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28 juin 2023

Interview : Terres du Son, le festival de musique le plus vert de France ?

par Vicky Pozzobon

Terres du Son se tiendra du 7 au 9 juillet dans le domaine de Candé à Monts. On a discuté avec Julien Macou, qui s’occupe des plans d’actions sociaux et environnementaux du festival, pour parler de leurs engagements RSO. Découvrez comment ce festival a réussi à se développer tout en respectant les enjeux climatiques.

L’été et les festivals vont de paire. C’est comme ça. Avec les chaleurs qui montent, passer un festival entre copains pose tout de même des questions. Entre l’installation, le déplacements du public, des artistes et les déchets qui s’accumulent. Comment est-il possible de faire la fête, tout en respectant l’environnement. C’est le défis que s’est donné Terres du Son depuis 17 ans. L’organisation du festival prend en compte les engagements RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) comme un élément fondamental du festival. Pour en comprendre les mécanismes, nous avons rencontré Julien Macou, qui co-construit des plans d’action RSO au cœur de l’organisation du festival Terres du Son.

 

Est-il plus difficile d’être rentable avec un festival éthique et responsable ? 

« Ça fait 18 ans qu’on existe et ça fait 17 ans qu’on est engagés dans la démarche. On l’a directement intégrée dans notre processus. On ne réinvente plus rien désormais. Notre cahier des charges prend en compte l’enjeu climatique quand on monte le festival. C’est certainement plus difficile pour les festivals qui existent déjà et qui s’y mettent aujourd’hui. Nous, on a fait le choix préalable d’avoir un poste de salariés dédié à ça. Et ce, depuis plus de dix ans. Concernant les initiatives concrètes, les gobelets réutilisables existent depuis 2007 à Terres et du Son ; les toilettes sèches depuis 2005. Ça fait partie prenante complète de l’organisation, de l’ADN du festival. On pilote aussi des groupes de travail de la région Centre. On a une coalition dans le cadre de la COP 21 et on met en place une conférence collaboratrice pour les cultures de la région et les réflexions autour de la transition écologique. 

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Vous avez mis en place de nombreuses solutions de transport faibles en émissions carbone. Vos artistes aussi utilisent des modes de mobilités ‘doux’ ? 

Tant qu’on peut le proposer, oui. Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’artistes qui viennent d’eux-mêmes en train. Cette mobilité est de plus en plus mise en place. Pour le moment on se concentre davantage sur les déplacements du public parce que 70% de notre apport de carbone vient de là. Pas des artistes. On essaye tout de même de sensibiliser les artistes et de promouvoir le train, plutôt que l’avion. Mais honnêtement, on n’a pas suffisamment de poids pour leur imposer une telle décision. Si les artistes n’ont pas d’autres choix que de prendre l’avion, on y regardera deux fois, mais on ne peut leur interdire non plus. 

 

Avez-vous des solutions pour résoudre les problèmes suite aux piétinements du terrain par les festivaliers, stands, structures… ? 

On fait le maximum sur place en lien avec le gestionnaire du domaine (le département). Dans un premier temps, il faut savoir qu’il est très peu exploité par l’Homme. Alors oui, il est fortement impacté par notre présence, c’est vrai qu’il ne faut pas le nier. Pour le reste de l’année, c’est un champ qui vit, qui n’est pas utilisé. Entre le montage et le démontage, on est présent sur le site pendant quinze jours. On ne le surexploite pas, on laisse suffisamment de temps à la faune et la flore pour qu’elles puissent se rétablir. 

Terres du son

© DR

 

 

Quelles initiatives ont eu un changement radical sur votre emprunte carbone ? 

Ça a été le passage de quasiment toutes les lumières en LED. Ça a été un point très important, comme la mise en place de panneaux solaires. Le deuxième est sans doute les travaux sur le site pour se raccorder avec les lignes à hautes tensions : ce qui nous a permis de baisser drastiquement le nombre de groupes électrogènes. C’est les deux actions qui ont le plus d’impact aujourd’hui. Évidemment, le fait d’avoir un site entièrement équipé en toilettes sèches permet de réduire de façon significative notre consommation d’eau. Mais l’essentiel c’est que toutes nos actions ont un but durable. Par exemple, on en retrouve des toilettes sèches dans des chantiers BTP, sur les évènements provisoires. Et tout ça a été instauré au sein des festivals. Ça montre à quel point ces événements peuvent être un lieu de passion et d’initiative collective.

 

 

Arrivez-vous à motiver les festivaliers à s’impliquer dans la préservation de l’environnement ?

Pour pallier ça, on a mis en place une gamification des écogestes. Ça s’appelle le « Golden DD ». Pour faire simple, les festivaliers qui agissent en faveur de la préservation du site, gagnent une monnaie qui permet quant-à elle de gagner un pass vie pour Terres du Son. L’idée, c’est qu’on récompense les gens qui viennent en vélo, trie leurs déchets… En tout, il y a une petite dizaine d’actions à faire. Cette sensibilisation n’a pas uniquement lieu sur les trois jours de festival. On commence à communiquer des mois avant, et on continue deux mois après.

Aujourd’hui, on ressent ce sentiment d’anxiété, on se dit : « il faut le faire sinon on va aller tout droit dans le mur”. C’est aussi l’idée de se dire : “il est possible de faire passer des messages préventifs dans un cadre de fête ». On a la chance d’avoir des festivaliers qui nous mettent au défi et nous poussent dans nos retranchements. C’est pourquoi on n’a pas le choix de leur proposer de nouvelles initiatives. C’est comme ça qu’on avance ensemble. Par exemple, on vient de lancer une nouvelle étude sur l’impact de nos actions de sensibilisation sur les changements de comportement à titre individuel. Pour nous, c’est un sujet ultra important. En collaboration avec un cabinet de psycho socialisme, on se donne trois ans pour savoir si les actions que nous mettons en place dans le cadre du festival accompagnent ou non cette transition.

 

Terres du Son

 

 

Terres du Son

 

Selon vous, comment peut-on rendre les festivals plus accessibles ?

La première entrée, c’est l’accessibilité physique : les dispositifs mis en place pour que les personnes puissent accéder et voir facilement les concerts… Que ce soit à l’aide de plaques au sol, des plateformes surélevées, des comptoirs EMR baissés… On a aussi mis en place une ligne téléphonique dédiée pour que les festivaliers puissent spécifier en amont leurs besoins. Et pour que nous puissions nous adapter à eux et leur donner une réponse le plus rapidement possible. La deuxième étape, c’est qu’on travaille à l’année avec plus d’une quinzaine de structures médico-sociales, IME, ITEM, ETAB… Autour de la scénographie. Et la nouveauté cette année, c’est qu’on va proposer au public de pouvoir expérimenter « qu’est-ce que c’est qu’être un festivalier en situation de handicap ». La structure derrière ce projet s’appelle “Com une différence”, localisée à Lyon. Ils proposent aux spectateurs de pouvoir tirer au sort un handicap : six au total, pour réaliser certaines missions en se mettant à la place des personnes dans cette situation. Ça s’appelle “han-situation”. C’est un projet qui a pour objectif de mieux apprendre à “vivre ensemble”

 

 

L’application SAFER a-t-elle eu un réel impact dans les signalements durant le festival ?

Ce n’est que la deuxième année qu’on l’utilise. Je pense qu’il faut laisser du temps pour que les personnes s’en emparent. Petit à petit, ça va devenir un réflexe. L’intérêt premier de cette application, c’est qu’elle touche et concerne tout le monde. Victime comme témoin. Pour l’instant, ce n’est que le début. Ce n’est pas encore assez impactant pour parler de chiffre, il faut que ça s’installe sur le long terme. Mais c’est déjà un bon début. Question organisation, c’est animé par une équipe où au minimum un membre formé sera présent sur le secteur. Peu importe où le signalement a lieu (camping, backstage, concernant les bénévoles, les artistes, le public) une équipe est préparée pour intervenir. On a toujours tendance à penser que ça n’arrive qu’aux festivaliers, mais ce n’est pas le cas ! Il est important qu’on puisse rayonner dans toutes les strates de l’organisation. »

 

 

Retrouvez toutes les infos sur Terres du Son sur le site du festival !

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