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Roni / ©Léa Signe
31 mars 2021

🔊 La talentueuse DJ Roni lance son label inspirĂ© de la culture rave des 90s

par Antoine Barsacq

Roni, DJ française rĂ©sidente chez Rinse France, lance Nehza Records, un label tournĂ© vers la culture rave 90’s et l’Ă©cologie. Et quand on connaĂźt dĂ©jĂ  le travail de Roni, on sait que c’est une bonne nouvelle. Pour l’inaugurer, c’est le producteur français Neida qui signe un EP de cinq titres house teintĂ©s de breakbeat.

nehza

On la connaĂźt surtout pour ses DJ sets bass, jungle et breakbeat chez Rinse France, oĂč elle accueille aussi rĂ©guliĂšrement des DJs des quatre coins de la planĂšte. Roni lance maintenant son Nehza Records, un label dĂ©diĂ© Ă  l’Ă©cologie et Ă  la culture rave des 90’s. Le nom, lui, est tirĂ© d’un dessin animĂ© chinois des 70’s qu’elle regardait en boucle Ă©tant petite, Le prince Nehza triomphe du roi dragon de Wang Schuchen, l’histoire d’un prince qui renverse l’ordre social pour apporter justice et paix sur la terre. On pourra s’attendre du label Ă  de la musique rĂ©solument club aux accents UK – une scĂšne Ă  laquelle la DJ parisienne est particuliĂšrement attachĂ©e – d’artistes issus du monde entier : « Pas de frontiĂšre chez Nehza Records ».

 

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Le premier disque du label est un EP intitulĂ© Slowing du français Neida aux 300 copies vinyles limitĂ©es, Ă©galement disponible en numĂ©rique sur Bandcamp. Le producteur bordelais signe ici cinq titres house aux influences breakbeat, rave et acid, alternant rythmes 4×4 rentre-dedans et 2-step breakĂ©. Proche de Roni, c’est le producteur anglais d’electro Assembler Code qui s’est chargĂ© du mastering. En accord avec les principes Ă©cologiques du label et de sa fondatrice, le vinyle a Ă©tĂ© produit par Deep Grooves pour une fabrication la moins polluante possible. Elle nous raconte son histoire.

« J’ai envie qu’on puisse se lĂącher. »

Roni / ©Léa Signe

DĂ©jĂ , bravo ! Monter son label c’est toujours une belle aventure. Ça remonte Ă  quand cette envie ?

Quand j’avais 17 ans, j’allais au Pulp le jeudi soir. J’y ai dĂ©couvert la famille Kill The Dj et je pense que ça a Ă©tĂ© mon premier contact avec un label de musique Ă©lectronique. J’ai commencĂ© Ă  digger, je passais des nuits entiĂšres sur Internet Ă  pirater des morceaux sur eMule ou autre et Ă  chatter sur MSN. AprĂšs ces nuits blanches, je prenais parfois un train pour Londres toute seule le matin, juste comme ça, par curiositĂ©, pour me changer les idĂ©es, et revenais le soir inspirĂ©e et la tĂȘte pleine de rĂȘves. Je crois que j’ai toujours eu envie de monter mon label en fait, mais pour moi, c’était quelque chose d’irrĂ©aliste, un truc de professionnels ; j’avais peur de ne pas ĂȘtre Ă  la hauteur façon syndrome de l’imposteur
 Toutes ces raisons m’ont empĂȘchĂ© pendant des annĂ©es de me lancer. Mais ma rĂ©sidence sur Rinse France a changĂ© la donne, on m’a donnĂ© une voix pour m’exprimer et toute l’équipe m’a beaucoup soutenue, ce qui m’a aidĂ© Ă  gagner confiance en moi.

« J’ai perdu ma grand-mĂšre et j’ai dĂ©cidĂ© de ne plus rien remettre Ă  demain. »

Quelle musique comptes-tu défendre avec ? Quelle sera sa particularité, ses artistes ?

De par mon Ă©ducation musicale, je suis trĂšs influencĂ©e par l’Angleterre depuis toujours. Disons que j’ai envie de retrouver cette inspiration dans tous les projets que je compte porter. De la dance music, c’est sĂ»r, je suis quelqu’un qui adore danser, qui adore les clubs, je ne me vois pas porter une autre musique que celle-ci, c’est indĂ©niable. Mais je n’aime pas non plus m’enfermer dans des styles. Chaque release va ĂȘtre diffĂ©rente, bien que tout s’inspire des mouvements musicaux des raves des annĂ©es 90. C’est une pĂ©riode durant laquelle on dĂ©couvrait beaucoup de nouveaux genres, et qui a soutenu un mouvement de libĂ©ration des esprits. C’est tellement inspirant et musicalement tellement fun. J’ai envie qu’on puisse se lĂącher.

Artwork de la premiĂšre release du label, par Neida

En plus de vouloir mettre davantage de femmes en avant, j’ai aussi envie, Ă  travers la direction artistique, de marquer notre lien Ă  la nature et tout ce qu’elle a d’incroyable et de magique. J’essaye Ă©galement de faire trĂšs attention au processus de fabrication pour qu’il soit le moins polluant possible. Ce n’est pas facile mais je pense que c’est absolument indispensable puisque les responsables politiques sont beaucoup trop lents et ne prennent pas les responsabilitĂ©s qui sont les leurs. Mais on peut commencer par agir soi-mĂȘme, donc sur chaque disque, il y aura en plus une petite phrase autour de ces questions et du rĂŽle que nous pouvons jouer.

 

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Parle-nous de ce premier artiste signĂ©…

J’avais envie de dĂ©marrer avec un artiste peu connu, de venir apporter quelque chose de nouveau sur l’horizon Ă©lectronique. Je suis tombĂ©e sur un EP que Neida a sorti sur Le Ciel Records, et j’ai tout de suite senti les inspirations anglaises. Je l’ai contactĂ© alors que je ne le connaissais pas, pour lui demander s’il avait des morceaux qui n’étaient pas signĂ©s. Il n’en avait pas mais m’a proposĂ© de composer et de m’envoyer le rĂ©sultat. J’ai tout de suite accrochĂ©, sa musique m’a touchĂ©e et encore plus quand je l’ai Ă©coutĂ© sur le sound system de la Machine du Moulin Rouge…

C’est la situation sanitaire qui t’a permis de te lancer ?

Elle ne m’a pas vraiment aidĂ©e et m’a plutĂŽt affaiblie financiĂšrement – comme beaucoup d’artistes –, mais le fait d’ĂȘtre dĂ©possĂ©dĂ©e de cette maniĂšre m’a sĂ»rement poussĂ©e Ă  le faire coĂ»te que coĂ»te. Mais en mars dernier, j’ai perdu ma grand-mĂšre, elle Ă©tait quelqu’un de trĂšs important dans ma vie et j’ai dĂ©cidĂ© de ne plus rien remettre Ă  demain. Elle m’a appris l’audace et le courage de porter mes ambitions. L’heure Ă©tait venue de lui faire honneur.

À quoi peut-on s’attendre pour la suite avec ce label ?

La prochaine sortie est prĂ©vue pour juin avec un artiste russe qui va explorer une facette plus electro de Nehza Records. J’ai plusieurs maxis en cours de finalisation avec des artistes anglais, Ă©gyptiens, et je compte bien explorer d’autres territoires. Il y a aussi une compilation digitale en prĂ©paration, c’est un format que je trouve trĂšs intĂ©ressant, beaucoup plus libre et dans lequel j’aimerais me lĂącher un peu plus. Il va se passer de belles choses en 2021, j’ai hĂąte de pouvoir tout dĂ©voiler ! On fait un takeover sur Rinse France samedi 10 avril de 14h Ă  18h, un rendez-vous Ă  ne pas manquer.

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