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© Jonathan Velasquez
7 février 2022

💿 L’album oubliĂ© : The Detroit Escalator Company — Soundtrack [313]

par BenoĂźt Carretier

Pendant longtemps, il fallait remuer une partie de l’internet pour (re)trouver ce petit bijou de Detroit signĂ© The Detroit Escalator Company, Soundtrack [313]. Heureusement le label suisse Musique pour la danse a eu la bonne idĂ©e de le rĂ©Ă©diter.

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La musique électronique peut parfois toucher au sublime. Un disque semble sortir de nulle part, et impressionne tellement par la beauté de ses mélodies et l’intelligence de ses structures qu’il devient instantanément un classique. Sorti en 1996 chez les Anglais de Ferox, Soundtrack [313] de The Detroit Escalator Company est de ceux-là, classique, mais oublié. Jusqu’à aujourd’hui, où le label suisse Musique pour la danse s’est mis en tête de ramener du passé ce joyau de Detroit, consciencieusement remastérisé et enrichi de titres supplémentaires. Mais pourquoi Soundtrack [313] (et son successeur Black Buildings sorti en 2001), avec sa techno dépouillée à l’extrême, ses ambiances quasi ambient et ses rythmiques délicates, est aujourd’hui encore considéré comme l’un des plus beaux disques électroniques qui nous soit parvenu de la Motor City, surpassant même certaines Ɠuvres des incontournables May, Atkins, Saunderson ou Craig ?

 

« Avec sa techno dépouillée à l’extrême, ses ambiances quasi ambient et ses rythmiques délicates, est aujourd’hui encore considéré comme l’un des plus beaux disques électroniques qui nous soit parvenu de la Motor City »

 

The Detroit Escalator Company

Cela tient d’abord à la personnalité de l’homme derrière The Detroit Escalator Company, Neil Ollivierra, homme de l’ombre de la scène techno depuis ses débuts. Dès 1988, il organise des soirées au Music Institute, le mythique club de Detroit créé par Alton Miller et Chez Damier, où résonnent les premiers DJ-sets techno. Il finira par se rapprocher de Derrick May et devenir le label manager de son label Transmat, travaillant pendant quatre ans à en faire l’un des meilleurs ambassadeurs du genre. Soundtrack [313] est ensuite, comme son nom l’indique, la bande-son du Detroit des années 1990, une période, selon les mots de Neil Ollivierra, radicalement différente. Les loyers étaient abordables et il existait peu de distractions, la configuration idéale pour toute une génération de créatifs afro-américains, écrivains, musiciens, designers, etc. qui sortaient de leur tanière pour se rencontrer… et danser. C’est en croisant leur route qu’Ollivierra mettra pour la première fois les pieds au Music Insitute et se retrouvera catapulté dans un univers qu’il ne connaissait pas. Dédicacé à tous ceux qui l’ont guidé vers une nouvelle vie, ce premier album impressionnant est d’une sensibilité incroyable et d’une beauté sans cesse renouvelée. Chaque titre semble plus profond, plus intime et touchant que le précédent (le sommet étant atteint sur « The Inverted Man (Falling) »), et parfois les rythmes s’emballent gracieusement (« Shifting Gears »). Un mystère demeure néanmoins : comment The Detroit Escalator Company, après deux albums d’une élégance folle et une poignée d’EPs, a-t-il pu cesser subitement toute production discographique en 2006 et disparaître des radars ?

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