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30 novembre 2021

đź’ż L’album oubliĂ© : Under The Blue Marlin de Naked Prey

par Patrice BARDOT

En 1986, le groupe amĂ©ricain Naked Prey sort Under The Blue Marlin. Un album un peu oubliĂ© qui mĂ©ritait largement qu’on s’y (rĂ©)intĂ©resse. 

Chronique issue du Tsugi 145 : les grandes énigmes de la musique, disponible en kiosque et en ligne.

La poussée électronique et hip-hop a été tellement forte à partir de la seconde moitié des eighties que l’on peut facilement en déduire que le rock avait déjà déserté la party. Sauf que cette rubrique – les oreilles grandes ouvertes dans toutes les directions – démontre souvent le contraire. Comme avec nos héros de série Z du mois. Tandis que dans le Midwest américain , Juan Atkins et ses petits camarades affûtent leurs machines, et que DJ Pierre triture les potards de sa TB303, plus à l’ouest des gangs de pistoleros turbinent, rageux, sur leurs guitares. Ils se nomment, pour ce qui nous intéresse, Wipers, Dream Syndicate, Green On Red, Giant Sand ou donc Naked Prey. Une scène agitée, la plupart du temps très torturée, qui revitalise le vieux country rock pour le transformer en brûlot punk décapant. Portland et Seattle au nord, Tucson au sud en sont les pôles actifs. C’est dans cette dernière ville de l’Arizona, dont l’énoncé nous plonge immédiatement dans un western des fifties avec ville fantôme, buissons qui volent et cowboys salutairement scalpés par une bande d’Indiens en goguette, que naît en 1982 La Proie nue. Un nom en référence à un film surprenant de 1965 signé par l’acteur et réalisateur Cornel Wilde. Un étrange western (comme on se retrouve) africain, qui dénonce les trafiquants d’esclaves et les amateurs de safari sans scrupule.

 

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Un scénario très tendu, à l’image du rock suintant produit par ce quartet dominé par le duo Van Christian, chanteur démoniaque et guitariste inspiré, et David K. Seger, l’homme des larsens qui déraillent. Le tandem n’est pas novice. Van Christian tape en parallèle sur les fûts des excellents Green On Red et Seger jouait au sein de Giant Sandworms, qui deviendra plus tard Giant Sand, toujours emmené par le charismatique Howe Gelb. Mais la place nous manque pour l’archéologie wikipediesque. Du son. Et il trépigne toutes guitares en avant sur ce deuxième album (les curieux pourront quand même aller jeter une oreille sur leur premier au titre homonyme avec le fameux et glaçant « The Story Never Ends »). Si l’électricité sort à pleins tubes des amplis, le chanteur n’est pas en reste et éructe avec une furia saisissante. Comme sur cette reprise sous speed du pourtant lancinant « Dirt » des Stooges. Mais les originaux ne doivent rien à personne. Le groupe n’hésite pas à faire exploser sa colère sur des titres qui dépassent souvent les cinq minutes. Histoire de mieux développer des ambiances qui montent, montent, jusqu’au cataclysme final. D’ailleurs c’est l’architecture tout entière de ce secouant Under The Blue Marlin qui est construite ainsi. Pour se conclure par le ténébreux et brûlant « What Price For Freedom », sorte de thriller épique où il est question de flingue, de mort et du jour du jugement dernier. Tremblez bonnes gens !

 

Retrouvez plus de chroniques dans le Tsugi 145 : les grandes énigmes de la musique, disponible en kiosque et en ligne.
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