Jacques et Agoria collaborent sur un nouvel EP, et c’est une redécouverte captivante

En 2017, Jacques se fai­sait vol­er tout son matériel de scène et annonçait faire une pause. Plus de con­certs, plus de pro­jets solo. Décol­lage immi­nent pour le Maroc, sans retour prévu. L’oc­ca­sion de dévor­er pas mal de bouquins sur le développe­ment per­son­nel, mais surtout, de repenser sa car­rière. “Après la sor­tie de mon EP Tout est mag­nifique en 2015, je me suis lais­sé embar­quer dans une tournée de con­certs et après quelques dates j’ai eu le sen­ti­ment que ce serait impos­si­ble pour moi de rejouer tout le temps la même musique, tout seul devant les gens, j’avais l’im­pres­sion d’être un poke­mon qui répète son nom tout le temps, lance tout le temps les mêmes attaques”, racon­te le pro­duc­teur. Vient alors l’idée de se lancer dans un live plus auda­cieux, avec pour objec­tif de créer des nou­veaux morceaux pen­dant chaque con­cert. C’est ain­si qu’est né le bien nom­mé Sous Inspi, un album live hors du com­mun. De Bor­deaux à Istan­bul en pas­sant par Guangzhou en Chine, l’oeu­vre mon­u­men­tale — 125 morceaux ! — sort en 2018 sur le label parisien Pain Sur­pris­es. Une manière de réin­ven­ter le live de musique élec­tron­ique entre impro­vi­sa­tion et enregistrement.

Tout au long de ce proces­sus, Jacques envoie des morceaux à Ago­ria, qui l’in­vite à jouer lors de plusieurs soirées, et suit le jeune pro­duc­teur avec atten­tion. Finale­ment, il en choisira deux, qu’ils retra­vailleront en stu­dio. “Le ser­pent charmeur d’hu­main” et “Là Haut” sont les heureux élus, par­mi plus d’une cen­taine de titres plus ou moins bor­déliques. Le pre­mier est un trip ori­en­tal d’un peu plus de cinq min­utes, joué à Genève en 2016, tan­dis que le sec­ond est plus planant et “con­ven­tion­nel”. Com­mence alors un tra­vail dan­tesque de net­toy­age et de pro­duc­tion pour don­ner nais­sance à “Vis­it” et “Jardin”, deux nou­veaux morceaux qui n’ont presque plus rien à voir avec leurs orig­in­aux. Plus pro­pres et fine­ment retra­vail­lés. Un fin mélange entre la sci­ence de la tech­no et la maîtrise des tex­tures d’Ago­ria et la folle impro­vi­sa­tion de Jacques, per­me­t­tant de redé­cou­vrir l’én­ergie du pro­duc­teur à la ton­sure sous un nou­veau jour : “Quand on ré-enregistre, des nou­velles idées arrivent, et c’est finale­ment comme ça que les morceaux ont pris leur forme défini­tive. C’é­tait une super expéri­ence d’es­pi­onnage indus­trielle dans laque­lle j’ai encore une fois appris qu’il n’y avait pas de recette secrète dans la pro­duc­tion de musique.” Après des col­lab­o­ra­tions avec Salut C’est Cool, Super­poze ou encore Ouai Stéphane, c’est à se deman­der si Jacques ne rêverait pas secrète­ment de pro­duire au sein d’un groupe. Une seule ques­tion demeure : avec qui ce sera, la prochaine fois ?

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