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© Jacob Khrist
9 mai 2023

đŸŽ™ïž Interview : Millsart alias Jeff Mills, producteur aux milles saveurs

par Marion Sammarcelli

Jeff Mills, lĂ©gende de la techno qu’on ne prĂ©sente mĂȘme plus, est encore sur tous les fronts. Entre sa troisiĂšme interprĂ©tation de la bande-originale du film Metropolis de Fritz Lang, un nouveau vinyle Inner Eye sous l’alias Millsart -Ă  venir sur son label Axis Records– et une soirĂ©e Ă  ne pas manquer Ă  KilomĂštre25 le 13 mai… il n’est pas prĂšs de s’arrĂȘter. Et heureusement. On a pu discuter avec lui de ses diffĂ©rents projets, mais aussi de son rapport Ă  son double, Millsart, et de sa vision de la techno aujourd’hui. 

 

Récemment, tu imaginais une troisiÚme interprétation de la BO de Metropolis, réalisé par Fritz Lang : Metropolis Metropolis, que tu as jouée live à la Bourse de Commerce à Paris. Quelles sont les différences entre cette troisiÚme version et les deux autres ? Pourquoi as-tu choisi de prendre une nouvelle perspective ? 

En 2017, le studio berlinois UFA m’a chargĂ© de crĂ©er une nouvelle bande originale pour la version la plus longue du film (Ă  ce jour). C’Ă©tait Ă  l’occasion de leur projection nocturne en plein air annuelle « UFA Film Nights », dans le centre de Berlin. J’ai acceptĂ© le dĂ©fi et j’ai crĂ©Ă© une version pour l’Ă©vĂ©nement de 2018.

Mais plusieurs mois aprĂšs, nous avons tous Ă©tĂ© frappĂ©s par la pandĂ©mie de COVID-19 et comme beaucoup de gens, j’ai regardĂ© comment le monde rĂ©agissait Ă  la situation. C’est au cours de ces premiers mois de confinement que je me suis remis sur la bande sonore de Metropolis. Je l’ai modifiĂ©e afin de rĂ©pondre au type d’Ă©motions et de sentiments dont j’Ă©tais tĂ©moin dans la vie de tous les jours. J’ai terminĂ© cette nouvelle version au dĂ©but de 2022, et je l’ai prĂ©parĂ©e pour une sortie douze mois plus tard.

 

À lire Ă©galement sur Tsugi.fr : Jeff Mills recrĂ©e la bande originale de ‘Metropolis’, film dystopique de 1927

 

 

Pour quelles raisons les musiciens, et en particulier les producteurs de musiques Ă©lectroniques (comme Kraftwerk ou toi-mĂȘme) ont une obsession avec ce film qui a quasiment cent ans ? 

Je crois que c’est Ă  cause de l’importance et de la pertinence du message global. Bien sĂ»r, c’est aussi le chef-d’Ɠuvre de Fritz Lang et de toutes les personnes qui l’ont rendu possible, mais je pense que le film perdure dans le temps car malheureusement, nous vivons toujours dans un monde oĂč les diffĂ©rences sociales et Ă©conomiques existent toujours. Metropolis en Ă©tait un rappel en 1927 comme c’est le cas aujourd’hui, mais j’espĂšre que cela ne le sera pas demain.

ConsidÚres-tu encore la techno comme musique du futur ? 

En tant que forme d’art, oui. Le genre continue de se dĂ©velopper car il n’y a pas de frontiĂšres ou de barriĂšres reconnaissables, qui bloqueraient son processus crĂ©atif. Il n’est pas dĂ©tenu ou contrĂŽlĂ© par une seule entitĂ©. C’est l’une des rares formes d’art oĂč tout est possible – qui n’est limitĂ©e que par l’imagination.

En tant qu’industrie et mĂ©canisme Ă©conomique, non. Malheureusement, avec toutes les connaissances accumulĂ©es, la technologie et les ressources que nous avons, le genre techno semble ĂȘtre bloquĂ© sur la « rĂ©pĂ©tition ». Ainsi, des aspects tels que l’innovation, les nouvelles approches de la façon dont nous Ă©coutons, achetons de la musique et de nombreux autres sujets -qui aideraient normalement au dĂ©veloppement d’une forme d’art- semblent avoir Ă©tĂ© ignorĂ©s, mis en sourdine. 

Selon toi, pour quelles raisons ce genre de musique s’accorde aussi bien avec les films de science-fiction ? 

Je pense que cela s’accorde parce qu’une certaine partie de la musique Ă©lectronique est basĂ©e sur une histoire, un concept. Cela signifie que des producteurs comme moi crĂ©ent de la musique s’appuyant sur des idĂ©es particuliĂšres, liĂ©es Ă  la fiction et Ă  la fantaisie, une vision ou un rĂȘve.

En 2020, pourquoi as-tu choisi de travailler de nouveau sous l’alias Millsart, 17 ans aprĂšs ? 

Eh bien, parce que dans mon esprit et dans mon schĂ©ma, certaines conversations crĂ©atives ne sont jamais vraiment terminĂ©es, juste interrompues pour se concentrer sur d’autres questions urgentes. Au cours de ces 17 annĂ©es, je n’ai jamais cessĂ© de crĂ©er ce type de morceaux, je ne les ai tout simplement pas sortis. 

Qu’est-ce qui rend Millsart diffĂ©rent de Jeff Mills ? 

Les productions de Millsart sont celles qui reflĂštent davantage mes sentiments intĂ©rieurs, que ce que les auditeurs veulent entendre. Donc, il n’y a absolument aucun compromis dans ces pistes. Et Ă  ce degrĂ©, il y a un peu un aspect « Blues » ou « Folk » dans le concept. Ce sont des sentiments intĂ©rieurs qui se dĂ©versent dans le son.

Tu vas dĂ©voiler Inner Eye en tant que Millsart le 12 mai 2023, dans le cadre de l’Axis Expressionist Series. Peux-tu dĂ©crire ce projet en quelques mots ? Qu’as-tu voulu retranscrire ? 

Inner Eye fait rĂ©fĂ©rence Ă  la vue depuis l’Ăąme d’une personne. Quand « ce que vous voyez n’est pas exactement ce que vous ressentez ». Puis, rĂ©pondre Ă  cette diffĂ©rence peut ĂȘtre une lutte sans fin et intemporelle.

Pourquoi as-tu choisi de sortir en premier « Inner Eye », « Voodoo You Doo » et « Nocturnal Moves » (originalement publiés en version digitals dans Every Dogs Has Its Day vol.9 et vol.12) pour ton Axis Expressionist Series ? 

Je les ai sélectionnés comme premiÚre version sur vinyle car, par-dessus tout, ce sont quelques-unes des meilleures représentations du concept. Celles qui dessinent les schémas de ce qui est à venir, musicalement. 

Tu vas jouer Ă  KilomĂštre25, le 13 mai 2023, en compagnie de deux artistes français, Koboyo et Hemissi. Qu’as-tu prĂ©vu pour ce show ?

Je ne sais pas. Je ne peux pas planifier un DJ-set aussi longtemps Ă  l’avance, mais j’ai hĂąte de les voir et de jouer avec eux. Tous les deux sont des musiciens et des producteurs talentueux ! 

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