très bien comme ça.
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Odezenne sera en tournĂ©e dans toute la France Ă parÂtir de fĂ©vriÂer 2022 et au ZĂ©nith de Paris le 11 fĂ©vrier.

©Edouard NarÂdon & Clement Pascal