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12 juin 2012

Interview : 5 questions à Breton

par rédaction Tsugi

Le passage de nos Anglais préférés au festival Garorock a été l’occasion de faire le point sur la « vague Breton » avec le chanteur Roman Rappak.

 

Tsugi : Vous venez juste de descendre de la scène de Garorock. Comment ça s’est passé ? Penses-tu que le projet artistique de Breton est vraiment adapté à ce genre d’événements ?

Roman Rappak (Breton) : Ça s’est très bien passé, les gens étaient attentifs, même si jouer en pleine après-midi est toujours un peu étrange… En effet, nous ne sommes pas habitués à jouer en plein jour. Et ça nous coupe complètement de l’aspect vidéo, qui est en théorie l’une des composantes de Breton… Mais on voit ça comme un nouveau challenge, que l’on va devoir accepter, vu tous les festivals que l’on va faire cet été…

 

Avec votre succès actuel, vous n’avez pas peur que Breton glisse naturellement vers un statut de « simple groupe de musique » ?

Je comprends que tu puisses penser ça. Mais on a encore la chance de se faire proposer des expériences diverses, qui brassent un spectre très large. Hier, par exemple, on était à Rome pour faire un ciné-concert, dans une salle pleine de gens assis dans des fauteuils. Et je rappelle qu’à la base, Breton était un collectif audiovisuel avant d’ajouter cette partie musicale… Et on a encore beaucoup d’opportunités sur ce plan-là, on va par exemple travailler avec la télévision française sur un projet audiovisuel totalement dirigé par nous, tournage compris, pour une projection finale, avec live à l’appui, à la Gaîté Lyrique. Au final, il s’agit pour nous de respecter un équilibre, car on ne veut ni devenir un groupe de musique à plein temps, ni une bande de types qui fait uniquement de la vidéo. Et pourtant, ce genre de festivals est blindé de bons groupes, ce sont des expériences humaines superbes, et il serait dommage de ne pas se confronter à ça. On navigue entre les deux points d’un segment.

 

Vous semblez passer énormément de temps en France…

La France est le pays qui nous a le mieux accueilli depuis qu’on a commencé à percer. Et on aime bien votre bouffe ! (rires) Mis à part ça, vous semblez avoir une exigence particulière lorsqu’il s’agit de culture et de musique en général, tout en acceptant sans sourciller la notion d’efficacité dans ce domaine. Il se passe tant de choses ici, c’est très excitant. La seule chose que je n’aime pas trop dans le milieu de la musique et de la culture française, c’est cette propension à se faire dire qu’on raconte des bêtises lorsqu’on en raconte effectivement, pour le plaisir. Cette légère condescendance est parfois pénible…

Vous avez publié votre premier album après une série d’EPs, ainsi que plusieurs morceaux carrément donnés sur SoundCloud. Vous collez vraiment à l’idée d’album, vous vouliez le faire ?

Les formats appellent tous des contraintes. Le format le plus libre, en effet, est celui du morceau ou du maxi lâché gratuitement sur le Net. Oui, on voulait faire un album. Je crois qu’on a réussi. Il est possible que nos EPs soient plus concis, moins dispersés… Mais faire un EP n’est pas moins contraignant que faire un album, c’est la somme de travail qui change avant tout. C’est le principe de l’art, qui est de toute façon soumis à un cadre imposé par le matériel. Les films d’une heure et demie, à la base, c’est une histoire de longueur de bobine… S’adapter à ces contraintes est un travail aussi intéressant que de les casser.

 

Vous avez clamé sur Facebook que votre meilleur concert était celui joué à Art Rock à Saint Brieuc il y a quelques semaines. Il s’est passé quoi là bas ?

C’était fou. La synergie avec les gens était totale. On a super bien joué, les premiers rangs connaissaient les paroles, ils nous donnaient autant que nous leur donnions… Et puis, juste avant le rappel constitué des trois morceaux les plus électrisants, plus de courant. En sachant que, mis à part la batterie, tous nos instruments sont dépendants de l’électricité, nous étions muets et aveugles. Puis nous avons commencé à improviser un jam à la batterie, à plusieurs, et j’ai tenté d’expliquer ce problème de coupure aux premiers rangs, qui ont fait passer l’information aux gens derrière eux, et ainsi de suite. Visiblement, le problème venait d’une festivalière qui avait involontairement provoqué un court-circuit en faisant bouger un câble… Au final, le public a commencé à devenir nerveux, i ly avait de la tension dans l’air… Et le courant est revenu juste au bon moment. Les trois derniers morceaux étaient dingues, toute la tension est partie, réinjectée en énergie. Je garderai un souvenir magnifique de ce concert.

 

Propos recueillis par Mathias Riquier

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