La “Bérite Club Music” : le nouveau courant musical porté par Teki Latex

Inven­ter un genre musi­cal, ou du moins don­ner un nom à un courant émer­gent empreint de grime : voilà l’idée der­rière Bérite Club Music, une mix­tape con­coc­tée par Teki Latex. Une heure et vingt min­utes pour touch­er du doigt une nou­velle mou­vance venue de Paris, de (feu) les stu­dios d’Over­drive Infin­i­ty pour être tout à fait pré­cise. Mais c’est encore Teki him­self qui explique le mieux l’idée der­rière ce man­i­feste sonore :

Ces dernières années alors que j’animais mon show de Web TV heb­do­madaire con­sacré aux DJs Over­drive Infin­i­ty, j’ai remar­qué qu’un groupe de jeunes DJs et pro­duc­teurs parisiens se for­mait autour de l’émission. Ces kids se con­nais­saient vague­ment d’internet et se don­naient rendez-vous qua­si­ment chaque semaine au stu­dio ou Over­drive était tourné. Ils étaient tous fans de Grime, de Club Music améri­caine, de Ball­room, de Kuduro, on va dire de club music glob­ale, tout comme moi. Ils représen­taient une nou­velle généra­tion de pro­duc­teurs under­ground français, mais ils étaient en train de réalis­er que si elle emprun­tait bril­lam­ment à dif­férentes scènes de plusieurs pays, leur musique ne son­nait pas spé­ci­fique­ment française. En me liant d’amitié avec eux et au gré des dis­cus­sions, nous nous avons eu l’idée de réfléchir ce que pour­rait don­ner une iden­tité « club music » qui collerait à la réal­ité musi­cale de la France aujourd’hui, une iden­tité qui serait dif­férente, ne serait-ce que légère­ment, des styles locaux des autres pays. Une iden­tité qui exis­terait aux con­flu­ences de plusieurs styles de musique élec­tron­ique qui ont touché le pub­lic français. Après un cer­tain nom­bre de ren­con­tres online et offline, pen­dant des ses­sions ayant lieu au même stu­dio où se déroulait Over­drive Infin­i­ty, un embry­on de nou­veau style a com­mencé à éclore.

Un jour, sans prévenir une explo­sion a eu lieu à la suite d’une fuite de gaz dans l’immeuble voisin du stu­dio, ren­dant celui ci inutil­is­able et plus tard forçant l’entreprise gérant le lieu, à savoir Dai­ly­mo­tion, d’interrompre défini­tive­ment tous les pro­jets rat­tachés au stu­dio, y com­pris Over­drive Infin­i­ty. Nous n’avions plus d’endroit où nous réu­nir régulière­ment mais c’était trop tard pour empêch­er de faire ger­mer l’idée d’un nou­veau son français, et cette idée allait devenir de plus en plus con­crète au fil des soirées passées ensem­ble dans les clubs de Paris. Vers fin 2016 les pre­miers morceaux de Bérite Club Music (bap­tisée ain­si en hom­mage à la Rue de Bérite où se trou­vait le défunt stu­dio) firent leur appari­tion dans cer­tains DJ sets, témoignant de la nais­sance d’un mouvement.

Sur cette mix­tape j’ai rassem­blé plusieurs de ces morceaux fon­da­teurs de la Bérite Club Music en les mélangeant avec des morceaux influ­ences qui furent évo­qués durant nos réu­nions, his­toire de faire ressor­tir une sorte de man­i­feste sous forme de col­lage sonore, met­tant en valeur ce que la Bérite Club Music devrait, ou en tout cas pour­rait être. C’est un point de départ pour qu’une nou­velle généra­tion de pro­duc­teurs appro­fondisse ce style afin de le ren­dre plus tangible.

Bérite Club Music (la mix­tape) con­tient un mélange de morceaux orig­in­aux, de remix­es et d’ed­its sou­vent inédits de l’écurie parisi­enne Para­doxe Club ‑mas­sive­ment représen­tée par De Gran­di, Sunare­ht et Le Dom, ain­si que des morceaux de Syl­vere (Trax Cou­ture, Sans Absence), Fréquences Fortes (un alias de Basile de Gang Fatale), Club Kel­ly (Crazylegs), Detente, Mar­tel Fer­dan et d’autres, tous faisant par­tie de cette nou­velle scène for­mée autour des stu­dios de la rue de Bérite. Mais la tape donne un back­ground à ces nou­veaux morceaux avant-gardistes en con­tenant égale­ment des morceaux-influences et des clas­siques: la présence du par­rain du Coupé-Décalé Molaré, des héros du Logo­bi Zaza Twins et du créa­teur de l’Afrotrap MHD entre autres souligne le fait que c’est la musique de l’immigration Africaine en France qui est la base évi­dente de l’identité ryth­mique de la Bérite Club Music. Ajoutez à cela des sou­venirs de l’obsession éter­nelle de la French Touch pour les sam­ples, cette fois-ci traitée à tra­vers le prisme d’une généra­tion élevée au Rap français et aux découpages du Grime, de la Jer­sey et de la B‑more, et le son Bérite com­mence à pren­dre forme. Ce style s’inscrit tout naturelle­ment dans la chronolo­gie Club française au même titre que le African­ism de DJ Gre­go­ry ou les travaux de Thomas Ban­gal­ter sur Roulé des années aupar­a­vant, et en regar­dant moins loin dans le temps on peut même y voir une con­tin­u­a­tion des pre­miers travaux de French Fries et Bam­bounou dédiés à don­ner un point de vue français à la UK Funky à la fin des années 2000. Pour créer quelque chose de nou­veau il sem­ble impor­tant de d’abord com­pren­dre et val­oris­er les con­nec­tions entre les styles du passé et c’est ce que j’ai essayé de faire avec ce projet”.

Alors on prend une grosse heure, et on découvre :

Track­list :

Molaré — Boucan
De Gran­di — 94120 Groove
MHD x OK Lou — Cham­pi­ons League Defeat (Detente Blend)
Aero Manye­lo — Yoh
DJ Gre­go­ry & African­ism — Block Party
Syl­vere — Emer­gency Call
Maddslinky — Com­pu­phon­ic (Le Dom edit)
DJ Gre­go­ry, Sid­ney Sam­son & Dama S — Dama S Salon (Dub)
Bam­bounou — Dogon
De Gran­di — BYE
L‑Vis1990 — Bal­lad 4D (Syl­vere edit)
Sunare­ht — Hyul 10
De Gran­di — Cloud
Detente — Gen­er­a­tion Assas­sin (refix)
Franko — Coller la petite
DJ Shoe — Poing
Le Dom — ???
ZaZa TWiNS — CouPer DCaler-OCTOBER 2008
French Fries — Sen­ta (Bam­bounou remix)
Things With Wings — Yoru­ba Lesson
Sunare­ht — Main Sequence
Fréquences Fortes — Toi je sais pas si j’te bérite
Super­fi­cie — Cerol
Images — Les Démons De Minu­it (Le Dom refix)
Gradur — Oblah ft. MHD & Nyda (Reti­na Set edit)
Zini — Sirenzz
Feadz & Douster — DJ Quik’s Hair
Le Dom — Stamina
Mod­jo — Lady (Fre­quences Fortes raw chops and loops edit)
De Gran­di — Sharp
Clubkel­ly — UDDS
DJJ — hard rum track
Mar­tel Fer­dan — Luz
De Gran­di — Plans (le Dom edit)
The Phan­tom — Goth­ic (De Gran­di edit)
De Gran­di — Sapristi !
Maahlox Le Vibeur — Tuer pour Tuer
Sunare­ht & Syl­vere — Vervain
Inkke — Pioneer
Thomas Ban­gal­ter — What To Do
Le Dom — Bay­ern (Le Dom & De Gran­di refix)

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