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đŸŽ€ Interview : EnchantĂ©e Julia sort l’EP Longo MaĂŻ, bijou nĂ©o soul Ă  la française

Charisme indé­ni­able, voix droite et nĂ©o-soul car­rĂ©e, en français dans le texte : Enchan­tĂ©e Julia se fait une place sur la nou­velle scĂšne française et sort dĂ©jĂ  son deux­iĂšme EP inti­t­ulĂ© Lon­go MaĂŻ. Un nom intri­g­ant qui sent bon la Provence, pour un Ă©crin de 7 titres savam­ment orchestrĂ©s entre soul et chan­son française, oĂč on retrou­ve notam­ment Ter­renoire et Ben­jamin Epps. Il n’en fal­lait pas plus Ă  Tsu­gi pour l’avoir en inter­view, Ă  l’oc­ca­sion de la sor­tie de ce bril­lant EP

 

 

C’est quoi tes influ­ences en ter­mes d’artistes ? Tu as des role mod­els dans la musique ?

Evidem­ment y’en a plein ! Mes plus grandes influ­ences, c’est Erykah Badu et Claude Nougaro. Alors ça n’a rien Ă  voir, mais finale­ment ça se rejoint. Ils m’ont don­nĂ© le dĂ©clic quand j’étais plus jeune. L’envie de chanter, d’écrire des chan­sons en français aus­si. Et puis y’en a plein dans plein de styles dif­fĂ©rents : jazz, soul, rap, chan­son française
 Sal­vador et Gains­bourg m’ont influ­encĂ©e trĂšs fort.

Et j’ai Ă©coutĂ© du rap trĂšs jeune, parce que j’ai une grande sƓur qui m’a ini­tiĂ©e au rap, dĂšs mes 8 ans. PlutĂŽt US, car elle allait bcp aux Etats-Unis, fai­sait des Ă©changes avec des familles et elle reve­nait avec plein de cas­settes et de CDs. A l’époque, elle me rame­nait les Fugees et Nas, Tupac, Noto­ri­ous BIG
 J’ai Ă©nor­mé­ment Ă©coutĂ© Big­gie, parce qu’il avait cette volon­tĂ© de sam­pler du funk et de la soul
 et ca me par­lait beau­coup. Avec des refrains mĂ©lodieux, entĂȘ­tants. Mais j’avais envie de com­pren­dre les textes ! Donc je me suis intĂ©ressĂ© Ă  l’anglais trĂšs jeune, j’avais 19 ou 20/20 en anglais grĂące Ă  la musique, mĂȘme si pour tout le reste
 j’étais nulle.

 

Pourquoi chanter en français alors, pourquoi cette volon­tĂ© mar­quĂ©e chez toi ? Tu as ten­tĂ© de faire du 100% anglais? 

Je pense que c’est impor­tant de le faire en français et c’est plus intĂ©res­sant –selon moi bien sĂ»r-. Au dĂ©but je ne chan­tais qu’en anglais, je repre­nais les chan­sons, je mimais mĂȘme. Quand j’ai eu envie d’en Ă©crire, j’ai voulu que ce soit en français. C’est venu avec le temps.

 

Tu n’as jamais eu d’ap­prĂ©hen­sion Ă  Ă©crire en français pour une musique soul?

Ah mais ça ne son­nait pas du tout au dĂ©but ! J’avais 15–16 ans et je n’avais pas encore trou­vĂ© les bons place­ments etc. Trou­ver le bon groove avec cette musique, avec de la poĂ©sie, du fond et de la forme, c’est pas Ă©vi­dent et il faut du temps. MAIS, grĂące Ă  des gens comme Nougaro ou Sal­vador, ça m’a don­nĂ© cette envie de groover en français.

 

Tout serait dans la dic­tion, le placement ?

Exacte­ment, la dic­tion, les place­ments et les appuis n’ont rien Ă  voir ! Main­tenant, c’est com­plĂšte­ment naturel pour moi de chanter en français, c’est devenu un rĂ©flexe. Et pour crĂ©er-composer, le français c’est naturel.

Enchantée Julia

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On sent beau­coup d’influences chez toi, qu’est-ce qu’on Ă©coutait Ă  la mai­son ? (À part le rap lĂ©guĂ© par ta soeur)

Alors beau­coup de clas­sique dĂ©jĂ , parce que mon pĂšre est prĂ©si­dent d’un fes­ti­val de musique baroque depuis 30 ans. Donc du clas­sique, de jazz
 J’étais fan de Dinah Wash­ing­ton, Ella Fitzger­ald, Melody Gar­dot. Mais j’écoutais aus­si Mis­sy Elliott, Aaliyah, Jill Scott, Ă©videm­ment D’Angelo
 Et aus­si des musiques napoli­taines, parce que ma mĂšre est Sicili­enne. Et en chan­son française, surtout Math­ieu Chedid.

 

Lon­go MaĂŻ, le titre de ton EP, j’ai cru com­pren­dre que c’était une for­mule du Sud pour dire “longue vie” ou “ça dure longtemps” etc. Tu as l’air de dire que c’est un mantra pour toi au quotidien ?

Oui, c’est une expres­sion qui me ras­sure. Je trou­ve ça beau “Lon­go Maï” mĂȘme Ă  l’oreille c’est joli, intri­g­ant, mys­tĂ©rieux
 Je trou­vais intĂ©res­sant de bal­ancer ça, et que les gens cherchent. C’est une rĂ©fĂ©rence Ă  mes orig­ines provençales, c’était aus­si une mai­son qui s’appelait ‘Lon­go Maï’ pas loin de chez moi
 Ça englobe plein de choses : c’est un mantra, une priĂšre, comme un vƓu, ce qu’on peut souhaiter de mieux aux gens. C’est ce qu’on souhaitait dans les mariages, les anniver­saires : “Lon­go MaĂŻ !”. C’était mon mood ces derniĂšres annĂ©es, la for­mule rĂ©sume bien. C’est ras­sur­ant, posi­tif, ça colle Ă  la musique que je fais.

 

L’EP racon­te quoi ? L’envie gĂ©nĂ©rale, la thĂ©matique ?

C’est l’amour, claire­ment. Il par­le surtout d’une per­son­ne en par­ti­c­uli­er, la per­son­ne avec qui je suis. C’est un EP que je lui dĂ©die, je l’aurais jamais fait sans lui, sans son sou­tien. C’est mon inspi­ra­tion pre­miĂšre. J’ai fait bien plus de chan­sons que ça pour l’EP, mais j’en ai gardĂ© sept. Il y a aus­si des choses qui par­lent de choses plus per­son­nelles, intimes, qui con­cer­nent aus­si l’amour mais plus pro­fondes sur des blessures, des rela­tions passĂ©es
 “SOS” par exem­ple. Ou “Ques­tions”, c’est plus intro­spec­tif. Mais ça va aus­si avec “Lon­go Maï” : arrĂȘter de se pren­dre la tĂȘte, de se pos­er trop de questions.
Y’a le morceau “Lon­go Maï” avec Ben­jamin Epps. TrĂšs heureuse d’avoir partagĂ© cette chan­son et ce texte avec lui, parce que lui aus­si s’est retrou­vĂ© dans ce mood. Il a vĂ©cu des choses dif­fi­ciles, et je pense que ça lui a par­lĂ©. Vrai­ment trĂšs heureuse d’avoir partagĂ© ce texte avec lui.

 

Tu par­lais de Ben­jamin Epps : tu as enchaĂźnĂ© les col­labs avec des noms clin­quants, par exem­ple Luid­ji au dĂ©but, lĂ  Ben­jamin Epps, Ter­renoire
 C’est parce que tu conçois la musique que comme un truc de groupe-collaboratif, ou t’aimes aus­si avoir tes morceaux 100% Ă  toi, 100% Enchan­tĂ©e Julia ?

Vrai­ment, les deux ! Partager la musique c’est naturel. Que ce soit avec les pro­duc­teurs, les musi­ciens, par exem­ple Oscar Emsch est venu faire des bass­es et gui­tares, Hag­ni de L’ImpĂ©ratrice qui a fait des vio­lons
 Sur l’EP il y a beau­coup de pro­duc­teurs dif­fĂ©rents, cer­tains m’ont mĂȘme dit “Ah bon, tout ça ?”. Ter­renoire c’est des frĂšres, ça fait 12 ans qu’on se con­nait, on avait dĂ©jĂ  col­laborĂ© sur mon ancien EP
 C’était Ă©vi­dent qu’on ferait un truc ensem­ble un jour.

J’ai ren­con­trĂ© The Hop et Cray­on grĂące Ă  Gary de Walk in Paris. J’ai eu un gros coup de cƓur avec eux, ça a matchĂ© et puis de fil en aigu­ille, on s’est mis Ă  com­pos­er des chan­sons. Ça m’a vrai­ment aidĂ©e Ă  cette pĂ©riode-lĂ , ils ont Ă©tĂ© dis­pos pour moi et crĂ©at­ifs. C’est vrai que ça manque un peu de femmes lĂ  j’avoue haha. Main­tenant j’aimerais bien col­la­bor­er avec des femmes lĂ , c’est bon !

 

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Juste­ment, on te voit pas mal sor­tir avec des artistes femmes
 Ehla, ReĂżn, etc. Elles font par­tie des gens avec qui tu veux collaborer ?

Oh ben oui com­plĂšte­ment. J’adore ce qu’elles font, on a pour pro­jec­tion de faire un morceau, Ă©videm­ment ! Mais pas seule­ment elles, j’ai d’autres artistes avec qui j’aimerais col­la­bor­er aus­si. Mais j’adore ce qu’elles font.

 

S’il te restait un seul album Ă  Ă©couter jusqu’à la fin des temps ?
Mama’s Gun d’Erykah Badu : c’est un album qui est intem­porel,  un album qui a changĂ© ma vie. Parce que je peux encore l’écouter chaque jour. Je suis sĂ»re que encore dans 10 ans, 20, 30, 40 ans, je l’écouterai encore et jusqu’à la fin de ma vie.

 

Un ou une artiste nĂ©o soul Ă  Ă©couter jusqu’à la fin des temps ?

Erykah Badu, tou­jours ! Ou D’Angelo. Pour moi de toute façon, c’est la mĂšre et le pĂšre.

 

Si tu avais Ă  choisir une seule per­son­ne pour faire un duo rĂȘvĂ© ? 

Alors c’est trĂšs dif­fi­cile hein, mais Kendrick Lamar ! L’album m’a
 tran­scendĂ©e. Incroyable.

 

Si tu pou­vais garder un seul Ă©lé­ment de ton out­fit, qui ne te quit­terait jamais ?

Enchantée Julia

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De mon corps alors, mes cheveux !

 

Une seule chan­son de ton EP ?

“Mous­sa”

 

La chan­son qui dĂ©finit le mieux l’EP ?

“Mous­sa”

 

Celle avec la meilleure prod ?

Wow c’est dur ça ! Pour les pro­duc­teurs c’est pas trĂšs sym­pa (rires). Moi j’adore toutes les prods de mon EP
 Tout l’EP. Plein de pro­duc­teurs dif­fĂ©rents et une chan­son comme “Touch­er toi” avec Ter­renoire c’est trĂšs chan­son française, elle est dif­fĂ©rente d’un morceau comme “Venus” trĂšs trĂšs neo-soul, presque r’n’b
 Donc non je saurais pas dire, c’est trop dur.

 

Celle que t’as pris le plus de plaisir Ă  Ă©crire et composer ?

Je vais rester sur “Mous­sa” parce que pour moi, c’est la chan­son qui a dĂ©clenchĂ© la suite, la thé­ma­tique et le mood de l’EP. C’est aus­si une chan­son pro­duite par The Hop, et on a quand mĂȘme pro­duit 3  chan­sons ensem­ble sur cet EP. C’est la pre­miĂšre que j’ai livrĂ©e au pub­lic, ça fai­sait 3 ans que je n’avais rien sor­ti
 C’est une chan­son que j’aime Ă©normĂ©ment.

 

La chan­son la plus kif­fante Ă  chanter en live ?

Ben
 Encore “Mous­sa” ! Haha la grosse pro­mo sur “Mous­sa”, mais j’aime beau­coup chanter toutes les autres aus­si !. Ce n’est pas une chan­son que je pour­rai chanter dans n’importe quel con­texte : c’est un guitare-voix, c’est une chan­son intime oĂč je me mets Ă  nu
 Parce qu’elle est vocale­ment difficile.

 

Ecou­tons Lon­go MaĂŻ, et gar­dons une oreille atten­tive au tra­vail d’En­chan­tĂ©e Julia.

 

 

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