© Marion Sammarcelli

Live report : Brutalismus 3000, la violence aux deux gueules d’anges

par Tsugi

À l’occasion de la sor­tie de son nou­v­el album ULTRAKUNST, le duo berli­nois Bru­tal­is­mus 3000 nous a don­né un live à La Cigale dont on se rap­pellera longtemps entre gab­ber, tech­no, rave, esprit punk et ondes pleines d’amour. Mais surtout, ça donne quoi une musique de club au cœur d’une salle de théâtre à Paris ? Tsu­gi vous emmène.

 

Arti­cle rédigé par Mar­i­on Sam­mar­cel­li et Vicky Pozzobon 

 

22h15. La salle de La Cigale brûle. Lit­térale­ment. Au son du tant-attendu “No Sex With Cops”, morceau qui a propul­sé Bru­tal­is­mus 3000 au rang d’icônes berli­nois­es d’une nou­velle généra­tion mor­due de tech­no hard puis énervée, les corps ornés de cuir, den­telles, pierc­ings et maquil­lages mirobolants s’échauffent. Cette salle mythique de la fin du XIXème prend des airs de club, investie par une foule libérée : à moitié nue ‑parfois‑, parée de lunettes de vitesse ‑souvent-. Le mode opéra­toire ? Pen­dant que Vic­to­ria, pen­due à son micro, s’égosille aus­si bien en alle­mand qu’en anglais et en slo­vaque, Théo prend le con­trôle des platines puis n’hésite pas à envoy­er kicks gab­ber, ryth­miques trance, rave chords puis tracks oscil­lant entre 150 et 180 bpm. Un joyeux mélange hard­core que Bru­tal­is­mus 3000 qual­i­fie de post-techno. Les deux n’ont pas per­du de temps pour pren­dre pos­ses­sion du lieu, et comme tou­jours, la sauce prend.

 

© Mar­i­on Sammarcelli

 

Punk is not dead 

Bru­tal­is’ ‑pour les intimes- pos­sède un ‘on-ne-sait-quoi’ de punk, entre la voix sat­urée de Vic­to­ria et sa présence scénique. Il n’y a qu’elle pour aller boire des shots de vod­ka avec ses fans du pre­mier rang, tout en con­tin­u­ant à chanter. De quoi faire s’évanouir les mem­bres de la sécu’. Et comme dirait l’autre : “On a le pub­lic qu’on mérite”. Alors à leur image, les fans de Bru­tal­is­mus 3000 ont quelque chose de révo­lu­tion­naire. Avant que ce con­cert d’anthologie débute, il n’a pas fal­lu les prier pour qu’ils lan­cent toutes sortes de chants venus de man­i­fes­ta­tions entre “Tout le monde déteste la police”, “Siamo tut­ti antifascisti” et autres “Macron démis­sion”. Autant vous dire qu’elles et ils ont adoré hurler “Dont’ fuck with cops”. Un exutoire.

 

© Mar­i­on Sammarcelli

 

Communauté soudée

Devant une Cigale pleine à cra­quer, bal­con et fos­se com­pris, tout le réper­toire y passe. De leur nou­v­el album ULTRAKUNST, à leurs titres devenus des clas­siques comme “Pen­ta­gramm”, “3ISBÄR”, “Roman­ti­ka” ou encore “Diskoté­ka Avant­garde”. On ne pen­sait pas que le pub­lic français par­lait aus­si bien alle­mand (et slo­vaque). Et pour­tant, en chœur avec Vic­to­ria, toutes et tous scan­dent les paroles avec un naturel ravageur. Parce qu’en effet, Bru­tal­is­mus 3000, c’est une affaire de fans. On se sou­vien­dra longtemps des cris de cer­tains lorsque Vic­to­ria leur a fait l’honneur de sign­er leurs lunettes et on se rap­pellera encore plus de cette dernière con­tin­u­ant son live, sty­lo à la main. 

Mais s’il y a bien une chose que l’on n’oubliera pas, c’est qu’au-delà de leur musique brute, brûlante et déchi­rante, Bru­tal­is­mus 3000 ont beau­coup d’amour à trans­met­tre. Que ce soit entre eux, com­pagnons de vie comme de scène, ou à leur pub­lic entre câlins et petits cœurs avec les doigts. Un univers aus­si puis­sant que sen­si­ble, comme quoi, la vio­lence peut avoir deux gueules d’anges.

 

© Vicky Pozzobon

 

Meilleur moment : La petite danse pleine de mignon­ner­ie que le duo nous a offert

Pire moment : La chaleur (in)humaine

 

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