Skip to main content
© FIFOU
3 juin 2022

🎤 Interview : EnchantĂ©e Julia sort l’EP Longo MaĂŻ, bijou nĂ©o soul Ă  la française

par Corentin Fraisse

Charisme indĂ©niable, voix droite et nĂ©o-soul carrĂ©e, en français dans le texte : EnchantĂ©e Julia se fait une place sur la nouvelle scène française et sort dĂ©jĂ  son deuxième EP intitulĂ© Longo MaĂŻ. Un nom intrigant qui sent bon la Provence, pour un Ă©crin de 7 titres savamment orchestrĂ©s entre soul et chanson française, oĂą on retrouve notamment Terrenoire et Benjamin Epps. Il n’en fallait pas plus Ă  Tsugi pour l’avoir en interview, Ă  l’occasion de la sortie de ce brillant EP. 

 

 

C’est quoi tes influences en termes d’artistes ? Tu as des role models dans la musique ?

Evidemment y’en a plein ! Mes plus grandes influences, c’est Erykah Badu et Claude Nougaro. Alors ça n’a rien Ă  voir, mais finalement ça se rejoint. Ils m’ont donnĂ© le dĂ©clic quand j’étais plus jeune. L’envie de chanter, d’écrire des chansons en français aussi. Et puis y’en a plein dans plein de styles diffĂ©rents : jazz, soul, rap, chanson française… Salvador et Gainsbourg m’ont influencĂ©e très fort.

Et j’ai Ă©coutĂ© du rap très jeune, parce que j’ai une grande sĹ“ur qui m’a initiĂ©e au rap, dès mes 8 ans. PlutĂ´t US, car elle allait bcp aux Etats-Unis, faisait des Ă©changes avec des familles et elle revenait avec plein de cassettes et de CDs. A l’époque, elle me ramenait les Fugees et Nas, Tupac, Notorious BIG… J’ai Ă©normĂ©ment Ă©coutĂ© Biggie, parce qu’il avait cette volontĂ© de sampler du funk et de la soul… et ca me parlait beaucoup. Avec des refrains mĂ©lodieux, entĂŞtants. Mais j’avais envie de comprendre les textes ! Donc je me suis intĂ©ressĂ© Ă  l’anglais très jeune, j’avais 19 ou 20/20 en anglais grâce Ă  la musique, mĂŞme si pour tout le reste… j’étais nulle.

 

Pourquoi chanter en français alors, pourquoi cette volonté marquée chez toi ? Tu as tenté de faire du 100% anglais? 

Je pense que c’est important de le faire en français et c’est plus intéressant –selon moi bien sûr-. Au début je ne chantais qu’en anglais, je reprenais les chansons, je mimais même. Quand j’ai eu envie d’en écrire, j’ai voulu que ce soit en français. C’est venu avec le temps.

 

Tu n’as jamais eu d’apprĂ©hension Ă  Ă©crire en français pour une musique soul?

Ah mais ça ne sonnait pas du tout au dĂ©but ! J’avais 15-16 ans et je n’avais pas encore trouvĂ© les bons placements etc. Trouver le bon groove avec cette musique, avec de la poĂ©sie, du fond et de la forme, c’est pas Ă©vident et il faut du temps. MAIS, grâce Ă  des gens comme Nougaro ou Salvador, ça m’a donnĂ© cette envie de groover en français.

 

Tout serait dans la diction, le placement ?

Exactement, la diction, les placements et les appuis n’ont rien Ă  voir ! Maintenant, c’est complètement naturel pour moi de chanter en français, c’est devenu un rĂ©flexe. Et pour crĂ©er-composer, le français c’est naturel.

Enchantée Julia

© FIFOU

On sent beaucoup d’influences chez toi, qu’est-ce qu’on écoutait à la maison ? (À part le rap légué par ta soeur)

Alors beaucoup de classique dĂ©jĂ , parce que mon père est prĂ©sident d’un festival de musique baroque depuis 30 ans. Donc du classique, de jazz… J’étais fan de Dinah Washington, Ella Fitzgerald, Melody Gardot. Mais j’écoutais aussi Missy Elliott, Aaliyah, Jill Scott, Ă©videmment D’Angelo… Et aussi des musiques napolitaines, parce que ma mère est Sicilienne. Et en chanson française, surtout Mathieu Chedid.

 

Longo Maï, le titre de ton EP, j’ai cru comprendre que c’était une formule du Sud pour dire « longue vie » ou « ça dure longtemps » etc. Tu as l’air de dire que c’est un mantra pour toi au quotidien ?

Oui, c’est une expression qui me rassure. Je trouve ça beau « Longo Maï » mĂŞme Ă  l’oreille c’est joli, intrigant, mystĂ©rieux… Je trouvais intĂ©ressant de balancer ça, et que les gens cherchent. C’est une rĂ©fĂ©rence Ă  mes origines provençales, c’était aussi une maison qui s’appelait ‘Longo MaĂŻ’ pas loin de chez moi… Ça englobe plein de choses : c’est un mantra, une prière, comme un vĹ“u, ce qu’on peut souhaiter de mieux aux gens. C’est ce qu’on souhaitait dans les mariages, les anniversaires : « Longo MaĂŻ ! ». C’était mon mood ces dernières annĂ©es, la formule rĂ©sume bien. C’est rassurant, positif, ça colle Ă  la musique que je fais.

 

L’EP raconte quoi ? L’envie générale, la thématique ?

C’est l’amour, clairement. Il parle surtout d’une personne en particulier, la personne avec qui je suis. C’est un EP que je lui dĂ©die, je l’aurais jamais fait sans lui, sans son soutien. C’est mon inspiration première. J’ai fait bien plus de chansons que ça pour l’EP, mais j’en ai gardĂ© sept. Il y a aussi des choses qui parlent de choses plus personnelles, intimes, qui concernent aussi l’amour mais plus profondes sur des blessures, des relations passĂ©es… « SOS » par exemple. Ou « Questions », c’est plus introspectif. Mais ça va aussi avec « Longo Maï » : arrĂŞter de se prendre la tĂŞte, de se poser trop de questions.
Y’a le morceau « Longo Maï » avec Benjamin Epps. Très heureuse d’avoir partagé cette chanson et ce texte avec lui, parce que lui aussi s’est retrouvé dans ce mood. Il a vécu des choses difficiles, et je pense que ça lui a parlé. Vraiment très heureuse d’avoir partagé ce texte avec lui.

 

Tu parlais de Benjamin Epps : tu as enchaîné les collabs avec des noms clinquants, par exemple Luidji au début, là Benjamin Epps, Terrenoire… C’est parce que tu conçois la musique que comme un truc de groupe-collaboratif, ou t’aimes aussi avoir tes morceaux 100% à toi, 100% Enchantée Julia ?

Vraiment, les deux ! Partager la musique c’est naturel. Que ce soit avec les producteurs, les musiciens, par exemple Oscar Emsch est venu faire des basses et guitares, Hagni de L’ImpĂ©ratrice qui a fait des violons… Sur l’EP il y a beaucoup de producteurs diffĂ©rents, certains m’ont mĂŞme dit « Ah bon, tout ça ?« . Terrenoire c’est des frères, ça fait 12 ans qu’on se connait, on avait dĂ©jĂ  collaborĂ© sur mon ancien EP… C’était Ă©vident qu’on ferait un truc ensemble un jour.

J’ai rencontrĂ© The Hop et Crayon grâce Ă  Gary de Walk in Paris. J’ai eu un gros coup de cĹ“ur avec eux, ça a matchĂ© et puis de fil en aiguille, on s’est mis Ă  composer des chansons. Ça m’a vraiment aidĂ©e Ă  cette pĂ©riode-lĂ , ils ont Ă©tĂ© dispos pour moi et crĂ©atifs. C’est vrai que ça manque un peu de femmes lĂ  j’avoue haha. Maintenant j’aimerais bien collaborer avec des femmes lĂ , c’est bon !

 

Ă€ lire Ă©galement
Walk In Paris lâche la tracklist hyper aguicheuse de sa première mixtape

 

Justement, on te voit pas mal sortir avec des artistes femmes… Ehla, Reÿn, etc. Elles font partie des gens avec qui tu veux collaborer ?

Oh ben oui complètement. J’adore ce qu’elles font, on a pour projection de faire un morceau, Ă©videmment ! Mais pas seulement elles, j’ai d’autres artistes avec qui j’aimerais collaborer aussi. Mais j’adore ce qu’elles font.

 

S’il te restait un seul album à écouter jusqu’à la fin des temps ?
Mama’s Gun d’Erykah Badu : c’est un album qui est intemporel,  un album qui a changĂ© ma vie. Parce que je peux encore l’écouter chaque jour. Je suis sĂ»re que encore dans 10 ans, 20, 30, 40 ans, je l’écouterai encore et jusqu’Ă  la fin de ma vie.

 

Un ou une artiste néo soul à écouter jusqu’à la fin des temps ?

Erykah Badu, toujours ! Ou D’Angelo. Pour moi de toute façon, c’est la mère et le père.

 

Si tu avais à choisir une seule personne pour faire un duo rêvé ?

Alors c’est très difficile hein, mais Kendrick Lamar ! L’album m’a… transcendée. Incroyable.

 

Si tu pouvais garder un seul élément de ton outfit, qui ne te quitterait jamais ?

Enchantée Julia

© FIFOU

De mon corps alors, mes cheveux !

 

Une seule chanson de ton EP ?

« Moussa »

 

La chanson qui définit le mieux l’EP ?

« Moussa »

 

Celle avec la meilleure prod ?

Wow c’est dur ça ! Pour les producteurs c’est pas très sympa (rires). Moi j’adore toutes les prods de mon EP… Tout l’EP. Plein de producteurs diffĂ©rents et une chanson comme « Toucher toi » avec Terrenoire c’est très chanson française, elle est diffĂ©rente d’un morceau comme « Venus » très très neo-soul, presque r’n’b… Donc non je saurais pas dire, c’est trop dur.

 

Celle que t’as pris le plus de plaisir à écrire et composer ?

Je vais rester sur « Moussa » parce que pour moi, c’est la chanson qui a dĂ©clenchĂ© la suite, la thĂ©matique et le mood de l’EP. C’est aussi une chanson produite par The Hop, et on a quand mĂŞme produit 3  chansons ensemble sur cet EP. C’est la première que j’ai livrĂ©e au public, ça faisait 3 ans que je n’avais rien sorti… C’est une chanson que j’aime Ă©normĂ©ment.

 

La chanson la plus kiffante à chanter en live ?

Ben… Encore « Moussa » ! Haha la grosse promo sur « Moussa », mais j’aime beaucoup chanter toutes les autres aussi !. Ce n’est pas une chanson que je pourrai chanter dans n’importe quel contexte : c’est un guitare-voix, c’est une chanson intime oĂą je me mets Ă  nu… Parce qu’elle est vocalement difficile.

 

Ecoutons Longo MaĂŻ, et gardons une oreille attentive au travail d’EnchantĂ©e Julia.

 

 

Visited 96 times, 1 visit(s) today