© Maxime Imbert

Interview : “Un yin et un yang”, la parfaite synergie du duo Quasi Qui

On a décou­vert les frères et sœurs de Qua­si Qui avec Down­load­ing A New Oper­at­ing Sys­tem, leur pre­mier album sorti en novem­bre dernier sur le label parisien micro­qli­ma. Le duo nous y dévoilait son explo­ration dimen­sion­nelle par­mi ses mélodies pop, mag­né­tiques et cos­miques. Ren­con­tre avec Zadi et Yehan. 

À moins d’une semaine de leur pre­mier head­line show à La Boule Noire, Zadi la sœur, et Yehan le frère, se sont racon­tés à tra­vers leur musique et leur har­monie frater­nelle. Le duo nous a accordé quelques instants au milieu de leurs répé­tions, pour leur récent pas­sage dans la cham­bre noire de Radio Nova où il nous a par­lé de des­tinée parisi­enne, de fusion créa­tive et de Michael Jackson.

 

Pourquoi vous appelez-vous Qua­si Qui ?

Yehan : Le nom vient des thèmes de l’al­bum. Down­load­ing A New Oper­at­ing Sys­tem par­le du passé, du présent et du futur et passe par les rêves et par le temps réel. Entre ces dimen­sions, “Qua­si” c’est comme avoir un pied dans un monde et le sec­ond dans l’autre. Le groupe représente cette sorte d’e­space inter­mé­di­aire, avec l’op­tion de voy­ager con­fort­able­ment entre les deux et d’ex­plor­er dif­férentes routes.

 

En par­lant de temps, dans le clip de “City Mashups” qui vient de sor­tir, vous nous emmenez dans le passé, au début des nineties. Qu’avez-vous essayé de nous mon­tr­er dans cette vidéo ? 

Yehan : L’idée de la vidéo est d’être une sorte de série TV qui n’ex­iste pas. Con­stru­ire un décor à par­tir de rien c’é­tait vrai­ment amu­sant, et un bon moyen d’ajouter des choix styl­isés que nous voulions explorer.

Zadi : C’est une fusion de toutes sortes de sen­ti­ments et de visuels. C’est bizarre, drôle et juste aléa­toire. Il faut le voir.

 

Zadi, avant de rejoin­dre ton frère dans Qua­si Qui, tu fai­sais de la musique pour toi-même, pas pro­fes­sion­nelle­ment, con­traire­ment à ton frère qui était déjà dans le méti­er. Com­ment Yehan t’a-t-il amenée dans le monde de la musique “pro­fes­sion­nelle” ?

Zadi : On a tou­jours col­laboré ensem­ble, sans que ça soit fait pro­fes­sion­nelle­ment, mais ça a tou­jours été le cas. Pour m’a­muser, je l’as­sis­tais dans ses pro­jets solos, par­fois en chan­tant. Et puis quand on est arrivé au point où ça pou­vait être fait pro­fes­sion­nelle­ment, tout s’est fait naturelle­ment. J’ai telle­ment appris de Yehan, et j’en apprends encore beau­coup chaque jour, parce qu’il a telle­ment plus d’ex­péri­ence. Il a huit ans de plus que moi et il a tra­ver­sé telle­ment de choses dans l’in­dus­trie de la musique ! Alors j’en profite.

 

Yehan, qu’est-ce que Zadi apporte à Qua­si Qui que tu n’as pas ?

Yehan : C’est exacte­ment ce que j’ai décou­vert quand nous avons com­mencé à tra­vailler ensem­ble : toutes les choses que je ne peux pas faire moi-même. C’est comme un chaînon man­quant, un yin et un yang : exacte­ment ce qu’est le groupe vocale­ment. Je pense qu’au fur et à mesure qu’on se développe, on vit la dynamique tous les deux, on s’a­muse davan­tage sur scène et on devient plus légers, plus enjoués. Par­fois c’est évidem­ment plus stim­u­lant, plus chal­leng­ing, mais nous apprenons l’un de l’autre et avec les erreurs que nous faisons.

Zadi : Tout se résume à un équili­bre. C’est ce qu’on s’ap­porte mutuellement.

 

Quelle est votre chan­son préférée de Down­load­ing A New Oper­at­ing Sys­tem

Yehan : Pour moi, ça change tout le temps. Des fois tu te dis “je résonne vrai­ment pour celle-là en ce moment”. Mais main­tenant que l’al­bum entier est sor­ti, en live j’ap­pré­cie beau­coup “Final Descent”. C’est cer­taine­ment le morceau que les gens écoutent le moins, parce qu’il est à la fin de l’album. Mais pour ceux qui écoutent la total­ité de l’al­bum, ils vont arriv­er à la fin et vont prob­a­ble­ment l’ex­péri­menter. Ce titre est cool à jouer, comme un beau point culminant.

Zadi : Je suis d’accord. “Final Descent” est prob­a­ble­ment l’un de mes morceaux préférés, parce que c’est comme si ça final­i­sait le tout. Et à chaque fois qu’on le joue, c’est comme l’achève­ment, la sat­is­fac­tion de tout l’al­bum. Comme si je l’in­car­nais et le ressen­tais. C’est juste irréel. 

 

Qu’est-ce qui vous inspire dans votre vie quo­ti­di­enne, pour créer votre musique ?

Yehan : Nous ne faisons pas de la musique tout le temps. Donc plus on a de paus­es pour faire quelque chose, plus l’én­ergie et l’ex­ci­ta­tion jail­lis­sent dès qu’on s’y remet. C’est l’ac­cu­mu­la­tion de tout ce qui se passe dans notre vie. Et surtout le fait que nous avons tra­ver­sé beau­coup de choses dif­fi­ciles per­son­nelle­ment, ou au sein du groupe. Ces émo­tions devront faire leur chemin dans la musique d’une manière ou d’une autre. Comme n’im­porte quoi dans la créa­tiv­ité.… C’est si spé­cial, non ? Je trou­ve ça impor­tant de doc­u­menter ces choses, de les laiss­er vivre dans une œuvre d’art ou même dans un jour­nal intime, c’est là que vont les émo­tions et l’énergie.

Zadi : Nous devons encore décou­vrir tout ce que Yehan et moi pou­vons faire fusion­ner ensem­ble, dans la pro­duc­tion et l’écri­t­ure. Nous avons créé 18 autres morceaux l’été dernier. On a passé un mois en Nor­mandie à créer et à voir ce qui allait sor­tir. C’é­tait telle­ment beau de voir à quel point c’é­tait dif­férent du pre­mier album; et à quel point nous avons plus d’én­er­gies à fusion­ner pour créer quelque chose de com­plète­ment dif­férent. Nous avons tant à exprimer et à trans­met­tre. J’ai hâte de créer plus.

 

Qu’est-ce que ça vous apporte, de tra­vailler en famille ?

Zadi : Il y a beau­coup de hauts et de bas, telle­ment d’a­van­tages et d’in­con­vénients. Mais c’est juste que nous décou­vrons telle­ment de choses l’un sur l’autre. 

Yehan : Il est assez dif­fi­cile de divis­er le tra­vail et la famille. Le défi que nous avons est d’équilibrer beau­coup de choses dif­férentes. Par­fois, c’est très com­pliqué de sépar­er la façon dont vous com­mu­niquez per­son­nelle­ment, de la façon dont vous com­mu­niquez pro­fes­sion­nelle­ment. C’est un appren­tis­sage con­stant pour nous deux.

Zadi : C’est sépar­er deux par­ties d’elles-mêmes, ce qui est impos­si­ble. Mais nous essayons.

 

Pourquoi avez-vous choisi de vivre à Paris plutôt qu’ailleurs ?

Yehan : Paris était une sorte d’heureuse… Pas une erreur, mais une sorte de fatal­ité. Il n’a jamais été ques­tion de faire de la musique ici. Mais c’é­tait le des­tin, nous avons ren­con­tré des gens ici. C’est quelque chose qui est très impor­tant pour nous : les gens avec qui nous tra­vail­lons sont comme une vraie famille. Ceux que l’on con­naît ici sont les meilleures per­son­nes qu’on ait jamais croisées. Et je pense que je ne pour­rais pas l’imag­in­er autrement. C’est vrai­ment une bénédiction.

 

Si vous deviez écouter un seul album le reste de votre vie, lequel choisiriez-vous ?

Yehan : Oh mon Dieu. Je ne sais pas.

Zadi : Je déteste cette ques­tion. (rires)

Yehan : Peut-être un album de musique clas­sique, juste pour ne pas être trop ennuyé par les chan­sons. Je pense que si tu veux écouter les mêmes morceaux encore et encore, tu vas finir par vrai­ment ne plus les aimer du tout. La musique clas­sique a un effet dif­férent sur le cerveau, le corps et l’e­sprit. Donc peut-être une grande com­pi­la­tion de Mozart.

Zadi : C’est vrai­ment dif­fi­cile de décider, mais je vais choisir Michael Jack­son et son album Off The Wall.

 

Votre con­cert à La Boule Noire le 14 févri­er prochain sera le pre­mier où vous êtes en tête d’af­fiche, sans être la pre­mière par­tie de quelqu’un, vous êtes dans quel mood ?

Yehan : Nous sommes juste extrême­ment excités et prêts à nous éclater. On a hâte de voir tout le monde.

 

Si vous voulez assis­ter au con­cert de Qua­si Qui à la Boule Noire, la bil­let­terie c’est par là.

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