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Crédit photo : Valentin Fabre
19 juillet 2019

Interview : House of Moda fait ses adieux à la nuit queer parisienne

par Claire Grazini

House of Moda, c’est 8 ans de soirées parisiennes extravagantes chaque mois. Reno et Crame, les deux fondateurs, préparent leur dernière à La Java ce samedi 20 juillet. Reno a endossé le rôle de porte-parole du duo pour répondre à nos questions.

Si vous deviez expliquer le concept de vos soirées à un·e novice, qu’est-ce que vous diriez ?

House of Moda, c’est la fête avant tout, c’est l’excentricité. C’est mettre en avant des looks, des personnages, des créatures. C’est aussi la libération, ça permet de se sentir vraiment soi-même ou de créer un personnage que t’as envie d’incarner, c’est la musique c’est les amis, c’est la famille.

Comment est-ce que l’histoire de House of Moda a commencé ?

Ca a commencé en 2011. On a eu l’opportunité avec Crame d’organiser une soirée au petit Social à l’époque. On a eu cette idée là parce que l’ambiance était un peu moribonde dans la nuit parisienne, il ne se passait pas grand chose dans la nuit queer LGBT. Avec d’autres amis, on faisait des fringues, c’était important pour nous. Donc on a décidé de créer une soirée qui mêle notre goût pour le clubbing et pour le look, les déguisements, et ça a donné House of Moda.

Pourquoi vos soirées sont si spéciales ?

On a senti quelque chose venir, et on a été le déclencheur de quelque chose dans la nuit queer en accueillant des performances, des drag queens et des gens déguisés, ce qu’on ne voyait plus trop dans les soirées lambda. C’était un vent de fraicheur sur la nuit et dans le milieu, ça a fait du bien à beaucoup de monde. On a accueilli des gens qui se sont sentis en sécurité dans nos soirées et qui avaient besoin de ça pour s’exprimer parce qu’ils ne le trouvaient pas ailleurs.

Les soirées queer se sont multipliées ces dernières années, est-ce que c’est difficile d’exister maintenant ?

Depuis deux ans, c’est difficile dans le sens où en effet, il y a beaucoup de choix. Beaucoup de gens se sont mis dans ce créneau de soirées queer. Ils ne font pas forcément la même chose que nous. Le choix a fait qu’on a peut-être été un peu oubliés par la génération qui est arrivée après et ne nous connaissait pas. Je crois qu’on a donné naissance à une génération de gens qui, eux aussi, ont voulu, de leur propre chef, faire des choses dans ce sens là et l’ont adapté à leurs goûts. On a peut être pas assez suivi le mouvement, il y a probablement eu un petit décrochement d’une partie du public parce qu’il a évolué.

Pourquoi l’expérience House of Moda se termine ?

Une des raisons, c’est ce désintérêt du public. On a peut-être aussi fait des mauvais choix. On avait envie d’arrêter parce qu’on est arrivé au bout de quelque chose. Puis on a des projets à côté avec Arnaud (Crame). C’est quand même un vrai taff d’organiser des soirées tous les mois et on est pas un collectif, on est que deux donc c’est un peu plus difficile. Puis d’un commun accord, on s’est dit qu’il fallait partir avec panache.

Pourquoi organiser votre dernière à La Java ?

La Java c’est un lieu important pour nous. Avant la House of Moda, on a vécu de belles soirées là-bas. Crame a débarqué avec sa soirée Mort aux jeunes à la Java avant nous, il  y avait aussi Flash Cocotte avant nous. Il y a eu pas mal de soirées queer qui ont commencé à La Java. Puis c’est un lieu qui nous tient à coeur parce qu’il autorise beaucoup de choses. C’est un club atypique et bien placé. On l’aime beaucoup et on a eu des regrets de le quitter à un moment donné. Donc on s’est dit qu’il fallait marquer le coup en organisant la dernière à La Java.

A quoi est-ce que le public doit s’attendre pour cette dernière de la House of Moda ?

On a invité un groupe de drags qui s’appelle Le Dépotoir qui va donc faire une performance hommage aux précédentes éditions. Il n’y a pas de DJ guest cette fois-ci, c’est pour notre gueule ! Et nous et nous et nous ! On va mixer toute la nuit avec Crame. Ca va être triste, enfin il va y avoir plein d’émotions. Je pense qu’on va revoir beaucoup de gens qui ne sont pas venus depuis des mois ou des années. On ressent des émotions même dans les posts qu’on voit sur Facebook. Pas mal de gens nous remercient d’avoir été là, d’avoir résisté. C’est cool de voir ça !

Une anecdote marquante à raconter sur une de vos soirées ?

Oula, c’est compliqué on en a fait pas mal des soirées. Je vais réfléchir… Bon c’est pas forcément drôle, mais je me rappelle d’une soirée il y a deux ans. Il était 4h du matin, l’ambiance battait son plein et puis pendant un mix d’un de nos guests, il y a l’alarme incendie qui s’est déclenchée. Les gens comprenaient pas ce qui se passait, moi non plus. On était dans une sorte d’entre deux, il y a des personnes qui sortaient, d’autres qui restaient danser. C’était hyper chelou. Puis ça a repris tranquillement au bout de quinze minutes. Sinon à La Java, comme c’est un club permissif, il y a une certaine ambiance. Tu pouvais voir des gens nus parfois, des personnes qui s’étalent sur le DJ booth, les drag-queens qui dansent. C’est toute une folie générale qui va nous manquer.

Est-ce que vous avez d’autres projets en tête ?

Avec Crame, on a un travail à côté qui nous occupe pas mal donc c’est un peu compliqué. Pour le moment, je ne sais pas encore ce que l’avenir nous réserve.

L’esprit House of Moda en 3 mots ?

En trois mots, je dirais excentrique, libéré et familial.

La diva par excellence, c’est qui selon vous ?

Finalement on a pas de modèle défini. Après, la diva suprême ça pourrait être une combinaison de personnages, chanteuses et actrices comme Grace Jones, Divine et Dolly Parton. C’est un bon combo.

Retrouvez toutes les informations de la dernière soirée House of Moda sur l’événement Facebook.

Arno et Crame, organisateurs de House of Moda

Crédit photo : Marie Rouge // Arno et Crame, les organisateurs des soirées House of Moda.

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