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13 février 2020

L’amour sur le dancefloor : les photos érotiques de Karel Chladek

par Tsugi

Capturer l’entrelacement subtil et passionné au gré de la lumière changeante des clubs, voilà à quoi s’évertue Karel Chladek. Armé de patience et d’observation, le photographe montréalais lui arrive régulièrement de prendre 2 000 clichés par nuit pour n’en garder qu’une trentaine et n’en publier qu’un. Entre les murs des clubs canadiens du Velvet ou de l’Ecole Privée, ou en plein cœur de la scène musicale montréalaise, son appareil photo se fraye un chemin dans l’intimité des couples qui se forment, parfois pour une nuit, parfois plus, frôlant sur certaines prises les limites du voyeurisme et de l’érotisme un peu rétro (ce grain de l’image si délicieux…). Ce qui fait toute la magie de ces clichés ? Les lumières des clubs qui vont subrepticement faire apparaître et disparaître ces scènes à la limite de la passion et la pulsion. Cinématographiques (on penserait presque à certains plans du Blade Runner de Denis Villeneuve), il se dégage également de ces photos de clubbeurs une forte illustration de l’amour universel et du jeu de la séduction, celui qui se joue sur les dancefloors.

Egalement co-producteur de musique électronique sous le nom d’Haffenfold mais aussi sous celui de Karluv Klub, Karel Chladek nous a raconté le travail et la philosophie derrière ses photographies.

Par Marthe Chalard-Malgorn et Sylvain Di Cristo

La plupart de tes clichés sont très cinématographiques, quelle relation entretiens-tu avec le cinéma ?

Ma relation avec le cinéma est liée à la musique. En club, je photographie avec l’impression constante que l’on est dans un film avec une bande-son continue. Mon but est de créer des images cinématographiques à travers de vrais moments, purs et capturés sur le vif.

Avec ces couples qui s’enlacent, tes photos parlent beaucoup d’amour, est-ce que tu cherches à transmettre quelque chose ou est-ce purement esthétique ?

J’ai toujours été attiré par les relations de toutes sortes. Ce qui me passionne c’est de créer, à travers mes photos, une image passionnée à partir de moments simples, qu’ils soient réellement profonds ou non. J’aime jouer avec l’imagination du public, qu’il se pose des questions sur l’histoire derrière un portait. À force, je me suis également aperçu à quel point les gens sont touchés par ce genre clichés intimes dont les sujets sont anonymes…

« Il y a une mince ligne entre passion et pulsion et j’en ai fait mon carré de jeu. »

Certaines vont même plus loin, jusqu’à l’érotisme…

Il y a une mince ligne entre passion et pulsion et j’en ai fait mon carré de jeu. Je me sers des regards, des moments physiques ou d’une combinaison lumineuse pour créer des émotions qui s’apparentent à la passion voire à l’érotisme.

Donc l’amour mais aussi et surtout les dancefloors. L’amour est-il différent sur les dancefloors que dans la vie ?

L’amour peut être tout autant véritable dans un club que dans la vie. Ce qui me plaît le plus dans un club c’est la liberté que les gens y ressentent. Ils ne se privent pas, vivent leurs émotions et succombent à leurs pulsions : quoi de mieux pour la photographie ?

Peut-on parler de voyeurisme, parfois, à travers tes photos qui immortalisent ces moments d’intimités ?

Pour documenter l’intimité, il faut être patient, n’avoir aucune attente et laisser les gens dans leur espace. Mon motif est de créer des moments d’amour et de passion dans des environnements qui génèrent l’impulsivité et l’intensité. Voyeurisme ou pas, la photographie est l’art de l’observation : tout dépend de votre définition du voyeurisme et des intentions derrière l’action…

« Voyeurisme ou pas, la photographie est l’art de l’observation : tout dépend de votre définition du voyeurisme et des intentions derrière l’action… »

Alors, dis-nous tout : quelle est ta technique ? Comment arrives-tu à ce résultat ?

Pour arriver à ça, on a besoin de bien savoir manipuler son équipement, de la patience et de la volonté. Pour l’équipement, un simple boitier SLR/Mirrorless, une lentille à grande ouverture et le tour est joué.

L’Ecole Privée, c’est quoi ce club pour toi ? Tes photos sont quasiment toutes prises là-bas.

L’École Privée est le club où j’ai vraiment pu m’exprimer et créer avec la foule. J’ai su y trouver une combinaison de lumières colorées, de gens de tout style, de tout genre et une liberté d’approche artistique qui sont les éléments idéaux pour moi. Je photographie dans ce club depuis 2015 et je ne cesse d’y trouver de l’inspiration.

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